Une sombre enfance

5.5K 323 173
                                    

J'avais cinq ans à cette époque. Comme tous les autres enfants, j'allais en CP et suivais le même programme: j'étais même assez doué. Je remplissais mes petites fiches d'additions à trous plus vite, je ne faisais aucune faute d'orthographe, je savais bien lire, écrire, je savais également conjuguer au présent et au passé composé la plupart des verbes. Ma mère était fière de moi mais elle était bien la seule.

Je refusais malgré tout de montrer mes capacités aux autres: je ne levais jamais la main en classe, quand la maîtresse m'interrogeait sans ma demande, je restais plusieurs minutes sans parler jusqu'à ce qu'elle cède; personne n'a jamais entendu ma voix, je ne passais jamais au tableau, et quand ma maîtresse m'y obligeait, je ne me levais même pas de ma chaise. Je ne bavardais pas, je n'avais pas de voisin. Je n'étais pas un ange qui se laisse faire sans rien dire et se plie au règles. Non, au contraire: j'étais un démon. Mais un démon silencieux. Un petit dur à cuire que personne ne pouvait forcer à parler.

Plusieurs personnes ont tenté de se lier d'amitié avec moi mais chacun d'entre eux n'a essuyé qu'un refus ou parfois un coup de pied pour les plus têtus. j'étais très bien seul et je voulais le rester alors maintenant tout le monde savait que "si tu veux rendre service à Baekhyun, laisse le tranquille. Ne cherche pas à ce qu'il t'apprécie, il va juste te haïr encore plus."

Mais c'était comme ça. On m'a toujours dit que je ne devais faire confiance à personne, que tout le monde était mauvais, que les amis ça n'existait pas. Et j'ai toujours suivi cette éducation de peur et de méfiance.
Pour ce qui était de mon père, il était vieux, il avait le ventre protubérant, un gros nez plissé, les épaules rentrées, une respiration odieusement hachée, le visage rouge, toujours une cannette de je ne sais quel alcool en main, plein de petites boîtes métalliques sur la table remplies de farine, ses fesses toujours au fond du canapé. Je le détestais. Il est violent avec moi et l'est aussi avec ma mère. Depuis que je savais tenir debout, il se donnait un malin plaisir à me frapper, à me gifler jusqu'à ce que je tombe inconscient sous le regard de ma mère, impuissante. Elle, je ne lui en voulais pas, je sais qu'il était pire avec elle et qu'elle ne pouvait pas intervenir ou sinon il allait lui faire vivre des pires horreurs. Ils se disputaient sans arrêt mais c'était toujours lui qui avait le dernier mot. J'en ai toujours ignoré la raison parce que je me suis jugé pas en âge pour comprendre.

C'était devenu un quotidien pour moi, je vivais bien avec et je grandissais.

Aujourd'hui, c'était mon anniversaire. Je venais d'avoir enfin 7 ans. Ce jour-là, j'avais eu une bonne note et j'étais très fier de mon travail. J'avais souri toute la journée, j'ai réussi à me faire un ami; il s'appelait Jaehwan et il était très gentil. J'allais montrer ma note à mon père ce soir et il allait être fier de moi. J'allais enfin avoir des félicitations de sa part et il me sourira, j'en suis sûr. Après tout c'était mon anniversaire. J'étais heureux rien qu'à cette pensée. Peut-être ce jour pourrait être ma chance de me réconcilier avec mon père et j'y croyais dur comme fer. Que ma vie pouvait changer aujourd'hui.

J'étais rentré en sautillant jusqu'à ma maison qui était à presque un kilomètre de l'école, ça me faisait faire de l'exercice alors j'étais content. J'ouvre la porte de la maison en grand, laissant le soleil entrer et illuminer les lieux.

"Je suis rentré!

-FERME! J'aime pas le soleil, imbécile!"

Je ne perdis pas espoir et obéis tout de même, il est toujours comme ça. En tout cas, quand il verra ma note, il changera de voix.. Je m'approche de lui. Mais plus je m'approchais, plus je sentais son odeur crasseuse d'alcool et de saleté. C'en était écœurant.

"Appa! Regarde! J'ai eu un 19 sur 20!! dis-je avec un grand sourire.

-Oh, fait voir? "

Je lui donne alors la copie qu'il regarde quelques secondes, je peux voir son pincement de lèvres agacé même si cela me suffit amplement comme. Je me redresse alors fièrement devant lui en attendant sa réaction.

Darkness Always Enlightens || chanbaekOù les histoires vivent. Découvrez maintenant