Chapitre 11 :

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Debout sous l'eau chaude qui se déversait continuellement sur lui, Ludovic réfléchissait.
Du moins il essayait, mais il n'y arrivait pas. Les pensées étaient trop bruyantes dans sa tête, elles l'empêchaient complètement de se concentrer. Plus que des pensées, c'était des questions et des insultes hurlées à lui-même.

Pourquoi ? Pourquoi ne me rejette-t-il pas ? Enfoiré ! Pourquoi n'est-il pas parti ? Tu l'as violé ! Pourquoi a-t-il dit ces paroles gentilles, alors que je ne suis qu'un...? Déchet ! Voilà ce que tu es ! Oui, sans doute. Pourquoi m'a-t-il pris dans ses bras ? Tu a laissé ta bite prendre le contrôle de ton corps ! Pourquoi m'a-t-il embrassé ? Tu n'es qu'une merde, même pas foutu de te contrôler toi-même ! Est-ce que ça voulait dire qu'il me désirait vraiment, à ce moment-là ? Tu sais pourtant pertinemment qu'il est fou d'Hugo, et toi tu le baise ! Je ne pouvais plus... Exactement ! C'est pour ça que tu n'es qu'un faible ! Je l'aime tellement... Tu DOIS te retenir ! Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, hein ?!

Ludo grinça des dents pour se retenir de pleurer de nouveau. Il n'en savait foutrement rien, de ce qu'il allait bien pouvoir faire. Il ne se faisait aucune illusion : Jonathan n'était pas amoureux et ne voudrait jamais former un véritable couple avec lui. Celui qu'il voulait, c'était Hugo bien entendu.
Il avait commis l'irréparable. Il avait abusé de John alors qu'ils étaient bourrés, il l'avait...
Mais John venait de dire qu'il était consentant. C'était bon, alors ? Non. Il ne pouvait pas être sincère. Pourtant Ludo le connaissait : Jonathan était le type le plus gentil et sincère du monde, il n'aurait pas pu lui mentir sur un truc pareil !

N'est-ce pas ? En es-tu bien sûr ? Justement, cette gentillesse ne le pousserait-elle pas à te faire croire qu'il n'y a aucun problème, simplement pour que tu ne sois pas un boulet pour lui ? Imagine ce qu'Hugo penserait de lui s'il l'apprenait ! John ne l'a pas abandonné, et tu serais une gêne dans ses plans si tu étais trop bruyant.

Alors c'était ça.... Oui, c'était logique. Même si Jonathan était blessé par ce qu'ils avaient fait cette nuit, il n'en montrera rien dans le seul but de n'avoir aucune contrariété avec Hugo. Il ne pouvait pas en être autrement, de toutes façons : John ne l'aimait pas. S'il s'était laissé faire, cela devait être à cause de la boisson et de son choc émotionnel de la journée.
Il sortit de la douche et commença à se préparer sans grande conviction. Il fallait faire comme si de rien n'était, alors ? Faire comme si cette nuit n'avait été qu'un rêve ?
Un rêve. Ludo esquissa un sourire cynique. Il s'était empêché de dormir toute la nuit pour éviter la peur que ce moment passé en John ne soit qu'un rêve, justement.
Quand ils ont eu fini de...ben de coucher ensemble, il ne pouvait pas fuir ces mots indéfiniment après tout, Jonathan s'était presqu'aussitôt endormi sur le canapé, épuisé. Ludo s'était refusé ce privilège. Il s'était simplement assis sur le sol glacial aux côtés de celui qu'il aimait et avait commencé à fixer le mur. Il n'avait plus aucune notion du temps, la nuit était tombée mais il n'avait aucune idée depuis combien de temps. John avait grelotté dans son sommeil, c'est alors que Ludovic s'était rendu compte qu'ils étaient tous les deux nus dans une pièce très peu chauffée. Il s'était alors empressé de dégotter à son protégé de quoi se réchauffer, faisant fi de son propre corps frissonnant. Quand il était revenu pour couvrir Jonathan d'un plaid épais, il avait pu regarder son corps endormi. Qu'est-ce qu'il était beau putain. Musclé mais pas trop, juste pour avoir un magnifique corps bien dessiné, des membres fins, une barbe noire rasée... L'amour embellit, il paraît, avait pensé Ludo, et bien ça n'avait jamais été aussi vrai. Le simple fait de le regarder l'avait amené au bord des larmes tant il était ému.
Putain d'amour. Pourquoi s'était-il pointé, ce gros bâtard ? Pour le faire souffrir ? Pour les faire souffrir ? Quel enfoiré...
Face à ses idées noires, il avait attendu. Attendu quoi ? Il ne savait pas. Peut-être que John se réveille, peut-être que lui-même ne meure de froid, nu sur le sol, peut-être un miracle qui le ramènerait en arrière pour s'empêcher de violer son amour... Durant toute la nuit ce mot chuchotait à son oreille, s'insinuait dans son crâne, rampait dans son cerveau, souillait ses neurones...
Violviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviolviol
Tu as commis un viol sur celui que tu aimes.
Et pourtant désormais il se sentait mieux. Avoir pleuré devant Jonathan lui avait fait du bien, ses mots lui avait fait du bien, tout allait bien.
Enfin non, pas tout non plus, il ne fallait pas exagérer.
Ludo sortit de la salle de bain et rejoignit John dans la cuisine. Ce dernier lui sourit et lui tendit un mug de café.

Dis Moi Pourquoi Tu Te Fais Des Philms ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant