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Ça avait commencé un matin de mai, je crois. J'étudiais pour mon examen de mathématiques en me maudissant d'avoir choisi les cours en ligne proposés par l'université. Ma mère chantonnait dans la cuisine par dessus le bruit du lave-vaisselle ancien de plus de dix ans qui ne pouvait s'empêcher de faire un petit son strident. Je m'étais dirigé vers la cuisine en espérant trouvé de la limonade, mais il n'y en avait plus. Quand ma mère m'aperçut, elle me fit signe de m'asseoir. Elle me regarda dans les yeux et commença:

-On va ouvrir un gîte.

J'avais ouvert grand les yeux. Pourquoi ?

-Quoi?

Ma mère soupira.

-Un gîte c'est un endroit où des touristes peuvent dormir et manger durant quelques...

-Non, maman, je sais ce qu'est un gîte, je me demande juste pourquoi tu veux faire ça. C'est inutile. On a pas besoin d'argent.

Ma mère souriait et semblait tout d'un coup très enthousiaste. Elle frappai un coup dans ses mains.

-Non, on a pas besoin d'argent, mais c'est bien de rencontrer des gens et d'en aider par la même occasion.

Je soupirai.

-Et si on tombe sur un homme violent? Et si on tombe sur..

-Non. Ludovic. Stop. J'ai déjà un contrat. Un jeune fille de ton âge va venir passer quelques temps chez nous.

J'avais grogné et je m'étais enfermé dans ma chambre. Notre maison était grande, on avait même une aile complète que l'on n'utilisait plus depuis longtemps, mais j'aimais ma vie, je ne voulais pas tout chamboulé pour une simple fille. Une simple fille. Même si je n'osais pas l'avouer, cette fille m'intriguais. Que venait faire une fille de 19 ans dans un gîte de la Gaspésie en plein mois de mai?
Le lendemain, j'attendais impatiemment cette fille qui devait arriver vers deux heures. Le soleil tapait sur moi et je suais à grosses gouttes alors que cette fille devait avoir les cheveux dans le vent dans sa voiture. Je commençais à ne pas l'aimer jusqu'à ce qu'une voiture noire passa à deux doigts de m'écraser les pieds. La fille qui en sortait n'avait qu'un sac à dos. Elle ne me regardait même pas et enlevait ses baskets trop usés.

-T'aurais pas une vieille paire de basket par hasard? Me demanda-t'elle.

J'étais déboussolé. Elle n'avait qu'à s'en acheter une paire, non? Pour qui elle se prend elle? Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle me tendait ça main en disant:

-Alice Montagnard. Je viens pour le gîte.

Je lui rendais à mon tour ma main sans doute par politesse.

-Moi c'est Ludovic. Le gîte est ici.

Elle me regarda étrangement.

-Toi? Toi, tu tiens un gîte?

Je secouai ma tête et lui chuchota:

-Non, elle.

Au même instant, ma mère descendait l'allée en courant. Elle pris Alice dans ses bras et la trainai vers la maison pour lui faire visiter. Alice me regardait en ayant l'air de vouloir fuir à deux jambes. J'haussai les épaules et sourit en suivant les deux filles.

Ne me laisse pas, Alice. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant