Chapitre 7 :

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Ludo avait un mauvais pressentiment, un du genre de ceux qui oppressent jusqu'à ce que le malheur tombe. Et plus il se rapprochait du studio, plus son cœur se compressait.
Merde. Que s'était-il passé ?
Une fois devant la porte, il marqua une hésitation. Et si Jo et Hugo étaient en train de... ?
"De s'expliquer Ludo, de s'expliquer !!" se réprimanda-t-il intérieurement en secouant la tête pour chasser certaines images qui commençaient à s'infiltrer dans son cerveau. Pour ne pas céder à la panique, il se détourna de la poignée et soupira. Il fit quelques pas en direction de la sortie, regarda machinalement la poubelle accrochée au mur, puis la porte, puis la sortie...

"Mais bordel qu'est-ce que je fous ? s'interrogea-t-il, je suis même plus capable de retourner chez moi ? Chez nous ? Ça craint, merde. En plus j'ai laissé ma fenêtre de navigation ouverte je crois, j'espère que..."

Ses pensées s'interrompirent brusquement. Il entendait du bruit en direction de la porte du studio. Pire : il entendait des reniflements.
Ludovic se retourna pour identifier la source du bruit, le cœur battant.
Encore pire : c'était John. Son John, qui pleurait, son visage adorable désormais déformé en masque de tristesse et de désespoir. Jo releva la tête, aperçut son ami, et gémit :

"Ludo..."

Il ne réfléchit pas. Pas besoin : son corps s'élança de lui-même vers celui tout tremblant de son bien-aimé. Il l'enlaça aussi fort qu'il le pouvait, et Jo répondit à son étreinte en posant ses mains sur son dos et son front sur son épaule. Ludo n'avait plus du tout envie de savoir, mais les mots franchirent tout de même ses lèvres dans un souffle : "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
Jonathan renifla de nouveau et aggripa la veste de son ami comme pour ne pas tomber, avant de bégayer :

"C-c-c'est... Je... Hu-hugo... Il ne..."

Puis il éclata en sanglots. Son corps se secouait en un rythme irrégulier contre celui de Ludo, qui sentait les larmes perler sous ses propres paupières désormais. Son menton tremblait, il serra encore plus fortement les épaules de Jonathan, comme s'il avait peur qu'il ne se brise s'il le lâchait. Il parvint tout de même à lâcher quelques mots, qu'il savait pourtant parfaitement inutiles, du genre "calme-toi...", "c'est fini...", "respire un coup..." ou encore "faut pas se mettre dans des états pareils...".
Mais tout cela ne rimait à rien. Bien sûr qu'il fallait se mettre dans des états pareils, quelle question !!
Ils restèrent ainsi un temps totalement indéterminé. Était-ce une minute ? Trois ? Vingt ? Peu importait.
Cependant Jo finit par se calmer et se détacher de Ludo, qui lui offrit un paquet de mouchoirs en voyant une nouvelle fois l'état lamentable de son ami. Ce dernier se moucha bruyamment, s'essuya le visage avec un second Kleenex et inspira un bon coup avant de relever la tête vers Ludo.

"Merci, mec. Je... Je sais pas...
- Tu sais pas ce que tu ferais sans moi, hein, crétin ?" contra Ludo en tentant une posture désinvolte gâchée par ses yeux mouillés, son menton toujours tremblant et la trace de morve sur son épaule, là où son John adoré avait passé les minutes précédentes.

Celui-ci eu un rire. Pas un vrai rire cependant, mais une sorte de claquement de langue soufflé, le genre de rire qu'on ne peut pas décrire à moins de l'entendre et qu'on entend pourtant très souvent. En général c'est quand on a fait une vanne de merde et que la personne en face se retient de rire ouvertement. Ludo le regardait encore. Et qu'est-ce qu'il aimait ça, le regarder, putain. Évidemment, pas quand il pleurait, non ! Mais apercevoir son sourire, même nerveux, le plongeait toujours autant dans un tel état de bien-être qu'il en oublia un instant la tristesse de la situation. Il ne savait pas quoi dire. Alors il lâcha les seuls mots qui lui vinrent à l'esprit :

"Tu veux venir à la maison ?"

Jonathan plongea ses yeux dans les siens, afficha un demi-sourire des plus craquants et haussa les épaules.

Dis Moi Pourquoi Tu Te Fais Des Philms ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant