(4) Le Cadavre

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Bruno descend dans le "sous-marin". L'espace est étroit et il craint d'accrocher son vieux blouson de cuir à l'une des nombreuses pièces métalliques qui dépassent en tous sens. D'ailleurs, il constate que son adjointe reste prudemment en retrait, observant la scène du haut de l'escalier.

En bas, il trouve une femme penchée sur le cadavre, la quarantaine, vêtue d'une blouse blanche. Anita Jenine, médecin légiste, lève les yeux vers le capitaine. Elle a le visage sec, fatigué, la chevelure grisonnante.

- Capitaine Fabre, ravie de vous voir.

- Moi aussi, docteur. Même si j'aimerais vous croiser parfois à la lumière du jour.

- Rien ne vous interdit de m'inviter à déjeuner en ce cas...

Le lieutenant Saidi est persuadée que le médecin légiste en pince pour son chef et lui en a déjà fait la remarque. Mais bien que célibataire, divorcé plus exactement, le vieux flic préfère en rester aux histoires éphémères qui commencent sur un site de rencontres. Il hausse les épaules.

- Pour ce soir, que pouvez-vous nous dire de notre invité ? Il désigne le cadavre.

L'homme a la trentaine, des cheveux noirs sur un visage fin et gracieux, des yeux bleus et désormais vitreux ainsi qu'un clou au milieu du front.

- La mort remonte à moins de deux heures, déclare le médecin légiste. Ce qui correspond aux déclarations des témoins. A priori, et avant autopsie, on peut supposer que la cause en est le clou enfoncé dans le crâne.

- Et ce doit être l'arme du crime, intervient Lina.

La jeune femme a finalement suivie son chef, non sans avoir préalablement ôté son précieux blouson, révélant un débardeur noir et moulant. "On est en automne, elle ne pourrait pas mettre un pull comme tout le monde ?" se demande Bruno. Celle-ci a néanmoins enfilée des gants jetables et tient dans sa main un pistolet à clou.

- Il était dissimulé en hauteur. On ne pouvait le voir qu'en prenant le temps d'observer depuis le haut de l'échelle, explique-t-elle avec un sourire.

Bruno grimace. Il avait jugée trop vite son adjointe.

- Bien vu. Vous m'enverrez ça au labo pour vérifications. Même si je doute qu'on trouve des empreintes. Le type aura sûrement mis des gants. Ils en ont tous dans ce genre de boulot. Remontons interroger les témoins.

Aiguillage mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant