The game is a lie

Lag

J'apparais dans une clairière, entourée de hautes montagnes dont les pics enneigés percent la nappe de nuages cubiques. En face de moi se trouve un bloc de commande, avec un bouton et une pancarte.
Il y est inscrit... "XD".
D'accord. Je viens de confier ma vie à une kikoo hyperactive.
Soudain, j'entends un faible grésillement. Je me retourne en un dixième de seconde, mais n'aperçois rien de potentiellement dangereux, mis à part le monde lui-même.
"...Tu me reçois ?
- Aaah, c'était l'oreillette !
- Bien sûr, pour ta sécurité j'ai mis le monde en peaceful. Ça serait dommage qu'il t'arrive quelque-chose avant même de commencer ta mission, haha !
- Ouais... D'ailleurs en parlant de mission, qu'est-ce que je fais ?
- Tu appuies sur le bouton.
- Celui avec le message bizarre ?
- Oui. C'est juste que je trouve mon idée très drôle.
- J'ai peur."
Je m'approche lentement du bloc, avale ma salive et appuie d'un coup sec sur le rectangle de pierre.
Soudain, le monde semble se déformer... et une marée de vaches apparaît au même endroit. Mes pieds sont comme fixés au sol, je suis incapable de bouger. Ma vision se brouille.

Et je me retrouve dans une grande salle blanche, recouverte d'affiches et de panneaux avec des écritures incompréhensibles. Des lignes de code. Sur un mur se trouvent plusieurs portes à doubles battants.
"Bon, tu y es presque ! Maintenant ouvre la porte avec marqué «bug report»."
Une minute... Comment sait-elle qu'il y a des portes ? Bon je suppose qu'elle imagine juste le menu comme ça... Ce n'est pas important.
J'ouvre lentement la porte.
Ce que je vois derrière me laisse sans voix.

Une salle gigantesque s'étale à perte de vue devant moi. Des échelles et des passerelles permettent d'atteindre les centaines de portes et de panneaux fixés aux murs blancs. Ceux-ci s'étendent jusqu'au plafond, haut d'une trentaine de mètres. D'autres portes et panneaux sont fixés directement au sol, comme dans un magasin de portails en fer forgé sur mesure. Ce spectacle en lui-même est assez étrange, mais ce qui me laisse bouche bée est l'agitation qui règne parmi les... autochtones ?

On se croirait dans un aéroport, sauf que les voyageurs sont aussi étranges que dans un vieux film de science-fiction. Des humanoïdes, des animaux, des objets, des... trucs se croisent et se recroisent dans un vacarme de dialectes inconnus, de cris, de grincements et de cliquetis qui finissent par former comme une pâte sonore, s'infiltrant dans mon cerveau et m'empêchant d'aligner deux pensées cohérentes.

"Ça va ? C'est comment ?
- ZBLERKGHTFSNDG...
- Tout va bien alors ! Bon je te laisse, y'a l'émission de Druckerounet qui va commencer. Tu peux te débrouiller maintenant !
- GzbltHEEIIIIIN ?! Mais atte-"
Un grésillement, puis plus rien.

Attendez une seconde. Je suis livrée à moi-même avec ma conscience bloquée dans Internet qui ressemble en réalité à un Il était une fois la vie version 2.0.

Ok.