Baekhyun a eu une enfance très difficile. Il ne pouvait compter sur personne et tout le monde le trahissait dans son dos. Il a été éduqué comme ça "les gens sont mauvais, ne les écoute pas, ne leur avoue rien sur toi, ne leur montre rien de personne...
Mes yeux s'ouvrirent lorsque cette stupide mélodie nous servant de sonnerie, rythmant nos journées, retentit dans tout le bâtiment. Ce vers de chanson triste marquait chaque début et chaque fin du calvaire, alors nous la détestions, mais autant que nous la chérissions.
Je descendis de mon petit nuage de rêve du cours d'espagnol, rituel du vendredi, et dévalai les escaliers deux à deux. Mon bras fut retenu et je me risquai de jeter un coup d'œil. Par chance, il ne s'agissait pas d'un élève populaire qui profitait de son public pour faire le malin, mais ma prof d'espagnol.
-Baekhyun, est-ce que tu dors dans les autres cours? s'enquit-elle d'une voix voulant montrer la compassion mais dont je trahissais la désinvolture. -Non, madame. -Alors, ne dors pas dans le mien, ça te servira pour plus tard. -Madame, excusez moi des termes mais, j'ai fait section européenne au collège, et le temps qu'il fait dehors, je m'excuse mais je l'ai maîtrisé très tôt. -Je comprends, ces cours sont adaptés au niveau global de la classe qui n'a jamais, pour la plupart, entendu d'espagnol de sa vie. -C'est normal. -Mais enfin, tâche au moins de dormir sans t'affaler la prochaine fois. -Je m'en souviendrai. -Allez, file retrouver ton grand brun.
Je la remerciai et courus vers la sortie, mon sac à la main. C'était les vacances d'hiver mais la brise fraîche n'était pas si néfaste cette fois-ci.
Aujourd'hui, j'étais déterminé. J'avais décidé de retourner voir mon passé, prendre du recul et grandir une nouvelle fois. Avec une nouvelle vue sur mon ancienne vie. Oui, j'allais retourner à Daegu. Chez... moi. Et cette expérience primordiale, je comptais bien la vivre en compagnie de Chanyeol, qu'il fasse partie de ce pas que je ferai, si signifiant. Je savais que je ne lui avais pas raconté toute mon histoire, ne serait-ce qu'un fragment, je n'étais jamais remonté au-delà de mon arrivée chez Hongbin il y a quelques années. J'étais conscient que je risquais de pleurer, de me mettre dans tous mes états et c'est aussi pour cela que je voudrais que Chanyeol vienne avec moi, pour m'empêcher de détruire tout ce qui sera à l'intérieur, changé ou non, pour me relever si je m'écartais.
-Channie, viens! l'appelais-je en le voyant sortir de son heure de biologie appliquée.
En effet Chanyeol a démontré une brillance extraordinaire pour les matières scientifiques et s'est spécialisé dans la classification des espèces. Lorsqu'il me vit à quelques dizaines de mètres de lui, je pus distinguer ses dents apparaître sur son visage, signe qu'il souriait. Il marcha vers moi mais je me précipitai: le bus pour Daegu, allait bientôt arriver.
-Dépêche toi, le bus va arriver. -Mais... pour aller où? me demanda-t-il pendant que je le tirai par la manche de son sweat noir.
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Nous attendions le bus en silence avant de monter à l'intérieur.
Les lampadaire seuls nous éclairaient dans les rues de Daegu, le soleil s'est couché tôt. Parfois, sans sortir les mains de mes poches, je croisais le regard de certaines personnes qui ne m'étaient pas inconnues, peut-être même mes anciens camarades de primaire. Lorsque les rues se faisaient plus familières, me rappelèrent mes souvenirs, une vague d'angoisse m'envahit. Ma prise sur mon manteau se resserra et je grelottais: je voulais faire demi-tour. Jamais je n'arriverai à relier mon passé, à l'accepter. Chanyeol ne le remarqua pas, toujours marchant en regardant droit devant lui. Il ignorait où je pouvais bien l'emmener, il est donc normal qu'il ne se soucie pas de mon comportement. Malgré tout, je désirais m'accrocher à son bras, être soutenu, car il était difficile d'avancer pour moi. Mais je n'en fis rien. Nous passâmes devant mon ancien collège, là où le chemin était devenu ma routine quotidienne. Quelques bâtiments avaient changé, comme des arcades, boulangeries où je ne sais quelle autre boutique nouvelle. Puis devant l'ancienne maison de Jaehwan, maintenant, appartenant à de nouveaux propriétaires. Je jetais de temps en temps un coup d'œil à Chanyeol mais remarquais son visage impassible, tant mieux pour moi. Je vis au loin le lieu de mes anciens martyrs, et je me crispai discrètement, une larme montant. Il ne me posait pas de question, c'était le principal.
