Recueil de textes

Hiver mélancolique

Mes mains dans les poches, le regard lointain, les paupières lourdes et le froid glacial qui engourdissait mes membres, j'errais avec pour seule compagnie le bruit de mes pas et la vaste étendue de mes pensées. Je réfléchissais à toutes sortes de choses. Des phrases se formèrent soudainement dans mon esprit. L'inspiration me venait de chaque détail que je voyais ou entendais, de chaque petite parcelle d'informations que j'assimilais. Je pensai alors au fait que toutes mes actions étaient bloquées par ma peur de ne pas trouver ce que je voulais faire de ma vie, de ne pas trouver de but. J'étais jeune et avais encore toute ma vie devant moi. C'était du moins, ce que l'on ne cessait de me répéter. Mais le temps passe vite. Et si mes rêves ne se réalisaient pas ? Ou pire, et si je n'avais aucun rêve à réaliser ? Je voulais trouver le moyen de me libérer de tout cela, de trouver une issue. J'étais déterminée malgré les difficultés apparentes. Mais j'avais besoin qu'on me pousse à aller plus loin, qu'on m'aide à me diriger dans la bonne direction. Je sentis alors mes pas s'enfoncer dans la neige d'un blanc imposant. J'éclatai d'un rire tonitruant, nerveux, là, toute seule, au milieu de ce paysage si vide de sens en cet instant.

Puis, je distinguai une silhouette, au bout de ce champ de flocons. Il portait un bonnet, des gants, tout pour se protéger contre ce froid enivrant. Il rayonnait de sincérité et de bonté et avait constamment une lueur de malice qui brillait dans les yeux. Un éclat, à la fois de bonheur et de désespoir, émanait de lui. Il avait cette facette joyeuse, presque enfantine, qu'il montrait beaucoup. Son autre facette, plus sombre, plus réaliste, plus mature, était tout aussi belle. Il représentait ce que je recherchais. L'équilibre. Capable d'une aide précieuse et d'un comportement responsable et représentatif de sa grande intelligence lorsqu'il le fallait, mais aussi capable de ses éclats de rire si beaux, si vivants, lorsqu'il voulait faire rire ou apaiser les esprits. Sa présence me rassurait, me réconfortait et me rendait la vie plus facile. Mais il ne le savait pas. Et pourtant c'était lui, lui que je voyais là-bas, comme si je le rencontrais pour la toute première fois. Lui qui chaque jour, faisait quelque chose qui me poussait à l'aimer encore plus. Lui qui, malgré tout ce que je ressentais, ne remarquerait jamais ma présence et ne m'accorderait aucune importance. Lui qui me réchauffait le cœur à chaque regard échangé ou chaque parole prononcée. Lui, qui continuerait à me faire avancer, même sans ressentir quoique ce soit pour moi. Mais il m'avait apporté quelque chose de plus grand encore. L'espoir. Cet espoir que je commençais à perdre, bien que je m'étais juré de ne jamais en arriver là. J'avais donc assez confiance en moi pour accepter mes rêves et tenter de les réaliser. Soudain, un flocon de neige se déposa délicatement sur ma main et me tira de mes pensées. Je relevai la tête et l'aperçus. Il me souriait.