Sept

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Ma mère ne bougeait pas et n'avait pas l'air en colère. Elle me regardait en essayant de me comprendre. Comme une mère. Elle me fixa dans les yeux et dit:

-Tu aime Alice?

J'hésitai quelques secondes, mais fini par dire oui. Elle me sourit à pleines dents.

-Alors cours. Va la chercher, elle reviendra pas.

Et je compris. Je compris que j'étais tombé éperdument amoureux de cette fille à moitié folle, que j'avais été complètement con avec elle, que si je ne me dépêchais pas, elle allait partir à tout jamais et que je n'aurai jamais pu tout lui avouer. Alors de loin, j'ai l'air d'un con qui fait de la course matinal en pyjama, mais en vrai c'est tellement romantique et quétaine que c'en aie presque drôle. Mes jambes s'élançaient alors que mon sourire ne faisait que s'agrandir. La voiture n'était qu'une silhouette au loin sur la route et j'étais déjà chanceux de la voir. Je commençais à avoir mal aux pieds et regrettais de ne pas avoir mis de chaussures. La voiture devenant de plus en plus petite, je me sentais impuissant.

-Alice!! Arrête-toi!!

Mon visage perlait de larmes et j'avais compris que même si elle me voyait, elle ne s'arrêterait pas. Je l'ai quand même chassé de chez moi alors qu'elle ne portais que des sous-vêtements. J'avais été con, tellement con! C'est pas possible comme je m'en veux! Je n'arriverai jamais à la retrouver. Je me maudissais d'être aussi con en frappant les roches avec mon gros orteil. J'allai faire demi-tour, mais un bruit de pneu me fit sursauter. Ce que je vit, me fit un choc immense. J'étais près à abandonner et je recommençais à courir. Les larmes recommençaient à couler sous mes yeux. Je courrais comme je ne l'avais jamais fait.

-Oh mon dieu! Alice! Non!

Je courais comme un débile. J'avais vraiment mal aux jambes. Le feu que l'accident avait causé était plus dangereux que l'accident lui même. Le camion lui avait rentré dedans! Un cinquante-trois pieds contre ma petite Alice! Je courrais et quand j'arrivais près des flammes je m'arrêtai et observai son corps à travers les flammes. La musique de mon groupe préféré jouait par dessus le crépitement de ces stupides flammes. Je criai comme un fou:

-JE T'AIME ALICE!!! JE SUIS AMOUREUX DE TOI!!! TU M'ENTENDS?!

Elle ne me répondais pas bien sur, des flammes lui brûlaient la peau. Je restai figer. J'aurai pu appeler les secours, mais j'avais trop mal. Une femme qui avait dû entendre le bruit s'approcha de moi en larmes. Si seulement elle savait à quel point moi j'avais mal. Elle appela les secours et moi je fixais le corps d'Alice qui brûlait sous les flammes. J'aurais voulu sauter dans les flammes pour la sauver, mais je n'osais pas. J'étais qu'une mauviette. C'est faux, l'amour n'est pas plus fort que tout, les flammes le sont, les tornades et les ouragans le sont, une astéroïde l'est, mais l'amour c'est faible. Ça nous fait vivre des sentiments incroyables, mais ce n'est pas plus fort que tout. Les pompiers ramassèrent le corps d'Alice et je restais figé à fixer l'endroit où son corps était ainsi que la pile de chandails m'appartenant qui se trouvait là. Elle était morte en croyant que je la détestais. C'est cela qui me faisait le plus de mal.

Ne me laisse pas, Alice. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant