Chapitre 10

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Evan.


Evan était partagé. D'un côté, il trouvait ce nouvel arrangement plutôt bien. Se reposer sur Téo pour survivre était extrêmement agréable, il ne mourrait plus de faim ni de soif, et même si ce que ramenait le blond était parfois un peu suspect, ça avait au moins le mérite de les nourrir. D'un autre côté, il trouvait cela étrange. 

Vivre, pour ainsi dire, en harmonie avec Téo le perturbait. Si proche du beau blond, il se surprenait de plus en plus souvent à avoir des arrières-pensées et il n'était pas sur que l'île y soit pour quelque chose. Ils parlaient peu tous les deux, le strict nécessaire à leur survie. Cela lui laissait du temps pour penser, bien trop de temps. Les pires moments étaient ceux où Téo s'éloignait sans explication. Ça, Evan ne le comprenait absolument pas. Et non seulement il en ressentait un désagréable pincement au cœur, mais en plus c'était dans ces moments qu'il se blessait le plus souvent. Comme si l'île attendait qu'il soit seul pour s'en prendre à lui.  

Quand, le soir du troisième jour, Téo s'enfuit une fois de plus alors qu'il se baignait, et qu'il s'ouvrit profondément le pied sur un galet apparemment lisse, il décida de l'affronter. Au début, il avait été plutôt heureux d'être seul dans ces moments là, mais à présent, il se sentait juste abandonné. Et il essayait d'ignorer que son regard s'égarait un peu trop sur le corps musclé de cet Appolon dès qu'il amorçait un mouvement pour se déshabiller. 

Assis sur le bord du petit étang, il regardait sa blessure en réfléchissant. À son grand désespoir, Téo se révélait être un garçon assez simple, abordable et pas vraiment prétentieux contrairement à ce dont il s'était persuadé. Plus il le côtoyait, moins il trouvait de raison de le détester, et cela lui faisait peur.

Qu'arriverait-il quand ses désirs enfouis seraient plus forts que sa raison ? Il avait beau ne pas vouloir y penser, il se surprenait de plus en plus souvent à se remémorer le plaisir qu'il avait ressenti en sentant le blond le pénétrer profondément. Il ne lui avouerait jamais, évidemment, pas plus qu'il ne lui avouerait qu'il se sentait attiré physiquement. Il préférait rester dans son rôle de macho viril et homophobe, c'était plus facile. Et puis, il n'avait tout simplement pas envie de s'accepter. Pour une bonne raison, toujours la même. Il ne voulait pas être comme sa mère. Il ne voulait pas écarter les jambes pour avoir les faveurs d'un homme riche.

Après un profond soupir, il regagna la grotte et constata qu'une fois de plus, l'autre n'était pas rentré pendant sa baignade. Cela l'irrita profondément. Seul sur sa paillasse, le jeune homme se retourna en grognant. Encore une fois, il ne parviendrait pas à s'endormir. Encore une fois, il réfléchirait inutilement. Et ce pincement au cœur en s'apercevant que Téo ne revenait pas l'exaspérait au plus haut point. Il avait besoin de le haïr à nouveau, il devait impérativement trouver quelque chose pour ne pas céder à ses pulsions primaires. Voilà, c'était cela. C'était juste des pulsions primaires, rien d'autre. Un instinct animal, une réaction physique. Evan se tourna encore, un peu rassuré. Il ne voulait pas développer de sentiments inutiles, encore moins envers un riche. L'espace d'un instant, l'idée que la richesse de Téo le dérangeait plus que son sexe lui traversa l'esprit, mais il chassa bien vite ces pensées. 

Incapable de dormir, il se leva. Il était toujours seul, son pied le démangeait et le blond étant parti depuis un petit moment maintenant, il décida de partir à sa recherche. Aux alentours de leur grotte ne se trouvaient que deux mares sécurisées, il se dirigea donc vers la seconde. La scène qu'il y vit lui coupa le souffle, lui amena le rose aux joues et lui fit oublier toutes ses certitudes. Adossé à un arbre, complètement nu, de l'eau à mi-cuisse, Téo s'adonnait à un plaisir solitaire.

La gorge sèche, Evan s'approcha. Il hésitait quant à la manière d'amorcer une conversation. Il aurait sans doute juste dû faire demi-tour, mais le reflet de la lune sur le membre gonflé l'hypnotisait, lui donnait envie de le toucher. Pulsion animale. Rien d'autre. Rien d'autre qu'il voulut laisser venir en surface en tout cas, même s'il avait de plus en plus de mal à l'ignorer.

– Hey...

L'île maléfique (BxB) (WATTYS 2016, trésor caché)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant