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Je vois loin avec toi, pas un truc de quelques mois..non, plutôt du long terme crois moi..

Lundi matin, la routine a reprit son court. J'étais dans le tram direction la fac.
J'étais en retard, il était déjà 8h05, et j'étais encore loin d'arriver. J'envoyai un SMS à une fille de ma classe, Leila, histoire qu'elle prévienne la prof.
Mes yeux piquaient à cause du manque de sommeil. Bilal quittait plus ma tête, j'avais eu du mal à m'endormir la veille. J'arrêtais pas de penser à lui, et si au début j'étais persuadée que c'était le mieux à faire, je commençais à douter. Certes, on n'était pas marié mais les deux c'était plutôt sérieux, on se kiffait.. et puis il y avait jamais eu de vrais contacts physiques entre nous, alors c'était pas si grave, non ?
Je me mis un petit coup, chassant ces pensées. Sheytan jouait de moi.
Mais il me manquait. Et je crois qu'au fond j'espérais qu'il revienne me parler, qu'il cherche à comprendre ma réaction mais bon orgueil masculin oblige, il ne l'avait pas fait. Je l'avais toujours pas recroisé et tant mieux, al hamdu lilah. Je crois que je supporterai pas une fois de plus qu'il m'ignore. J'avais peur qu'il rencontre une autre fille en vrai et qu'il m'oublie..si c'était pas déjà fait.
Pff, faut que j arrête de penser à lui, j'ai faillis rater mon arrêt tellement.
J'entrai en cours et m excusai. Cava, elle est plutôt tranquille comme prof, et ne m'a pas cassé la tête plus que ça.
Le soir même, je fis le chemin dans le sens inverse , et au moment où je rentrai dans le tram, j'aperçu le jeune de la dernière fois. Cette fois-ci, il était accompagné d'un autre gars et d'une meuf.
Eux, faisaient plutôt peur.
Je regardai l'heure sur mon tel, il était 17h15, environ la même heure que la dernière fois.
Vingt minutes plus tard on arriva au quartier et tous les trois descendirent aussi. Ils étaient arrêter à l'arrêt. Ma curiosité prit le dessus, et je m'arrêtai aussi prétextant regarder le plan de trajet du tram. J'entendis un bout de leur conversation:

-[?]: Vasy moi je vous attend là, j'ai pas envie de finir à poil dans la cave comme la dernière fois!

Cette phrase me traumatisa, je levai la tête afin de voir qui avait parlé, et c'était le jeune.
Le jeune aux yeux bleus. Cette phrase me brisa le cœur sérieux. J'avais compris ce qu'ils venaient faire ici, ils venaient se fournir. C'était des toxicos..

-[?]: OK, on revient Alex.

Le gars et la fille qui l'accompagnaient venait de partir.
Je le regardai, toujours autant dépitée. Il dû sentir un regard sur lui, puisqu'il leva la tête à son tour. Toujours le même regard: triste et bouleversant.
Je sais pas s'il me reconnut, d'ailleurs je pense pas.
Je marchai pour rentrer chez moi, j'arretais pas de me repasser cette scène en tête.
J'avais l'impression de découvrir un autre monde, un monde plus sombre où la drogue dominait. D'abord Bilal, et maintenant ce jeune.
Je savais que c'était quelque chose de fréquent ici au quartier, comme dans la plupart en France, et même partout ailleurs. Mais jamais ça m'avait touché d'aussi près.
J'avais jamais eu à me préoccuper de voir un père, un grand frère ou même un cousin sombrer dans ça. Mais là, petit à petit je prenais conscience de certaines choses. Ou plutôt de la réalité tout simplement.
Les larmes me montèrent aux yeux.
C'est ce côté là de ma personnalité que je venais à détester par moment, j'étais bien trop sensible.
J'arrivais pas à comprendre qu'est-ce-qui pouvait se passer dans la tête d'un homme pour se décider à vendre la mort à quelqu'un et à côté, qu'est ce qui pouvait en pousser un autre à perdre sa dignité pour cette substance illicite dont l'effet n'était qu'éphémère, et pourtant ses conséquences, elles, bien éternelles.
Bilal avait raison, peut être que j'avais trop lu mes livres, et toutes ses histoires.
La réalité était bien différente de tout ça.

Je marchais toujours direction mon bloc.
J'arrivao devant et y entrai.
Je me dirigeai tout au fond de la cage, vers l'ascenseur et appuya i sur le bouton.
Bien trop ailleurs, je remarquai même pas que les portes s'étaient ouvertes..
Le regard rivé sur le sol, je venais de reconnaître ses baskets; sa fameuse paire de Nike bleu et noire.

-[Lui]: Bouges.

Sa grosse voix me sorti de mon trip, je levai la tête et le simple fait de le voir, et surtout de voir le regard qu'il me lançait suffit à laisser les quelques larmes que je retenais depuis tout à l'heure, s'échapper.

Il me regarda un petit instant, souffla et me bouscula pour pouvoir passer.
Je finis par entrer dans l'ascenseur.
Mes larmes coulaient de plus en plus, il avait même pas chercher à savoir ce que j'avais, il ne s'était même pas retourner.
Et je détestais qu'il m'ai vu dans cet état aussi vulnérable.
J'appuyai sur le bouton "4", et attendis que les portes se ferment.

Evidemment, c'est à ce moment-là, qu'il décida de refaire son apparition.
Il bloqua la porte de l'ascenseur avec son bras et me regarda

-[Lui]: Pourquoi tu chiales?

Je baissai la tête et ne répondait pas.
Il me tira doucement hors de l'ascenseur

-[Lui]: Vas-y, viens on décale.

Il finit par me lâcher le bras, et je le suivis jusqu'à sa petit clio grise. On monta dedans et il démarra.

« Au gré de nos désirs ».Où les histoires vivent. Découvrez maintenant