Chapitre 6 :

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"... Et maintenant, tu l'sais !
- Ok c'est bon mon gars, c'est dans la boîte !"

Jonathan sourit et se laissa aller dans le canapé gris, satisfait. Il se sentait toujours bien après avoir fini de tourner une Express'ion, il avait l'impression d'avoir accompli quelque chose de bien...

"Bon, ça te dit une bonne petite boisson fraîche avant de changer le décor ?" demanda Hugo en se dirigeant déjà vers le frigo.

Jo soupira intérieurement. De toute façon il ne pouvait pas dire non, sinon Hugo s'inquièterait vu qu'il ne refusait jamais un rafraîchissement en temps normal.
Mais là, ce n'était pas un "temps normal". Jo avait finalement pris sa décision : il devait se déclarer. Et il le ferait... plus tard, après s'être hydraté.

"Ça te dit une bière ? Il y en a plein en rab depuis l'autre soir ! proposa Hugo depuis l'autre côté du studio.
- Euuuuh... Ben ouais allez, pourquoi pas ?" répondit l'autre en haussant les épaules.

Son cœur battait la chamade. Il allait vraiment lui dire ? Qu'il l'aimait ? Là, maintenant ? Non... Si ! Il le fallait ! Un râteau, c'est vite pris, et après on peut décemment tenter de passer à autre chose !
Mais pas tout de suite. Pas encore.
Hugo revint avec les bières en sifflotant. Il en lança une à Jonathan avant de s'effondrer à son tour dans le canapé puis de croiser ses jambes sur la table basse tout en décapsulant la sienne. Il but une gorgée, soupira d'aise et joua un instant avec sa petite bouteille verte.

"Eh Jo, tu te rappelles pourquoi la bière fait plus pisser que l'eau ? questionna-t-il soudainement.
- Euuuuh... Non. Franchement je m'en souviens plus, désolé mec !
- Pas grave, ça me permet d'étaler ma scieeeeeeence ! reprit-il avec un mouvement théâtral (avec l'autre main que celle qui tenait la bière bien sûr !). Et bien en fait c'est dû au houblon présent dans la composition de la bière, puisque ça a pour fonction d'accélérer le travail des reins ! Mais là est l'idée reçue : on ne pisse pas plus, mais on a envie de pisser plus rapidement, tu saisis la nuance ?
- Ah ben ouais, si tu le dis."

Jo porta sa bière à ses lèvres en tentant de ne pas laisser ses mains trembler. Sans grand succès. Il sentit le regard étonné de son "ami" sur lui et la panique l'envahir petit à petit.
Allait-il vraiment le faire ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, le harcelant, le tourmentant, ricochant contre les parois de son crâne comme un millier de billes en acier. Un enfer qu'il lui fallait arrêter en se lançant. Maintenant.

"Jo, qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea Hugo, un air décidémment fort soucieux sur le visage.
- M...moi ? R-rien du tout... Tout va très bien.
- Arrête tes conneries, je suis pas aveugle, il y a un problème, et ça à l'air plutôt sérieux."

Son regard marron était trop insistant.

"C'est rien... Juste... Juste un truc que je... digère mal, je pense, t'inquiète."

Jonathan se sentait au bord de l'évanouissement. Il ne pouvait pas, il ne pouvait plus. Pas comme ça, pas maintenant, il ne pouvait pas lui balancer ses sentiments les plus profonds comme on dit qu'on a mal au bide ! Sa tête lui faisait tellement mal...

"Jo, je suis sérieux là putain !"

Dire ?

"Pourquoi tu ne veux pas me dire ce qui t'arrive ??"

Ne pas dire ?

"C'est à cause de moi ?? Je t'ai fait quelque chose ??"

Dire ?

"Si c'est le cas, exprime-toi, merde, tu me fais peur là !"

Ne pas dire ?

"Je refuse que tu te rendes malade pour des problèmes persos !"

Dire ?

"On trouvera une solution ensemble, toi, moi et Ludo ! On est une équipe, on est là pour toi, ok ?!"

Ne pas dire ?

"Alors je t'en supplie, dis-moi ce qui ne va pas, tu as l'air sur le point de clamser, là...!
- ...Je t'aime."

Silence. Le bruit s'arrêta. A l'intérieur comme à l'extérieur, plus que le silence. Jonathan se demanda pendant un instant si son corps vivait encore. Puis il se rendit compte que son cœur ne s'était pas arrêté, il était juste tellement bruyant qu'il ne l'entendait plus. La pièce tournait. Jo se pencha en avant pour bloquer sa tête entre ses bras et ses genoux.

" Quoi ?"

Une question de son aimé. Une inspiration. Une expiration. La pièce tournait encore. Il serra sa tête plus fort. Les larmes menaçaient. Une inspiration.

"Je t'aime Hugo. Je suis pas homo, mais je t'aime comme j'ai jamais aimé personne. Je t'aime comme un fou, et ça me rend malade. J'ai des crises d'angoisse. Je perds le contrôle de moi-même, je me réveille à des endroits où je n'ai aucun souvenir d'être allé, ma tête me tourne sans aucune raison, j'ai des nausées, je cauchemarde toutes les nuits, j'ai même des hallucinations.
- ... Mais... Tu... Quoi ?" balbutia Hugo, complètement perdu.

Jo désserra ses bras et leva ses yeux vers lui. Son visage était rouge et trempé de larmes, il se mordait la lèvre inférieure pour ne pas la laisser trembler.
Hugo, quant à lui, était livide. Cela ne se pouvait pas, Jo ne... Il ne pouvait pas être sincèrement amoureux de lui ? Ils étaient si bons amis, ça ne pouvait pas se passer comme ça !
Jo renifla, détourna un instant le regard avant de le replonger dans le sien.

"Ça me tue, Hugo... S'il te plaît... Dis quelque chose... Aide-moi..."

Mais Hugo ne savait pas quoi répondre. Il aurait aimé hurler, se jeter sur Jonathan, le secouer, lui faire reprendre ses esprits... Il aimerait lui assurer que tout allait bien, que ce n'était pas grave, que tout allait s'arranger...
Mais les mots ne sortaient pas. Il restait là, comme un con, sur son canapé gris, une bière entamée dans une main. Les pensées se bousculaient dans son crâne à lui désormais, tandis qu'un immense vide régnait désormais dans celui de Jonathan.
Celui-ci attendit encore quelques secondes. Une éternité. Puis il se leva doucement, et sans un mot quitta la pièce. Hugo le suivit des yeux, toujours aussi inerte. Il entendit un bruit de blouson que l'on enfile, de clés que l'on attrape, puis de porte que l'on ferme.
Et c'était tout.
Désormais seul, Hugo pivota lentement la tête vers la bière abandonnée de Jonathan.
Une question apparut alors au milieu du vacarme de ses pensées.
Une question con, en fait. Mais pour une fois, il ne pourra pas y répondre pour ses abonnés.

"Pourquoi la vie fait-elle toujours souffrir ceux qu'on aime ?"

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*raclement de gorge*
Hum. Je suis vraiment désolée pour ce chapitre pas jojo. Mais voila quoi, il fallait bien le faire...
Je pense (du moins j'espère) pouvoir rapidement ajouter de la bonne humeur à cette histoire, il faut juste... ben un peu de temps hein, le temps d'accuser le coup quoi !
Si vous avez envie de me trépanner à la truelle ou de me brûler avec un fer à repasser sur les doigts de pied, je comprendrais... Mais par contre s'il vous plaît le faite pas, ça fait mal >< !

Un petit commentaire ? Même haineux à cause du drama que j'ose infliger à de si beaux barbus qu'on aime et qu'on adore ^^ ? Ça fera quand même plaisir x) !
A plus, les soupapes !

Dis Moi Pourquoi Tu Te Fais Des Philms ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant