Une chèvre nommée Schnitzel

41 12 4
                                    

Alors.
Tout.
Va.
Bien.
Je ne suis pas du tout coincée dans un trip sous acides.
C'est juste Internet.
Ternet.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Toutes les entités se retournent et commencent à me fixer.
J'ai pas l'air maligne et je me suis faite repérer, mais bon sang ça fait du bien.

Par contre je ne sais absolument pas ce qui va m'arriver.
Soudain, tous reprennent leurs activités comme si rien ne s'était passé. Visiblement ils me prennent pour l'un des leurs.
Il faudrait quand même que je parle à quelqu'un, d'intelligent et haut placé si possible, pour me repérer et trouver une façon de sortir. Pour l'instant la soi-disant mission m'importe peu.
Je commence à déambuler entre les entités qui s'agitent en tous sens, certains portant une pile de papiers, d'autres des cartons plus ou moins volumineux, ou parfois même d'autres créatures enfermées dans des boîtes.
Au bout d'un moment, je passe devant un miroir. C'est vrai que quand je jouais j'avais mon skin habituel, mais ici c'est totalement différent... Avec toutes ces nouveautés, je ne m'en étais pas préoccupée.
Je ne suis pas exactement moi-même. J'ai toujours un air réaliste, mais on distingue de minuscules pixels, comme sur une photo qu'on zoome. Mon visage est plus fin et plus agréable à regarder. Je suis pâle, comme dans la réalité, mais mes cheveux semblent avoir fait un tour chez le coiffeur, avec un charrrmant effet coiffé-décoiffé. J'ai les yeux d'un vert perçant assez flippant. Je porte un t-shirt noir d'une propreté surnaturelle. Pas un pli. Ni mon jean d'ailleurs. Et... C'est quoi ces chaussures ? Des sortes de bottines à semelles assez épaisses avec un petit talon, et bordées de clous. J'ai jamais mis ce genre de choses... Même si ça ne me déplaît pas.
Je sais, habituellement je n'aime pas les longues descriptions mélioratives. Mais là, c'est beaucoup trop bizarre.
Bon, je ne m'en plains pas. J'aurais pu être affreuse ou pire, complètement à poil.

"Bonjour !"
Derrière moi se trouve une chèvre. Elle me regarde dans le miroir de ses yeux vitreux aux pupilles horizontales.
"Quiquequoi ? Euh... bonjour ?
- Vous n'êtes pas d'ici n'est-ce pas ?
- Euh non... Comment vous avez su ?
- C'est pas souvent qu'on croise une humaine qui erre entre les portes pendant une demi-heure. Je m'appelle Schnitzel, je suis responsable de la publicité pour le site d'images marrantes juste là."
Elle désigne un grand panneau avec inscrit "Superlolz.com, des animaux, des chaises et du fun."
"Ah, super. Euh... Je suis un peu perdue là.
- Que puis-je faire pour vous aider ?
- Je dois trouver un moyen de sortir de là.
- Pour aller où ?
- Dans le monde réel."

À ces mots, tout le monde dans l'immense salle s'arrête et me fixe d'un air assez peu avenant.
Il n'y a plus un bruit. Je sens ma peau me brûler, soit à cause de leurs regards combinés en un laser à neutrons, soit parce que je suis rouge comme une tomate.
"Ah. Bon. Viens avec moi."
Je suis la chèvre jusque dans un petit cabanon de surveillance. Les entités continuent à me suivre des yeux, jusqu'à ce que je sois cachée par des étagères remplies de bacs à paperasse. Je jette un coup d'œil ; ils sont toujours là et me regardent de leurs yeux parfois inexistants, sinon écarquillés. On se croirait dans un film d'horreur.

Schnitzel me ramène à la très virtuelle réalité.
"Euh... Bon. Je ne suis qu'un responsable publicitaire, et autant te dire que cette situation est sans précédent. Mais je te crois, et je vais essayer de t'aider. Je ne sais pas ce que je ferais si je me retrouvais coincée dans le monde matériel, mais je serais heureuse de trouver quelqu'un pour me soutenir un minimum. Et puis je dois avouer que c'est terriblement excitant !
Enfin bref, je crois que je sais où trouver des responsables pour passer la frontière. Il faut que tu ailles dans les Grands Centraliseurs."

The game is a lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant