Evan
Il poussa un cri de rage et lança le fruit sur le beau blond qui s'éloignait au galop. Et le loupa lamentablement, le fruit s'écrasa à plus d'un mètre de sa victime. Il lutta contre l'envie de lui balancer tout ce qu'il pourrait trouver à portée de main, préférant s'adosser à l'arbre pour dompter les battements désordonnés de son cœur.
Ce gosse de riche le mettait dans tous ses états. Comme à chacune de leur rencontre, il était partagé entre la haine et l'envie, à ceci près que cette fois, Téo l'avait embrassé. Et même si c'était uniquement pour se débarrasser de lui, il ne parvenait pas à s'en remettre.
Téodor de Lambroise, LE bel homme par excellence, et de plus, richissime, l'avait embrassé ! Il s'essuya rageusement les lèvres, voulant à la fois se débarrasser de son goût et le garder à jamais, avant de gémir de douleur en effleurant la morsure. Il sentait presque sa lèvre pulser et du sang maculait son menton et son cou.
Evan soupira et se redressa. Il n'en pouvait plus de cette ambivalence. Il n'en pouvait plus de le désirer autant qu'il le haïssait. Et il ne l'acceptait pas. Il ne pouvait pas.
Avec le temps, il s'était persuadé qu'avouer qu'il ait pu ressentir une quelconque attirance pour les hommes aurait été reconnaître que le «métier» de sa mère avait eu une influence sur lui.
Il croqua dans un fruit bien mûr pour se distraire. Il ne devait pas y penser. Pas après ce baiser. Pas maintenant qu'il était seul sur une île, coincé avec Lui. Non, il devait se concentrer sur sa haine. Uniquement sa haine. Et puis, il aimait les femmes. C'était ce qu'il avait toujours dit. Il couchait avec des femmes, embrassait des femmes. Pas des hommes. Encore moins lui.
Au quatrième fruit dévoré, sa fureur se calma et il fut de nouveau capable de réfléchir.
Mieux valait prévoir des provisions pour la nuit et le lendemain. Il ne savait pas si ces poires violettes poussaient ailleurs, aussi en cueillit-il une dizaine qu'il enroula dans son T-shirt. Le soleil ne disparaîtrait pas avant une bonne heure, il se mit donc en tête de chercher un point d'eau où se décrasser un peu avant de se mettre en quête d'un endroit sûr pour la nuit. Il partit dans la direction opposée à Téo. Il ne voulait surtout pas risquer de le croiser. Il ne voulait plus penser à lui.
Les heures qui suivirent ne lui en laissèrent pas l'occasion. Après une petite séance relaxante dans un étang qui lui permit de gratter le sel et la terre collés à son corps, il était reparti revigoré, confiant, remontant l'île vers le Nord. Même s'il n'avait plus de pensée superflue, sa bonne humeur ne dura pas.
À sa gauche, la petite bande de terre herbeuse diminuait, le rapprochant dangereusement du bord. Et à sa droite, la forêt semblait s'épaissir. Les arbres tendaient vers lui leurs branches inhospitalières, le défiant de s'y aventurer. Sans compter les grognements bestiaux qu'il croyait entendre par moment.
Quand la lune se trouva au zénith, il commença à désespérer. Il n'avait rien trouvé. Pas le moindre abri. Pas le moindre rocher qui puisse dissimiler une caverne. Pas de terrier non plus. Et pour cause, un vent glacial , violent s'était mis à souffler.
Un vent qui semblait insuffler en lui un profond désespoir. Il était gelé jusqu'aux os, son pauvre T-shirt trempé par les embruns. Depuis longtemps ses quelques fruits avaient été mangés et le vêtement remis dans une tentative désespérée de se réchauffer. Pourquoi donc n'avait-il pas songé à prendre un pull sur ce foutu bateau? Le seul point positif était que le jus des fruits glacés apaisait la blessure de sa lèvre.
À regret il songea à Téo. À son corps chaud, là, quelque part, probablement à l'abri, lui. S'il pouvait le retrouver, alors il se blottirait à ses côtés. Oh, juste le temps de se réchauffer. Sans aucune arrière-pensée. Il s'ébroua. Le froid le faisait délirer.
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L'île maléfique (BxB) (WATTYS 2016, trésor caché)
Aventura⚠ ADULTE ONLY ⚠ *Enemies to lovers* Cela aurait du être une croisière classique. Un bateau de luxe. Des personnes âgées partout. Le ciel bleu azur, les plages de sable fin et les soirées mondaines à n'en plus finir. Téo aurait pu s'y ennuyer toutes...