Quand chantent les Beatles | NaiadFreedom

Love me do

Le soleil se cache lentement derrière la ligne flamboyante de l'horizon. Les vagues viennent lêcher le sable humide et, plus haut sur une colline, Chace et Jude observent ce spectacle époustouflant. Elle porte un bonnet en laine multicolore qu'il juge ignoble et lui, est emmitouflé dans l'écharpe à l'éfigie de son lycée privé; ce qu'elle trouve prétencieux. Une légère brise fait danser les épaisses couches herbeuses qui les entourent. Pour un peu, Jude se croit de retour sur sa terre natale. Pourtant, derrière les imposantes collines fourmille toujours la cacophonie infernale de la Grosse Pomme. Chace passe un bras autour de ses épaules, plus par instinct que pour réellement la protéger du vent glacial de décembre. 

- On a pas idée d'organiser un rendez-vous sur la plage au bout milieu de décembre !, se moque-t-elle.

- Je suis certain que les Beatles auraient trouvé ça très charmant et en aurait fais une chanson, se défend-t-il.

Jude lui renvoie un regard amusé et peu convaincu. Ses joues sont teintées d'une couleur rosée dont Chace raffole. Ce dernier semble avoir prit dix kilos, emmitouflé dans son épais manteau moltonné. 

- Pourquoi tu ne m'en ferais pas une, de chanson ?

Ils s'évaluent d'un regard de défit que le jeune homme ponctue par une pichenette sur le nez de la lycéenne. Une nouvelle bourrasque coupe court à leur échange oculaire et, machinalement Jude se recroqueville davantage contre le torse de Chace qui l'accueille avec bienveillance au creux de ses bras. Et, alors qu'elle se pelotonne au chaud, la joue au contact de son pull en laine hors de prix, qu'il en profite pour passer un doigt sous son menton et relever son visage. 

- Love, love me do, you know I love you, I'll always be true, so please, love me do, chantonne-t-il à mi-voix.

Il plonge son regard dans les orbes mordorées de la jeune fille qui arbore un fin sourire en coin. Elle replace une mèche rebelle de son front et détaille chaque centimètre de son visage.

- Tu ne m'auras pas avec une chanson des Beatles, Chace Wyland, pas cette fois, murmure-t-elle.

Chace ne se laisse pourtant pas décourager et rapproche doucement ses lèvres de celles de Jude. Et, alors qu'un malheureux centimètre les sépare encore, elle en profite pour claquer un baiser sur sa joue froide et anesthésiée par le vent hivernal. S'en suit une course poursuite jusqu'au pied de la colline où leur rire résonne tel un rayon de soleil dans ce monde qui tourne au ralentis.