Chapitre 5.

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     La première semaine se déroula sans accrocs. Les cours étaient passionnants et les heures passaient à toute allure, en particulier celles de maîtrise pratique, en amphi. Tous les matins, la captivante Mme. Eliacin enseignait aux Structor l'art de la domination de leurs pouvoirs. En plus de nous apprendre les rudiments de la maîtrise de l'eau, l'affinement de la technique, le perfectionnement et l'emploi de notre pouvoir au quotidien, elle nous apprenait à en faire un art à part entière, à contrôler notre pouvoir avec habileté et style. En une semaine à peine, je rattrapais le retard de mes trois années manquées à l'Académie. Toutes les classes de troisième année assistaient aussi, une heure par semaine, à des cours de maîtrise défensive et offensive, où l'on apprenait des techniques d'attaque primaires, de neutralisation et de défense commune et individuelle. C'était une discipline très complexe, qui demandait un maximum de concentration et beaucoup d'énergie. C'était la manière que je réussissais le moins, même si je me donnais beaucoup de mal.

Malgré cela, je suivais assidûment chaque cours et prenais le temps, chaque soir, pour étudier dans les salles de travail remplies d'élèves surchargés de devoirs dès la première semaine de cours. Je m'étais rapidement habituée au rythme scolaire ardu de l'Académie, et étais aidée par Victor qui répondait à mes questions en un temps record. Nous étions dans la même classe pour pratiquement tous les cours, excepté ceux de maîtrise et ceux d'éducation physique, auquel j'allais me rendre pour la première fois l'après-midi du vendredi.

En uniforme de sport composé d'un short un peu trop court et d'un tee-shirt blanc miteux, j'étais accompagnée de Rebecca, grande sportive qui pratiquait des arts martiaux depuis des années. Dans ce cours, nous apprenions à développer nos compétences sportives naturelles : l'équilibre, la force, la motricité, la vitesse, l'endurance, la concentration, le réflexe, la dextérité. Nous travaillions par binômes dans une ambiance très différente des cours de sports de mon lycée de l'autre monde. Chacun était concentré, ne prêtait attention qu'à ses propres gestes et ne réagissait qu'à la voix de M. Canon, le professeur. Bizarrement, j'appréciais ce moment de pause, de césure avec le rythme de travail acharné de la semaine. C'était en quelque sorte un temps de méditation, de relâchement de toute la pression accumulée et cela me faisait un bien fou. Cette sensation, à la sortie du cours, d'être complètement lessivé était jouissive. Je sortis du gymnase, situé dans les combles de l'aile Sud du château, et m'asseyais contre un mur près de la porte pendant que la salle se vidait, attendant que Rebecca finisse de raconter ses vacances à Joshua, un grand garçon très musclé, qui avait des biceps à peu près équivalents à mon tour de taille. De l'autre côté du couloir se trouvait une salle de classe vide aux murs fins comme du papier, où deux personnes entretenaient une discussion des plus animées. Des éclats de voix me parvenaient, on aurait dit une dispute de couple. Curieuse, je m'approchai, curieuse, et collai un oreille contre la porte.

« Vraiment très, très prometteur, je te jure...

- Je demande à voir, répondit une voix masculine. D'autres élèves le sont aussi, ici.

- Réfléchis, il faut réagir maintenant, ses pouvoirs se développent à toute vitesse, il faut en prendre contrôle maintenant ...

- C'est bon, on peut y aller, dit Rebecca en sortant du gymnase. Qu'est-ce que tu fabriques ? Ajouta-elle en me voyant collée à la porte.

Je m'empressai de m'écarter et d'avancer dans le couloir, tirant vivement Rebecca par le bras :

- Il y avait des gens dans cette salle, une femme et un homme. Ils parlaient de quelque chose, ça avait l'air très sérieux, genre un plan machiavélique...

Lana CleeseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant