Chapitre 1.

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« Joyeux anniversaire, Lana ! »

J'ouvrai les yeux, éblouie par la lumière du soleil matinal et toujours engourdie par le sommeil, le rêve de ma naissance - que je faisais tous les ans, la nuit du 1er août, celle de mon anniversaire – toujours en tête. Je clignai des yeux avant de les poser sur ma mère. Elle portait un plateau sur lequel était disposé un petit déjeuner qui aurait pu nourrir une famille entière.

Je m'exclamai :

« Oh ! Merci, maman !

- De rien, mon cœur. Bien dormi ? Ton père est déjà parti travailler, on fêtera tous ensemble ton anniversaire ce soir, d'accord ?

- D'accord ! »

Soudain, mes frères, vêtus de leurs pyjamas Oui-Oui, leurs cheveux blonds ébouriffés, déboulèrent dans ma chambre en criant :

« Nana ! Nana ! Bon anniversaire !

- Salut les gars, dis-je en leur donnant à chacun un bisou sur la joue. Bien dormi ?

- Nana, cria Antonin, Maman nous a dit ton cadeau ! C'est ...

- Chut ! intervint ma mère, gardez le secret jusqu'à ce soir, d'accord ? »

Ils acquiescèrent vivement et sortirent de ma chambre en courant, sans doute vers la cuisine d'où s'échappait une délicieuse odeur de pain grillé.

« Bon, j'y vais, avant qu'ils ne repeignent la cuisine de Nutella, dit ma mère en souriant. Régale-toi !

- T'as raison, dépêche-toi, répondis-je, hilare. Et merci encore pour le petit déjeuner ! »

Elle sortit, m'embrassant sur le front au passage, et ferma doucement la porte derrière elle.

J'écoutai avec amusement les cris de mes diablotins de frères : il étaient sans arrêt en train de faire des bêtises. Hier, par exemple, ils avaient tellement sauté sur le lit de mes parents qu'ils en avaient cassé les lattes, puis Mme. Cancel, la voisine, les avait retrouvés dans son pommier, en train de manger ses fruits qui n'étaient pas encore mûrs. Je me demande bien comment ils ont pu en avaler autant alors qu'ils avaient déjà mangés tous ceux, encore moins murs, de notre jardin ! Et je me rappelais encore du jour de leur naissance, il y a trois ans, où, à l'hôpital, j'avais pleuré de rire en voyant leurs grosses têtes rouges, tandis que ma mère, elle, pleurait de joie.

Je commençai à grignoter distraitement une tartine de beurre, riant intérieurement des méfaits d'Antonin et Timéo. Quand je voulu me redresser, je fis trembler le plateau et reversai mon verre d'eau. D'un geste désespérément inutile, je tentai de le rattraper, et là, quelque chose de très étrange se produisit. J'eus l'impression de voir la scène au ralenti : l'eau qui s'élançait vers ma couette se stoppa soudain puis retourna dans le verre, qui se stabilisa.

Je restai un instant immobile, me demandant si j'avais rêvé... Le cœur battant, je renversai une nouvelle fois mon verre pour essayer de recommencer et... l'eau s'étala sur mon lit. Je n'étais pas encore bien réveillée...

Mon petit déjeuner englouti, le ventre prêt à exploser, je me dirigeai vers la salle de bain, slalomant entre les jouets de mes frères. Une fois déshabillée, je tirai le rideau et entrai dans la douche. J'ouvris le robinet, et laissai l'eau couler un instant, attendant qu'elle devienne chaude... Ce qui n'arriva pas. Oh, non...

« Maman ! m'époumonai-je, tu as encore pris toute l'eau chaude ! »

Pourtant, quelques secondes plus tard, de l'eau bouillante jaillit du pommeau de douche, me brûlant les doigts au passage, et la salle de bain ne tarda pas à être envahie par la vapeur. Ça devait être la première fois en six mois que je me douchais à l'eau chaude, un vrai bonheur ! Ma mère avait enfin dû acheter un ballon d'eau chaude plus grand ! Je n'arrêtais pas de la harceler avec ça depuis que je savais parler : chaque matin, je passais sous la douche après elle et après l'eau chaude. Et à chaque fois que je le lui reprochais, elle répondait toujours la même chose : « Chérie, ne m'en veux pas. Je fais ça pour toi : l'eau froide, c'est bon pour la peau. » S'en suivaient alors de longs débats sur le fait qu'elle pouvait aussi s'occuper de sa peau à elle, et laisser celle des autres tranquille...

Lana CleeseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant