L'ascenseur de la terreur

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Les Grand Centraliseurs ? Je suppose que c'est précisément là où je devrais aller si j'avais l'intention de suivre les consignes des ces drogueurs de parents.
Haha.
Nope.
Enfin de toute façon je dois y aller pour avoir une chance de sortir un jour... D'après la chèvre qui parle.
C'est toujours mieux que de rester indéfiniment dans la même salle monotone et beaucoup trop agitée.
Enfin plus trop maintenant.

Nous sortons en catimini, mais nous sommes aussi discrètes que de la chantilly sur un Schtroumpf. Malgré tout ils ne bougent pas et se contentent de nous suivre des yeux. Visiblement c'est la seule chose qu'ils sachent encore faire.

Nous arrivons devant une petite porte d'ascenseur, assez large pour une personne et située dans le coin le plus coiniforme de toute la salle. Le bouton d'appel paraît neuf, preuve qu'il n'est pas très utilisé. D'ailleurs il n'y en a qu'un seul, pour descendre.
Vers les enfeeeeers...
"Non non, c'est juste qu'ici c'est un étage officiel, ils occupent tous les étages supérieurs."
Oups, j'ai pensé tout haut.
Schnitzel appuie sur le bouton.
La porte s'ouvre sur une cage d'ascenseur aussi étroite que la porte, particulièrement sombre et aux murs tapissés de boutons. Certains ne comportent que des numéros - j'aperçois un 682 et un 1048 - tandis que d'autres sont soulignés de plusieurs lignes d'étiquettes partiellement décollées.

Accidents lors de défis en ligne - région Poitou-Charentes - brûlures, étouffements, encornements et blessures mineures - bureau des réclamations.

Forum sur les bienfaits thérapeutiques de la pornographie.

Et maintenant, on est cools ?

C'est... varié.
Maintenant que j'y pense, je me demande bien où on va. J'espère que c'est pas dangereux ni... Déshabillé.

Schnitzel appuie sur un bouton placé au ras du sol, et portant l'inscription Laboratoire de recherches pseudoscientifiques et sociologiques.
L'ascenseur commence à descendre. Vite. Très vite. De plus en plus vite. Mes pieds se décollent du sol et je finis la tête en bas en quasi-apesanteur.
Ma camarade, elle, se tient bien droite, les pattes croisées et l'air le plus neutre du monde. Enfin même si je n'ai jamais étudié les expressions faciales des chèvres.

Soudain, l'ascenseur ralentit et s'arrête, passant de 100km/h à 0 en cinq secondes. Je suis collée au plafond puis je retombe lourdement sur le dos, les membres dans tous les sens comme une araignée morte. Ma conscience a beau être emprisonnée dans un corps de pixels, je ressens encore la douleur. En l'occurrence c'est ma colonne vertébrale que je ne sens plus.

Schnitzel se réceptionne sur ses quatre pattes et sort de l'ascenseur comme si de rien n'était, pendant que je m'empresse de ramasser les morceaux de mes cervicales et de ma dignité.

Je me dépêche de la suivre, et pénètre dans un couloir aussi large que haut, peint en blanc de haut en bas, et traversé par des dizaines d'entités humanoïdes (la plupart ressemblent à des humains normaux) habillées de blouses blanches parfois plus très blanches.
Elle m'entraîne dans un dédale de couloirs tous identiques bordés de portes aux indications peu rassurantes comme réactivité des amphibiens aux explosifs de niveau 2 ou encore ablation des oreilles sans anesthésie - mammifères et humanoïdes.

Au bout d'un moment elle s'arrête devant une porte parfaitement banale. La pancarte indique Docteur suprême en chef. Hein ?
Nous entrons sans frapper.

Un homme nous accueille avec un grand sourire que je n'arrive pas à définir, entre amical et carnassier. Ses yeux, l'un bleu et l'autre rouge - comme Négapi et Posipi, oui ça me fait rire - luisent comme des néons.
Il porte la blouse blanche réglementaire ouverte sur une chemise tout aussi immaculée.
Lorsqu'il se lève pour nous saluer, je remarque qu'il ne porte pas un pantalon mais un magnifique bermuda à fleurs assorti d'une paire de tongs du plus bel effet.

Il nous adresse la parole d'une voix doucereuse de médecin.
"Bonjour Schnitzel, ça faisait longtemps ! Alors ce traitement ? Mais je vois que tu as amené une charmante jeune fille ! Ravi de vous rencontrer mademoiselle, bienvenue chez Doctissimo® !"

The game is a lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant