Chapitre 11.

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          Je n'étais jamais tombée amoureuse. Même pas de Ben, et Dieu sait que nous étions restés ensemble un bon bout de temps. Mais j'étais tombée amoureuse de Jude et de sa coupe de cheveux de héro. J'étais dans la merde pour me sortir d'une telle situation délicate, surtout si il commençait à m'embrasser par surprise. Il avait une copine et, bien qu'elle soit insupportablement insipide, je ne voulais pas être la fille qui brise les couples. J'étais donc décidée, au petit matin, à refuser toute nouvelle avance de Jude si il avait le culot de récidiver. Seulement, dans la salle à manger, Glannon mit brutalement fin à mes réflexions philanthropes.

- Eh, vous savez quoi ? Alessia s'est fait larguer hier.

J'avalai de travers ma gorgée de thé, choquée. Je l'avais prédit ! Et dans ce cas-là, Jude m'avait embrassée en toute impunité. Des papillons s'envolèrent dans mon ventre.

- Pourquoi ça ? demanda Penelope, curieuse.

- J'en sais rien du tout. Je suis passé voir Thays dans sa chambre et elle était occupée à consoler Alessia, qui pleurait comme une madeleine en répétant qu'elle était certaine qu'il voyait quelqu'un d'autre.

Cette fois, mon ventre se noua. Pourtant, je n'avais rien fait de mal, je n'avais rien à me reprocher : ils n'étaient plus ensemble quand nous nous étions embrassés. Malgré cela, je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable, et le regard de Rebecca sur moi ne fit qu'attiser cette sale sensation de mal-être. Elle s'éclipsa, prétextant avoir du travail à faire, et m'entraina avec elle jusqu'au dortoir.

- Tu le savais ? Pour Alessia et Jude ?

- Non, je ne savais pas, dis-je l'air de rien.

Elle me regarda fixement.

- Est-ce que... tu y es pour quelque chose ?

La question qui tue. Ecoute, ma poulette, je t'assure que j'adorerais que Jude largue une fille pour moi, mais je ça n'est probablement pas le cas. Le baiser que nous avions échangé dans la grange ne signifiait rien. Pour lui en tout cas.

- Jude ne l'as pas trompée avec moi, si c'est ça que tu veux dire.

C'était la vérité, non ? Enfin, c'était une demi-vérité, vu qu'ils venaient à peine de rompre au moment du crime.

- Ok, répondit-elle en haussant les épaules.

Elle s'allongea sur son lit, ouvrant un magazine, tandis que je récupérai mes livres de classe que j'emportai hors de la chambre, jusque dans la salle de travail bondée, où je m'assis à côté de Victor qui m'avait gardé une place, prête à me remplir la tête de choses plus intéressantes que des histoires de couple ridicules. Cinq longues heures plus tard, après avoir terminé ma dissertation de philosophie, une crampe au poignet et le cerveau prêt à exploser, je quittai Victor en emportant avec moi mes affaires. J'arpentais les couloirs quand j'entendis, dans mon dos, le bruit rapide de chaussures claquant sur le carrelage des corridors de l'Académie.

- Lana ! fit une voix essoufflée.

Je me retournai pour faire face à Jude, qui se tenait debout à quelques mètres de moi, à l'autre bout du couloir. Il me regardait avec douceur, et ses yeux noisette firent fondre mon cœur. La dernière fois que j'avais croisé ce regard, j'avais une main sous son tee-shirt, alors j'aurais probablement dû être gênée de le revoir. Mais non, j'étais juste heureuse, comme un ange au paradis. Parmi tout ce que j'aurais pu lui dire, j'ai simplement sorti :

- Salut.

- Salut !

Progressivement, ses lèvres s'étirèrent pour former un magnifique sourire, le genre de sourire auquel une nonne aurait pu succomber. Il s'approcha prudemment de moi, je ne bougeai pas d'un pouce, hypnotisée par ses charmes. D'un coup, les images de la veille me revinrent en mémoire, alors que mes perspectives de rester loin de lui s'envolèrent. Sans que je ne puisse m'en empêcher, je souris, pour le plus grand plaisir de Jude, dont les yeux pétillaient. Il prit délicatement mon menton entre ses doigts et posa ses lèvres sur les miennes. C'était un baiser chaste, doux, complètement diffèrent de la fougue de la veille. Une fois de plus, j'eus l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds, c'était à mon goût la plus belle sensation du monde. Ses bras agrippèrent ma taille et il me serra très fort contre lui. Son baiser se fit plus ardent, et il recula doucement vers le mur quand...

Lana CleeseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant