Le soleil décline vers l'horizon. Jude se tient debout, sur la terrasse, dans le jardin derrière la maison familiale. Quelques rosiers longent le muret qui les sépare de la propriété voisine et, des jouets, vestiges de son enfance trainent encore sur la pelouse. Chace s'adosse en silence contre la baie vitrée et, il observe les biens faits que proccure ce retour aux sources chez la jeune fille. Elle arbore un rictus serein et, malgré les nombreuses heures de vol à écouter le châtain baratiner le même sermon; son visage rayonne de bonheur. Le fils de six ans de la cousine de Jude, Teddy, se faufile entre les jambes de Chace pour s'accrocher au gilet de la jeune fille.
- Dis, Jude, pourquoi maman dit que ton fiancé est un gosse de riche ? Et c'est quoi d'abord un gosse de riche ?
Jude manque de s'étouffer avec son thé. Elle pose sa tasse à même les dalles de la terrasse et accueille le garçonnet dans ses bras. Chace tend l'oreille, impatient de découvrir la définition que s'apprête à fournir la jeune fille.
- Un gosse de riche c'est un garçon qui a les moyens financiers pour s'offrir tout ce dont il rêve. Mais, c'est également quelqu'un qui a besoin qu'on lui ouvre les yeux sur le monde. Alors, si un jour tu rencontres un ou une gosse de riche, soit mignon et montre-lui que les pulls qui grattent de grand-mère valent ceux tout doux de chez Dior.
Le petit blond se trémousse, un énorme sourire aux lèvres, lui-même vêtu d'un pull tricoté par l'aieule de la famille Sheperds.
- Heureux de savoir que j'ai les moyens financiers de m'offrir tout ce dont je rêve, intervient enfin Chace, amusé.
Teddy se glisse hors de l'étreinte de Jude qui fait volte-face, surprise par la présence du châtain. Les exclamations enjouées du cadet de la fratrie résonnent dans la maison de taille relativement réduite pour tant de personnes en son sein. La lycéenne reprend sa tasse et fait mine de plonger son nez dedans afin d'éviter toute mésentente.
- Je plaisante, Jude, détends-toi. En réalité, j'ai beaucoup apprécié cette définition et, j'attends avec impatience que tu m'ouvres les yeux sur le monde.
- Chace, c'est ridicule, tu le sais aussi bien que moi, tu as déjà visité la moitié de la planète et moi, je me contente de mon billet d'avion annuel entre New York et Bristol. Si quelqu'un doit ouvrir les yeux de l'autre c'est surement pas moi, réplique-t-elle.
Chace comble la distance qui les sépare et, s'emploie à jouer avec une mèche rebelle de sa chevelure. Une veine se dessine sur la paupière de Jude, bien plus prononcée que les autres. Il l'esquisse du bout de l'index.
- Tu vis à Brooklyn dans le modique appartement de ton amie, quand, évidemment, tu ne partages pas la chambre de Susan la détraquée à l'internat. Tu as quitté ta famille pour pouvoir étudier dans un lycée new-yorkais, certes public, mais de renommé et, tu as la tête sur les épaules, Jude. Je dois avouer que tu as un foutu caractère mais, tu es aussi la personne la plus forte que je connaisse. Et, c'est ce qui fait que chaque jour tu m'ouvres les yeux sur le vrai monde; pas celui frivole et superficiel dans lequel j'ai grandi et, où tout vous est servit sur un plateau d'argent.
Jude hoche lentement la tête, en parfaite approbation avec les propos du jeune homme. Puis, à la lueur du soleil couchant, elle passe ses bras autour de son cou pour nicher son nez au creux de sa gorge.
VOUS LISEZ
Quand chantent les Beatles | NaiadFreedom
RomansaDes rencontres les plus imprévisibles découlent les plus belles histoires. Celle de Jude et Chace est relativement singulière et, ça, même les Beatles ne l'avaient pas vu venir.