Chapitre 3

485 32 8
                                    

Une fois posé sur le tarmac, l'avion ralentit de plus en plus jusqu'à atteindre une immobilisation parfaite. Arina regarda par la fenêtre : tout était blanc, absolument tout était recouvert de neige, de quoi faire écho à tous ses souvenirs d'enfance passé sur ce continent. La jeune femme se leva et remarqua que Barnes ne bougeait plus, le coin de la tête délicatement appuyé contre le hublot, le jeune homme s'était endormi probablement bercé par le "vroum" régulier de l'avion. Arina pris un peu de temps pour l'observer sans risquer de se faire remarquer. À cet instant il était impossible de croire que cet homme représentait une quelconque menace. Ses traits normalement tendus et crispés dans une expression permanente de rage intense ou bien de peur (selon l'époque) étaient complètement détendus, ses lèvres formaient un léger, très léger, sourire et ses yeux d'habitude pris dans un mouvement incessant de vas et viens causé par le stress, l'insécurité, la peur et probablement une pointe de folie, étaient parfaitement clos. Pour faire simple, ce n'était pas le même homme. Arina se perdit dans sa contemplation et sursauta lorsque la voix de la vieille dame retentit dans son dos, elle se retourna, le regard hagard.
- Quoi ?! Pardon ?
La vieille dame sourit faiblement avant de se répéter.
- Je disais que c'était une spécialité masculine de s'endormir juste avant l'atterrissage, Henry s'est endormit quelques minutes seulement avant qu'on arrive sur le territoire Russe...

La vielle dame regarda son mari avec tendresse, le regard d'Arina suivit le sien. Elle se serait bien passé de cette image : le vieil homme était assis, la tête en arrière, la bouche grande ouverte, maintenant qu'elle y faisait un minimum attention, elle se demandait comment elle avait pu ne pas l'entendre ronfler, le bruit était si fort qu'il couvrait celui des hurlements de deux enfants en bas âge, deux rangs plus loin. Charmant... se dit la jeune femme en détournant les yeux de cette vue pour retrouver celle de son voisin.

... mais Henry est très difficile au réveil j'aurais presque envie de le laisser sur place, je suis sûre que le vôtre est plus doux au réveil, ça vient avec l'âge...

Arina tiqua "le vôtre" curieusement cela sonnait bien trop bien à ses oreilles, beaucoup mieux qu'elle ne l'aurait voulu. Mais ce sentiment fut vite chassé par un sourire qui s'installa malgré elle sur ses lèvres, le Soldat de l'Hiver plus doux qu'un papy grincheux au réveil ? Ça, ça reste à prouver.

Ty le steward s'approcha des deux femmes pour leur dire qu'il était temps de réveiller leurs hommes et de quitter l'avion, la sortie se faisant par l'arrière de l'appareil. Arina se pencha donc tout doucement au-dessus de Barnes et tenta de le réveiller, inutile de lui parler, si elle l'appelait par son nom de couverture, elle était quasiment sûre qu'il ne répondrait pas (ce qui était parfaitement normal vu qu'il avait reçu son nouveau prénom il y a de cela moins de 24h ) elle s'approcha donc doucement de lui pour le réveiller le plus doucement possible, elle ne put s'empêcher de ressentir de la peur à son approche, après tout, elle ne le connaissait pas et lui ne la connaissait pas non plus. Impossible de savoir comment il allait réagir, il avait retrouvé sa vie qu'il n'y a très peu de temps, elle n'était donc pas à l'abri de se faire attaquer. Elle même qui avait retrouvé une vie normale depuis quelques années déjà était passé par ce genre de traumatisme qui l'avait poussé à attaquer quiconque s'approchait de trop près après un cauchemar... Cela dit, impossible de suivre les conseils de la vielle dame et de l'abandonner sur place en courant. Elle prit donc son courage à deux mains, souffla un bon coup et se jeta dans la gueule du loup.

Elle posa délicatement sa main sur l'épaule du jeune homme, trop délicatement apparemment puisqu'aucune réaction ne se produisit, elle posa alors sa main sur sa joue, repoussant sa mèche brune, elle-même surprise de la douceur de son geste. Le regard de la jeune femme était rivé sur le bras gauche du soldat surveillant le moindre mouvement. D'un coup, le jeune homme ouvrit ses yeux, sa main bien en chaire vient s'enrouler autour de la gorge de la jeune fille, serrant, serrant, serrant. Arina commença à voir des étoiles, ses mains saisirent le bras du jeune homme et tirèrent dessus pour se dégager de son emprise. Dieu merci, Barnes reprit vite possession de ses esprits et lâcha immédiatement prise. Arina suffoquait, essayant de reprendre sa respiration alors que Barnes la fixait de ses grands yeux bleus complètement paniqué à l'idée de ce qu'il venait de faire, il ne savait plus quoi dire, ni faire, ni même penser, il était complètement perdu, comment était est ce arrivé ? Il regarda autour de lui et constata avec un soulagement non dissimulé que personne ne le regardait bizarrement, ni lui, ni elle d'ailleurs. Ce constat lui permit de reprendre le fil de sa pensée et très vite il s'inquiéta pour elle.

Arina's VictoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant