Met In A Cemetery. (5 sos)

Chapitre 9

-Bonjour à tous. Dit le professeur. Aujourd'hui nous allons faire de la pratique. Je vais vous demander de représenter quelque chose de beau, que vous aimez regarder. Vous pouvez dessiner, peindre, sculpter... Ce que vous voulez. Vous me rendrez votre travail à la fin du cours, allez, vous avez une heure. 

Je souffle, je me demande encore pourquoi j'ai pris cette option, je ne sais rien faire de mes mains ; jouer d'un instruments, dessiner, cuisiner ou même couper droit, c'est impossible pour moi. Mais j'avais besoin de gagner des points pour les examens de fin d'année alors... 

Je regarde autour de moi mais à part de vieilles armoires, la professeure et les élèves, il n'y a rien. Et rien de tout ça ne m'attire l'oeil. Je m'approche donc de la fenêtre et observe le paysage, étant au troisième étages, c'est assez jolie. En baissant la tête, je vois un garçon aux cheveux noirs, ses yeux sont légèrement bridés  et sa peau basané contraste avec la peau blanche de celui qui est à côté de lui. Calum apporte une cigarette à ses lèvres puis recrache doucement la fumée de ses poumons, la faisant virevolter dans les airs puis disparaître. 

Il ne semble pas m'avoir vu, ce qui m'arrange fortement. Je suis loin de lui, mais ça ne m'empêche pas de voir chacun de ses gestes.

Je regarde ma montre et vois qu'il ne me reste plus que quarante minutes avant la fin du cours. De toute façon, je n'ai plus trop le choix alors...

Je vais chercher un pupitre et le déplie maladroitement, de profil à la fenêtre. Je me prépare rapidement une palette de couleur et choisis de favoriser les couleurs pastels.

Je trace les premières lignes, commençant par l'immense forêt qui s'étend devant moi. J'essaie de m'appliquer le plus possible, j'ai vraiment besoin de bonnes notes en ce moment. Puis, lorsque le décor est terminé, je commence a faire un petit rond beige foncé en bas de mon tableau, orné d'une tache noir pour ses cheveux. Finalement, je dessine la fumée qui sort de sa bouche, sans pour autant dessiner les traits de son visage. Je signe mes initiales en bas alors que la sonnerie retentit et laisse mon tableau sécher comme nous l'a demandé la professeur avant de quitter la salle.

***

Je vais à mon casier et l'ouvre pour prendre mon livre pour le prochain cours. Je le referme et glousse devant le tag d'Irwin qui est toujours là.  

-Eh, Goth-goth ! 

Je souffle. Je n'aurais donc jamais un moment de répis ici ? Quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre. 

-Coline. Je crache en me tournant vers elle.

-Ca faisait longtemps qu'on ne s'était pas occuper de toi.

Les cinq filles qui la suivent hochent la tête tout en me lançant des regards de mépris. 

-Oh, ne t'inquiète pas pour moi, Irwin s'occupe déjà assez bien de moi. 

Elle lève la main et vient la claquer sur ma joue. Je sers mes points prêtes à riposter mais elle me coupe avant que je ne tente quoi que ce soit. 

-Ne parle pas de lui, sorcière. 

-Wow, rien que l'évocation de son prénom te met dans de tels états ? Qu'est-ce qu'il t'a fait, il a été se frotter contre quelqu'un d'autre ? 

-Non, il est juste trop bien pour que tu ne puisse parler de lui avec ta bouche crasseuse. 

-Tu sais aussi bien que moi qu'il n'en a rien à foutre de toi, il est juste là pour se vider. 

Une nouvelle fois elle lève sa main mais je l'attrape avant qu'elle ne percute ma joue une nouvelle fois. Je m'approche d'elle, la faisant reculer mais sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, Ashton arrive entre nous deux et me pousse fortement a niveau de la poitrine, me faisant tomber loin derrière. 

Je reprends mes esprits et me relève, essuyant la poussière de mon jean avant d'enfin lui donné un peu d'intention. 

-Tu viens défendre ta princesse boucle d'or ? 

Il s'approche dangereusement de moi mais ne me touche pas, se contentant de me tuer du regard. 

-Quoi, c'est vrai ? Tu t'inquiètes pour elle ? Donc la rumeur est vraie, tu aurais un coeur caché sous cet amas de méchanceté ? 

Il me pousse une nouvelle fois contre les casiers, mais j'arrive à garder mon équilibre et avale difficilement ma salive après avoir entendu ma tête claquer contre les parois de fer. Une douleur me tiraille le crâne mais je fais comme si de rien. 

-T'es pathétique Wellingam. 

Il me lance un dernier regard de dégoût puis s'approche de Coline pour enrouler son bras autour de ses épaules et de s'éloigner de moi. 

Je me décolle des casiers et souffle en frottant mon crâne douloureux.

Il a raison, je suis pathétique. 

***

Je descends du bus et cours presque jusque dans le cimetière, je n'ai qu'une envie, c'est d'aller pleurer dans mon lit. 

-Tu a l'air pressée ce soir. 

Je sursaute en entendant Luke et me tourne rapidement vers lui avant de continuer mon chemin. Je ne veux pas pleurer, et encore moins devant lui. 

J'entends ses pas rapides s'approcher de moi, il passe devant moi et m'arrête. 

-Est-ce que tu vas bien ? 

-Écoutes, je suis pas d'humeur à parler donc, on verra demain okay ?

Je pose une main sur mon crâne qui me fait encore mal et masse doucement ma bosse. Sans que je ne m'y attende, Luke se rapproche et pose lui aussi une main sur ma bosse. Je pose mes mains sur son torse et le pousse de toutes mes forces. 

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! 

-Rien, lâche moi ! 

Je m'écarte mais il attrape mon poignet et en voulant me reculer, ma manche se relève, laissant apparaître mes nombreuses cicatrices encore rouges. Il écarquille ses yeux et le relâche enfin. Je tire mon gilet le plus possible.

Il hoche la tête comme pour se remettre les idées en place. 

-Qui t'as fait ça à la tête ?

Je sens les larmes me monter aux yeux, trop de chose me tombe dessus et je ne le supporte plus. Incapable de les retenir plus longtemps, je tourne la tête pour pas qu'il me voit. Doucement, je sens ses doigts se poser sur mon menton et tourner ma tête vers lui. Je me plonge dans son bleu azur.

-Dis moi Ellen... Dit-il presque dans un murmure.

Je le vois, je le vois dans ses yeux, il est triste, il culpabilise et il a l'air perdu, et pour la première fois de ma vie, je ne vois pas une seule once de pitié dans ses yeux, ni de mépris, seulement de la compassion. 

Je sens son autre main jouer avec un mèche de mes cheveux sur le côté de mon visage. Une image d'elle en train de la faire, lorsqu'elle était avec moi me revient. Elle me faisait ça lorsque je n'allais pas bien. Mais maintenant, elle n'est plus là. Et il n'a pas le droit de me faire ça. 

Je retire violement ses mains de moi et m'écarte. 

-C'est un connard okay ? Maintenant lâche moi ! Je lui hurle dessus. 

-Pourquoi il t'as fais ça ? S'énerve-t-il aussi.

-Qu'est-ce que ça peut te foutre ! Je te connais pas d'abord, on n'est pas amis toi et moi ! 

Il cligne plusieurs fois des yeux puis finalement, comme toucher par mes paroles, il s'écarte de mon chemin. Je lui lance un dernier regard noir et cours en direction de la sortie. J'entre vite dans ma maison et cours dans ma chambre avant de me jeter dans mon lit. 

Après quelques minutes, je me penche vers ma table de chevet, ouvre le tiroir et en extirpe cette lame que je ne connais que trop bien et la fait danser sur mon poignet, la douleur me libérant de ce mal-être que je ressens chaque jours de ma misérable vie. 

Mylène