Chapitre 8

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Barnes raccrocha le téléphone furieux et se tourna vers elle.

- A-Alors ? Demanda Arina visiblement anxieuse en claquant toujours des dents à cause du froid.
- Fury tente de calmer les choses mais c'est mal partit...

La jeune fille ne dit rien, se contentant de regarder droit devant elle, totalement silencieuse et toute tremblante. Barnes soupira, il s'approcha d'elle, s'asseyant sur le canapé à côté d'elle dans le salon de l'appartement du SHIELD qu'ils avaient rejoint après la mission en attendant leur extraction.

- Pourquoi tu as fait ça Arina ? Pourquoi tu n'as pas arrêté quand je te l'ai dit ? Maintenant il est mort et ta carrière avec probablement.

Arina se leva d'un bond.

- Mais j-j 'en ai rien à foutre ! répliqua-t-elle agressivement. Je devais le faire ! Je le devais ! Pour tout ce qu'il m'a fait subir à moi et Darya !

Barnes se leva à son tour furieux.

- Arina ! Le SHIELD traquait ce mec depuis des mois pour lui soutirer des informations et toi tu niques tout. Et pour quoi ? pour un souvenir du passé ? Putain tu te fous de moi ?!
- Ah tu peux parler ! Tu n'as pas de souvenir c'est facile pour toi ! Tu te rappelles de rien. Est-ce que tu as la moindre idée de ce qu'il m'a fait ce connard ? AS-TU LA MOINDRE IDÉE ?! Non ! Non, TU ne sais rien Barnes ! Alors ferme là. Arrête de me traiter comme une gamine sans arrêt. Tu juges tout ce que je fais sans jamais tenter de comprendre pourquoi je réagis comme ça ! Tu ne comprends pas que je souffre ? Bordel ! Tu ne comprends pas que j'ai peur ? Qu'à chaque fois que je ferme les yeux la nuit, j'ai peur que ça recommence ? Que tout ça ne soit qu'un rêve et que je me réveille là-bas ? Qu'à chaque fois que je te regarde j'ai peur que ce ne soit qu'une autre session d'entraînement et que tu m'attaques encore ? Tu me fais flipper putain tu comprends ça ? Je veux que ça s'arrête. Je veux plus revivre tout ça. J'en ai marre de souffrir tout le temps, d'avoir peur tout le temps. J'ai peur Barnes. J'ai peur putain ! Et je sais que t'y es pour rien, que toi aussi t'es une de leurs victimes mais pour moi ça ne change rien...

Arina frissonna encore puis essuya les larmes qu'elle sentait couler sur ses joues depuis qu'elle avait commencé à lui hurler dessus. Elle avait la gorge nouée et eût beaucoup de mal à continuer, elle n'arrivait pas à le regarder en face, c'était trop dur.

- Et... et je sais que tu n'es plus le même... et je suis désolée de te dire ça parce que je sais que ça te fait souffrir, je le vois bien... quand tu me souris, quand tu fais tout pour me faire rire... Je vois que tu fais de ton mieux pour m'aider, pour me rassurer et  dans ces moments j'ai plus peur, plus du tout.
Mais... mais quand je ferme les yeux, ce n'est pas ces images là que je vois...
J'ai tellement peur de toi que je refuse de fermer les yeux pour dormir... mais je craque. Je suis fatiguée James tu comprends ? Je n'ai pas fermé l'œil depuis des lustres. Je suis fatiguée, je voudrais juste pouvoir dormir. Mais j'peux pas... parce que t'es là.

Au fur et à mesure que la mission avançait Barnes s'était rendu peu à peu compte du fait qu'il appréciait vraiment la jeune femme. Sa complexité. Sa douceur. Son humour. Sa rage de vaincre... Il comprenait parfaitement ce qu'elle ressentait vis à vis de ces ordures, la peur de fermer les yeux et de voir le cauchemar reprendre. Il avait lui-même peur de se réveiller dans cette cellules, accroché à ce siège, de voir ses souvenirs disparaître à nouveau. Lui aussi avait peur de la nuit. Alors quand elle cria sa peur et son mal être sur lui, il la laissa faire. Il n'avait pas prononcé le moindre mot depuis qu'elle s'était mise à parler. Pas le moindre, se contentant d'accuser le coup et de prendre sur lui. Tout ce qu'elle lui avait dit n'avait pas été sans conséquence. Il avait réussi à encaisser jusqu'à la fin. Mais cette dernière partie était très dure à entendre. Les mots faisaient d'autant plus mal qu'ils étaient vrais. Il savait qu'elle allait mal et il savait qu'il en était la cause. Mais de l'entendre dire en face ? Merde, ça faisait mal. Comme des coups de couteaux en plein cœur. Mais il ne dit rien. Ne laissa rien paraître parce qu'elle avait besoin de lui, besoin de lui dire ça en face et il comprenait. Il comprenait.

Arina's VictoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant