Chapitre 8 :

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"Ah... T'as vu comme le temps passe vite, John ? Il est déjà sept heures passées, dis donc.
-... Ah ouais."

Jonathan se massa le front en soupirant. Après être rentrés chez Ludo et avoir mangé ce qui traînait dans le frigo, ils avaient passé l'après-midi à boire. Des sodas, dans un premier temps. Jo avait vidé tour ce qu'il avait sur le cœur à son ami, son amour pour Hugo, ses peurs, ses doutes, ses crises... Son ami l'avait écouté tout le long avec attention et un certain quelque chose dans le regard qu'il n'arrivait pas à identifier. De la compassion ? Non, c'était différent... De la tristesse ? Peut-être, mais pourquoi ? Il avait fini par laisser tomber. Après tout, si Ludo ne voulait pas se confier maintenant, c'était son choix.
Puis vers quatre heures de l'aprês-midi le Red Bull vint à manquer. Le Coca aussi.

"Ludo, avait appelé Jonathan, il y a plus rien à boire ?
- Nan mec, j'ai pas plus de thunes que toi tu sais, c'est déjà un miracle qu'on ait pu boire autant de soda.
- Ah bon... Et t'as pas de l'alcool, alors ?"

Ludo avait hésité. Il savait que ce n'était pas une bonne idée, que Jo voulait juste noyer son chagrin dans la boisson. Mais il se sentait si las, lui aussi... Il n'eut finalement pas la force de résister longtemps aux appels de son John, qui le pressait de le laisser boire.

Ils étaient donc maintenant tous deux vautrés dans le canapé de Ludovic comme des loques, n'ayant visiblement rien de mieux à faire. Le propriétaire dudit canapé regarda tristement l'homme qu'il aimait de ses yeux marron rougis par les larmes de la matinée et l'alcool. John. Son beau John. Il répétait ce surnom dans sa tête pour ne pas se perdre. Son John d'ordinaire si énergique, toujours prêt à partir courir ou s'entraîner, réduit à l'état d'un simple corps mou sur un canapé délavé... Quelle douleur de le voir souffrir ainsi ! Il l'aimait, bon Dieu ! Il l'aimait tellement, et il ne pouvait rien faire. Jo avait fini de vider son sac et semblait sur le point de s'endormir, les yeux mi-clos et le regard vide, mais Ludo se doutait que son cerveau n'était pas et ne pouvait pas rester inactif. Il devait penser à Hugo, comme d'habitude.
Hugo. En un sens, Ludo ne pouvait pas se résoudre à le détester. Si lui-même était tombé amoureux de Jonathan, il pouvait conprendre que son ami ne veuille de lui que comme un ami, un meilleur ami même, qui partage son lieu de travail et sa passion pour la vidéo...
Ludo soupira. Merde, comment cette histoire pouvait-elle finir sans faire souffrir personne d'avantage ?

Jonathan voulait que le bruit cesse. Il savait l'appartement de Ludo parfaitement silencieux, pourtant le bruit le hantait depuis deux bonnes heures à présent. Il préférait encore le silence d'Hugo, qui lui avait pourtant transpercé la tête mieux que le pire des hurlements. Il n'arrivait même plus à s'entendre penser tant ça hurlait à l'intérieur de son crâne. Pitié,que quelqu'un fasse quelque chose...

"Rah, putain j'ai mal... gémit-il.
- Où ça ?" s'enquit Ludo en se redressant vers lui.

Jo ne put s'empêcher de sourire légèrement malgré son mal de tête. Ce mec était si gentil, il avait tellement de chance de l'avoir...

"À la tête... Tu veux pas me parler pour que je pense à autre chose ?"

L'autre sembla hésiter un instant. Il était vrai que depuis le début ce n'était que Jo qui parlait, Ludo n'avait fait qu'écouter. Il l'entendit soupirer et tourna la tête vers lui. Ludo s'était mis de côté pour ne pas avoir à tourner la tête et le regardait de ses yeux bruns fatigués. Il avait passé un bras derrière le dossier du canapé pour ne pas tomber et replié ses jambes pour avoir ses pieds sous lui. Il avait l'air d'un enfant, se surprit à penser Jonathan.
Afin de trouver une position plus confortable, celui-ci imita son ami et ils se retrouvèrent face à face, l'un plongé dans le regard de l'autre.

"Ok, soupira finalement Ludo. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Ben... Parle-moi, je sais pas, n'importe quoi qui passe, genre tu as pas quelqu'un en vue en ce moment ?"

Dis Moi Pourquoi Tu Te Fais Des Philms ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant