Lana Cleese

Chapitre 12.

     L'arrivée des vacances fut un soulagement. C'était seulement une semaine, bien trop courte mais libératrice. Je passai beaucoup de temps avec Charlotte, Hector, Felix, pour me changer les idées : c'était une vraie rupture avec ma vie à l'Académie, et ça tombait parfaitement bien. Nous étions ensemble toute la journée, nous sortions tous les soirs, parfois sur la plage, d'autres fois chez des anciennes connaissances de mon ex-lycée. Comme si le Ciel s'acharnait contre moi, le second soir, pendant une grosse soirée chez un gars prénommé Adam, je tombai nez à nez avec Ben, mon ex. Ce dernier tenait par la taille Elodie Marckias, ma pire ennemie, énorme connasse, distançant largement Alessia. Elle me toisa de ses petits yeux trop écartés, chuchota quelque chose d'incompréhensible à Ben, puis ils s'en allèrent dans un éclat de rire. Je ris intérieurement, en pensant à la dernière fois que je l'avais croisée, à sa sale face de hyène dégoulinant de maquillage. Elle pouvait bien rire de moi avec son nouveau mec, rien ne pourrait égaler le mépris que j'avais pour elle. Comment avaient-ils pu finir ensemble tous les deux, d'ailleurs ? J'étais carrément déçue par Ben, il était con mais il valait quand même mieux qu'elle. Mais outre ce petit désagrément, c'était une super soirée.

Eliad vint me chercher le dimanche matin pour rentrer à l'Académie. Du moins, c'est ce que je pensais être notre destination, mais après avoir troublé mon doux sommeil à 8 heures du matin, il m'emmena en voiture jusqu'au centre-ville.

- Dans un mois, il y a le bal du printemps, tu sais bien, Lana. Il te faut une belle robe, je ne vais pas te laisser te ridiculiser avec ces jeans tous troués, m'expliqua-t-il en désignant mon pantalon.

J'ouvris la bouche pour protester, mais il fit taire d'un geste et continua :

- Donc apparemment, personne ne t'en as parlé. C'est le 21 mars, le jour de l'équinoxe du printemps, une fête importante dans le monde Structor, notamment pour les Structor de la terre, et tu le sais, Mme. Debessy l'est. Chaque année, un bal est organisé pour fêter l'avènement du renouvellement de la nature, de la vie après l'hiver, tout ça. Une tenue de soirée est de rigueur, alors il faut t'en trouver une avant de tu repartes.

- Chouette ! Une journée shopping entre copines ! On va s'amuser, répliquai-je sarcastiquement. 

Il me regarda l'air amusé, puis s'arrêta de marcher un moment pour contempler la longue rue piétonne qui s'étendait devant nous : des dizaines de boutiques de chaussures, prêt-à-porter, bricolage, jouets, bijoux et même de thé.

- On trouvera bien quelque chose ici.

Ainsi, pendant trois longues heures, nous fîmes le tour de tous les magasins de l'avenue pavée, je défilai encore et encore devant Eliad, puis je trouvais enfin mon bonheur dans une petite boutique de fripes. C'était une longue robe en satin bleu canard, qui tombait élégamment jusqu'à mes pieds, avec un corsage froncé qui laissait une partie de mon dos nu. C'était une robe vraiment extraordinaire, son satin scintillait et semblait couler entre mes doigts, comme de l'eau. Elle me donnait l'impression d'être drapée d'une onde douce, fraîche, limpide.

Après avoir trouvé mon trésor, je fus tirée de force par Eliad chez le coiffeur, pour « raccourcir tout ça, c'est plus des cheveux, c'est des rideaux ». Je ressortis, et ma longue chevelure emmêlée auburn avait laissé place à un carré lissé aux épaules. J'en étais assez satisfaite, finalement. Quand une femme change d'homme, elle change de coiffure, n'est-ce pas ?

Nous rentrâmes ensuite à la voiture, et il m'envoya dans l'autre monde.

A l'Académie, l'ambiance était chaleureuse et festive, dès les premiers jours de la rentrée. Toute l'école était d'ores et déjà excitée par le bal, qui aurait lieu dans un peu moins de trois semaines. Rebecca avait prévu de s'y rendre avec son Hercule, Victor avait demandé à Penelope de l'accompagner. Quant à moi, j'étais seule pour le bal, mais ça ne faisait ni chaud ni froid. Rebecca paraissait plus désespérée que moi du fait je n'ai pas de cavalier.