(9) Le meilleur ami

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- Alors, vous et la victime étiez très proche, ais-je cru comprendre ? demande Lina à Nicolas Thevenin pour le mettre à l'aise.

Assis sur une chaise, face aux deux policiers, celui-ci se tient les mains dans les poches, légèrement crispé. "Est-ce la tristesse d'avoir perdu son ami, ou autre chose ?" se demande la jeune lieutenant.

- Oui, nous avions de bonnes relations, Lionel et moi, répond l'assistant sécurité. On sortait parfois ensemble le soir après le travail, on allait boire un verre... On a fait notre formation ensemble, ça crée des liens.

- Et ce soir, lui demande Bruno, pourquoi étiez-vous là ?

- Mon travail est de venir inspecter les agents de terrain. Je venais vérifier que Lionel et son équipe respectaient bien la procédure lors de leur intervention.

- C'était une visite planifiée ? insiste Bruno.

Nicolas Thévenin semble hésiter un instant avant de répondre. Il se balance sur sa chaise.

- Non, c'était une inspection surprise.

- Et qui l'a décidée ? Votre chef ? Vous ?

- Moi... 

Bruno ne peut s'empêcher de penser que celui-ci aurait préféré ne pas faire cette révélation.

- Et sinon, Lionel avait-il des ennemis ? demande Lina. Quelles étaient ses relations avec les deux autres suspects ?

Nicolas soupire, visiblement heureux de retrouver un terrain plus favorable. Il se penche vers Lina :

- Les relations avec son agent, Moussa, étaient exécrables.

- Et pourquoi ça ? Parce qu'il est délégué du personnel ? Ca posait un problème à son supérieur hiérarchique ?

- Dis comme ça, c'est un peu grossier. D'après Lionel, Moussa remettait en permanence en cause son autorité. Appliquer la réglementation à la lettre est parfois incompatible avec la réalité du terrain. Mais ça, le syndicaliste avait du mal à l'entendre et il contestait les décisions de son chef autant qu'il le pouvait.

- Et concernant Marcel Lagarde, l'aiguilleur ?

- Lionel m'avait dit qu'ils habitaient dans le même village, qu'il l'avait croisé une fois ou deux à des soirées genre bal du 14 juillet. Je n'en sais pas plus.

- Merci, ce sera tout, conclu Bruno.

- Non, juste un instant, le coupe Lina. Simple routine de la procédure, mais je peux voir le contenu de votre sacoche ?

Bruno hausse un sourcil intrigué. Son adjointe a l'air d'avoir une idée précise en tête, mais il se demande bien laquelle. Elle vide sur la table la petite sacoche en toile noire que lui tend Nicolas Thévenin. A l'intérieur, un smartphone, un portefeuille, un ticket de loto, une paire de clefs et un carnet rouge contenant de nombreux documents internes à la SNCF. Elle feuillette l'ensemble brièvement, sourit, puis le rend à son propriétaire.

Aiguillage mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant