Chapitre 7.

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     La reprise des cours se révéla brutale mais bizarrement agréable. J'adorais ne rien faire de mes journées, en vacances, mais apprendre était vraiment jubilatoire, surtout à l'Académie, où chaque cours était passionnant. J'avais retrouvé Victor, qui paraissait radieux, la semaine de repos semblait lui avoir fait un bien fou : il était plus affectueux, moins tendu et plus badin, un changement qui était délicieusement surprenant. En fin de journée, je pris le chemin champêtre jusqu'à l'amphithéâtre, où devait se tenir mon rendez-vous secret avec Jude. Il était déjà là, adossé à un arbre, les mains dans les poches, d'un air décontracté sexy. C'était probablement le seul qui pouvait être sexy même en portant des vêtements aussi moches que l'uniforme scolaire de l'Académie.

- J'ai failli attendre, dit-il en m'apercevant.

- Quelle charmante façon d'être saluée ! répondis-je joyeusement. Alors, pourquoi tu m'as fait venir jusqu'ici ? Tu vas m'avouer ton amour ?

- Tu aimerais bien, répliqua Jude avec son sourire en coin. Mais malheureusement non.

Il me fit signe de le suivre, puis s'enfonça dans les fourrés. Marchant d'un pas vif devant moi, je dus presque courir pour arriver à sa hauteur.

- Où est-ce qu'on va ? Il va bientôt faire nuit !

- Pas très loin, froussarde. Je te croyais plus courageuse, dit-il d'un ton moqueur.

- Déjà, je n'ai pas peur, annonçai-je. Mais je ne sais pas du tout où nous sommes, alors tu ne me laisse toute seule ici !

- Tu as intérêt à être très gentille avec moi, alors ! On y est, ajouta-t-il.

Jude s'écarta pour me laisser passer devant lui. Je franchis les dernières fougères pour entrer dans une merveilleuse petite clairière dans laquelle un petit ruisseau prenait sa source. L'herbe émeraude était parsemée ici et là par des fleurs de toutes les couleurs, et le soleil couchant illuminait les lieux d'une lueur crépusculaire. J'avançais doucement, sentant l'air frais ébouriffer mes cheveux, le doux bruit de l'onde coulant entre les pierres blanches sonnant comme une musique à mes oreilles. Je me retournai, et fis face à Jude.

- C'est magnifique.

- Je trouve aussi, dit-il en me souriant. Personne ne vient jamais ici, j'ai découvert cet endroit l'année dernière. Je viens parfois, quand je m'ennuie, ou quand les gens m'ennuient. C'est très reposant, très calme.

- Tu viens de me dévoiler ta cachette secrète ?

- Apparemment. Mais il fallait vraiment qu'on parle sans oreilles indiscrètes.

- C'est à propos du changement d'emploi du temps ? Tu sais, c'est pas si grave, je...

- C'est plus que ça, me coupa-t-il calmement, d'un air grave. Je pense que tu devrais prendre ça au sérieux. Je me suis posé beaucoup de questions, ça a tourné dans ma tête pendant toute la journée. Personne n'est jamais convoqué chez Prestwick, et encore moins pour ce genre de chose. Les cours que l'on t'a supprimés sont des plus importants, tu dois apprendre à te battre et à te défendre. Surtout dans les circonstances actuelles, tu ne seras pas toujours en sécurité à l'Académie.

- Quelles circonstances actuelles ?

- Le décès de la Reine Alma. Personne ne t'en a parlé ?

- Si, Victor m'a dit que la Reine était morte pendant l'été, et qu'un gouvernement provisoire avait été mis en place.

- Le truc, c'est que personne ne sait vraiment comment elle est morte. Certains disent qu'elle était très malade, d'autres qu'elle s'est tuée, mais pour moi, ce ne sont que des balivernes. Je pense qu'elle a été assassinée, et que c'est justement le gouvernement en place qui a décidé de tout passer sous silence. Pour ne pas provoquer trop d'agitation. Le royaume est en équilibre instable, cela dure depuis quelques années, et avec la mort de la Reine, tout s'est accentué.

Lana CleeseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant