Chapitre 4.

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« Driiiiing ! »

La sonnerie stridente du réveil résonnait dans la pièce, retentissant dans ma tête comme un marteau piqueur. Tirée du sommeil, j'extirpai mes jambes de la moiteur des couvertures en ouvrant précautionneusement un œil. La douce lumière du soleil matinal fusait à travers les grandes fenêtres et éclairait la pièce, et les filles sortaient peu à peu la tête de leurs draps, émergeant d'un lourd sommeil réparateur. J'entendis le ruissellement de l'eau dans une douche, et je m'éveillai brusquement. Je devais absolument me doucher ce matin si je ne voulais pas sentir le chameau pour mon premier jour de cours, alors je me levai hâtivement, assemblai mes affaires et me précipitai la seconde cabine de douche qui était encore inoccupée. L'eau était particulièrement fraîche, et, même si cette matinée commençait dans une touffeur étonnante pour une journée de septembre, je m'appliquai à la réchauffer. Voilà à quoi me servaient mes super pouvoirs ! Ils seraient tout de même bénéfiques à la fille qui frappait depuis quelques minutes à la porte de ma cabine. Je me félicitai d'avoir trouvé le courage de me lever pour avoir accès à une douche avant la fin du petit déjeuner et laissai finalement la place à la fille, qui avait encore les yeux tous bouffis et la trace de son oreiller sur la joue. Elle s'appelait Maeliss, une petite brune aux airs asiatiques qui semblait détester l'école. Elle ne parlait que très peu et restait la plupart du temps avec une autre fille, aux cheveux rouges, qui n'était pas dans notre dortoir. J'avais tenté une approche, la veille au soir, mais j'avais eu comme l'impression qu'un regard de dédain n'était pas un signe de bons sentiments, alors j'avais laissé tomber. Je me préparai, puis descendis prendre mon petit déjeuner dans la salle à manger, accompagnée de Penelope. Comme hier, des céréales, des toasts, du jus d'orange et autres mets délicieux étaient disposés au centre de la table rectangulaire. Après m'être servie une grande tasse de thé et une demi-douzaine de toasts tartinés de confiture de framboise, je jetais un coup d'œil à mon emploi du temps. En croquant dans une tartine, je demandai :

- Il n'y a pas marqué le numéro de ma salle pour mon premier cours. Tu sais où se déroulent les cours de maîtrise pratique ?

- Vraiment ? C'est marqué dans mon emploi du temps, répondit Penelope, distraite. Certains cours de maîtrise sont en amphi. Dans les bois, il y a un grand amphithéâtre, du genre qui date de plusieurs siècle. C'est très grand et très beau, et les premières années en sont interdis d'accès. L'année dernière, nous n'y allions qu'une heure par semaine, mais cette année, on y passe beaucoup plus de temps ! C'est cool, tu verras.

Une demi-heure plus tard, nous étions assises sur les gradins du vaste édifice antique en hémicycle dissimulé dans la forêt bordant le grand manoir. Petit à petit, les élèves arrivaient et remplissaient l'amphithéâtre, tandis que sur la place centrale, deux professeurs entretenaient une discussion plutôt animée en riant à gorge déployée. L'un était le parfait cliché d'un professeur d'école : des lunettes rectangulaires, un crâne dégarni et une moustache brune bien fournie, il portait un pull sans manche violet foncé sur une chemise blanche qu'il ne cessait d'ajuster. L'autre professeur était une vieille femme très élégante, avec des cheveux argentés coupés au carré qui tombaient sur ses épaules et des yeux bleus intelligents qui souriaient constamment.

Quelques secondes plus tard, les deux professeurs devinrent silencieux et fixèrent l'assemblée avec patience. Puis, prenant tout le monde par surprise, un violent coup de vent fit frémir les feuillages et ébouriffa mes cheveux, comme un appel au silence qui se répercuta dans toute la clairière. En un instant, toute l'attention était désormais portée aux professeurs debout au centre, visibles de tous. Quand le professeur Eliacin s'exprima, sa voix claire et puissante vibra en moi. C'était la femme la plus charismatique, la plus fascinante qu'il m'ait jamais été donné d'écouter, et le cours le plus magistral de ma vie.

Lana CleeseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant