Quand chantent les Beatles | NaiadFreedom

Help!

Les majestueuses décorations de Noël imposent leurs illuminations flamboyantes et à l'admiration. Les touristes immortalisent leur visite au paradis et Jude se moque des musiques festives qui résonnent sur la Cinquième Avenue. Chace sirote son café fumant, un sourire amusé aux lèvres. Le nuit commence déjà à tomber; condition imposée par l'hiver. A travers ses paroles à la visée humoristique, le jeune homme perçoit une carapace se former autour de son amie. Il lit les regards emplis de jugements de ces femmes qui se promènent emmitouflées dans leur manteau en vison. Mais, il les envoie valser d'une simple oeillade vers Jude. Lui raffole de sa vieille veste en jean moltonnée et de son horrible bonnet en laine. Un détail qui l'étonne jour après jour. Il se connaît assez pour avouer son aversion envers les élèves des lycées publics et la grimace qu'il fait à chaque fois qu'il voit tous ces gens monter dans les transports en communs. 

Pourtant, il veut plonger son visage dans le cou de Jude. Il veut sentir l'odeur de la mûre de son parfum acheté pour dix dollars dans cette supérette de Brooklyn. Il adore la voir se perdre dans son pull en mailles uniformes et lui faire les gros yeux lorsqu'il ose critiquer l'écharpe que lui a tricoté sa grand-mère. 

Un homme engoncé dans son costume de Père Noël agite sa clochette à l'entrée de Tiffany & Co. Chace ne serait pas étonné de voir Jude jurer en découvrant les prix au pied des mannequins. Pourtant elle se contente d'une simple remarque.

- J'entends d'ici mon porte-monnaie crier à l'aide.

Le vieil homme et sa clochette s'approchent de la jeune fille pour entonner Help! des Beatles. 

- Help, I need somebody, help, not just anybody...

- Apparemment je ne suis pas le seul qui compte sur les Beatles pour t'attirer dans ses filets, murmure Chace à l'oreille de Jude.

Cette dernière secoue la tête, hilare, puis lance une pièce dans la canette au pied du bonhomme déjà accaparé par une horde d'enfants. 

Ils longent les imposantes grilles de Central Park pour se rendre jusqu'à Times Square. Jude y découvre un quartier vivant et dont l'agitation lui donne rapidement le tournis. Les mythiques panneaux publicitaires les encerclent, lumineux et aux couleurs aussi criardes que le pyjama de la jeune fille. Lorsque celle-ci s'arrête aux côtés de Chace, elle lui envoie un coup d'oeil malicieux.

- Je suis prête à parier que tu fais le coup à toutes les filles.

- Seulement celles dont le prénom correspont à une chanson des Beatles, les autres n'en valent pas la peine, rétorque-t-il.

- Dommage, les hommes en costard ne m'intéressent pas, il va falloir que tu te trouves une Lucy ou une Julia capable d'apprécier ta garde robe à sa juste valeur, plaisante-t-elle. 

- Bien, alors tu crois que ta grand-mère peut me tricoter un nouveau pull pour Noël ?

Jude lui asséne une énième tape à l'épaule à laquelle il répond en lui tirant la langue.