Chapitre 5

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Si tu existe tout là haut, même si j'en doute, je prie pour que cette soirée ce passe bien, s'il te plaît. Bon, ça sert à rien, je sais que tu n'existe pas, cela fait maintenant plusieurs années que j'ai perdu la foi.
Je croyais en Dieu avant, j'ai été baptisé, et j'ai mêmes fais ma communion et ma profession de foi, mais quand j'ai commencé ma descente à l'enfer, à cause d'elle, j'ai prié, maintes et maintes fois pour qu'il m'aide à me relever mais jamais il ne m'a envoyé un signe, jamais il ne m'a aidé et petit à petit, j'ai perdu ma croyance.

J'ouvre mon armoire et enfile la tenue que j'avais décidé ce matin. Je me remaquille seulement mes lèvres et met mes Doc Marten's. Il est vrai que l'envie de marcher sur ma mère me plaît toujours autant.

Je me poste devant mon miroir, m'observant et ne peux m'empêcher d'avoir la nausée. Je suis tellement horrible, je ne comprends pas, je n'ai pas mangé depuis quatre jours, et pourtant je suis toujours aussi grosse. J'ai beau mettre des habits larges pour cacher mes bourrelets, ça ne marche pas, ça ressort toujours de partout.

Je grogne et retourne dans ma chambre pour ensuite descendre les escaliers. Je prends mes écouteurs qui sont dans la poche de mon manteau et les garde en main.

-T'aurais pu faire un effort vestimentaire, Ellen.

-Ferme là Emily.

Elle souffle, de la même manière qu'une princesse, et quitte mon champs de vision, sûrement pour aller voir ma mère.

Je sors la première de la maison et enfonce les écouteurs dans les oreilles. Je passe sur la banquette arrière de la voiture et claque bruyamment la porte après moi, juste pour bien montrer que j'ai vraiment pas envie d'y aller.

La voiture démarre, je regarde le paysage défiler et bouge mes doigts sur mes cuisses au rythme de la musique qui joue à fond dans ma tête. Puis ma mère ralentit et se gare dans une immense allée. La maison devant moi doit être aussi grande que la mienne.

J'ai déjà envie de vomir.

Je sais pas c'est quoi leur délire aux riches de montrer leur argent dans leur maison, je sais pas, moi si je possédais tout l'argent de ma mère, je ferais des dons à la spa ou dans les zoos. Aider les animaux, c'est plus important que d'avoir une énorme maison ou une grosse voiture, ou encore le dernier téléphone à la mode.

Mais bon, j'ai l'air d'être la seule à penser comme ça ici.

Ma mère et Emily descende et marche en première, je reste derrière elles, en retrait et les regarde se dandiner, habiller presque de la même façon. Elles sont à vomir.

L'une d'elle frappe doucement à la porte, d'une manière incroyablement "prout-prout" puis une femme l'ouvre. Elle est petite, et semble avoir cinquante ans maximum, et... Elle est à moitié chinoise ?

-Cora ! S'exclame-t-elle.

-Joy !

Elles se prennent toutes les deux dans les bras puis s'écarte avant que ma mère ne tienne fièrement Emily par les épaules.

-Joy, je te présente ma fille Emily.

-Comme elle est charmante !

Puis, son regard passe de ma petite soeur à moi, et son sourire s'évanouit de un coup.

-Oh... Elle c'est ma fille aînée, Ellen.

Un rictus se dessine au coin de mes lèvres quand je vois le regard de ma mère. Elle roule des yeux puis je les suis à l'intérieur de la maison. On va dans leur salle à manger, où je rencontre le mari de Joahna, Joëlle où je sais plus qui.

Puis j'entends des pas lourds et presser descendre des escaliers et je dois avouer ressentir une vague de soulagement me parcourir lorsque je vois cette fille aux cheveux blancs comme neige s'approcher de moi. Elle porte un legging rayé noir et blanc ainsi qu'une sorte de brassière noire. Elle est vraiment belle, son corps est tellement parfait. Elle est fine, tout en ayant des formes généreuses là où il faut. Je ne peux m'empêcher de me sentir débile et grosse à côté d'elle alors par réflexe, je baisse les yeux et évite à tout prix son regard.

Ses yeux s'écarquillent lorsqu'elle me voit et elle murmure un "oui !" de soulagement.

-Calum ! Viens vite ! Tu vas pas être déçu. Fini-t-elle en riant.

Elle s'approche de moi et me fais gaîment la bise.

-Salut je m'appelle Mali-Koa, mais appelle moi Mali, et toi c'est comment ?

-Je suis Ellen.

D'autres pas se font entendre dans les escaliers et le fameux Calum apparaît dans ma vision. C'est drôle, il me rappelle vaguement quelque chose.

-Eh, t'es la fille de la salle de musique non ? Il me demande en s'approchant.

Mais oui ! Je suis trop bête, c'est Calum, on s'est rencontré dans la salle quand j'échappais à Ashton.

-Alors, c'est quoi ton prénom ?

On se fait la bise et je ne peux m'empêcher de me plonger dans ses yeux chocolats.

-Je... Ellen.

-Bienvenue chez nous Ellen ! Aller, viens avec nous !

Mali-Koa me prend par le bras et me tire dans les escaliers, on se retourne rapidement à l'étage et dans l'une des chambres que je suppose être celle de la jeune femme, vu les photos d'elle et d'un autre homme accrocher partout.

Je regarde autour de moi, souriant sur quelques posters de groupe que je connais puis me concentre sur eux et leur conversation.

-J'avais tellement peur qu'on s'ennuie dans une soirée de coincée du string. Rit Calum.

-Oui, mais heureusement Ellen remonte le niveau. J'adore ton style ! Et tes cheveux sont trop beaux.

Je lui souris timidement, ayant du mal à prendre le compliment et lui retourne pour ses cheveux à elle.

-Heureusement, on a fait nos provision. S'exclame Mali-Koa en claquant ses mains entre elle.

-Eum... Si c'est de nourriture dont vous parlez...

-Non, encore mieux que la bouffe !

J'observe le sourire de Calum s'agrandir alors qu'il s'approche d'un tiroir et l'ouvre, me laissant découvrir plusieurs bouteilles d'alcool forts alignés.

-Effectivement, on va s'amuser. Je ris à mon tour.

Mali-Koa ouvre une première bouteille et bois quelques gorgées directement au goulot avant de la tendre à son frère qui fait de même. Lorsque je la prend en main, on entend leur mère nous appeler pour venir manger.  Tout en me préparant psychologiquement à son long et interminable repas, j'avale une grande gorgée, laissant l'alcool me brûler la totalité de ma gorge avant de tousser un peu et d'essuyer le coin de mes lèvres du bout de mon index.

Je la repose dans le tiroir puis nous descendons tous les trois, déjà impatient que les effets nous monte à la tête. Une fois tous à table, je me retrouve en face de Calum, et alors que Joy commence à nous faire une présentation complète de son repas, j'observe son fils verser discrètement une matière liquide dans nos trois verres. Il me mime un "Whisky" silencieux, ce qui le fait sourire et commencer à boire mon verre.

Les plats défilent, et j'ai déjà l'impression qu'on ne verra jamais la fin de ce repas. À chaque fois, je refuse de que l'on m'offre, sous les souffles discret et les regards qui en disent long de mes deux à colites.

Je les ignore, puis continue de boire ce que me verse Calum, je m'autorise finalement un petit bout de pain, histoire que l'alcool ne monte pas trop vite.

Après de longues heures à écouter ma mère et Joy parler de leurs années lycée et des quelques petits copains qu'elles ont eu, on décide enfin de partir. Je me place à l'arrière et m'endors. Demain, je vais avoir la gueule de bois, ce sera toujours agréable pour faire de l'algèbre des neuf heures.

Mylène

Met In A Cemetery. (5 sos)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant