Chapitre 14

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Seul. C'était comme ça qu'il se sentait à cet instant. Pourtant, jamais la solitude ne lui avait pesé jusqu'à maintenant. Au contraire, il l'avait toujours considérée comme une amie, sa seule amie. Seulement, il avait eu la naïveté de croire s'être fait une autre amie. Il y avait tellement cru et cela lui avait fait tellement de bien sauf que le retour à la réalité était brutal. Surtout qu'en plus du fait que Nathalie l'ignorait totalement, sa mère était fâchée contre lui depuis deux semaines et ne lui parlait plus. Le père de Sébastien n'étant pas bavard, le garçon se sentait affreusement seul. Il s'ennuyait fermement dans sa grande chambre vide et nue. Peut-être aurait-il dû réfléchir à deux fois avant de la vider. Il savait à présent pourquoi il n'avait pas tout jeter plus tôt.

Comment avait-il pu croire un seul instant qu'il n'en aurait plus besoin de ce bazar qui comblait ce vide? Comment avait-il pu croire que cette fois serait différente, que les autres ne l atteindraient pas, qu'il était immunisé ? Non, il s'était risqué à s'approcher du feu de l'amitié et s'était brûlé, comme la dernière fois, comme toujours. La seule qui revenait tout le temps, c'était la solitude. Cela faisait presque deux semaines qu'elle l'accompagnait partout où il allait. Avant, elle se contentait de l'attendre dans sa chambre et marchait avec lui jusqu'au lycée mais même sa mère ne lui parlait plus. La seule qui jusqu'à présent l'avait soutenu et aidé.

Tant pis, il finirait bien par s y réhabituer. Il soupira et se releva de son lit. Il fallait qu'il retourne au lycée. Il traînait des pieds laissant des traces dans la neige blanche. Il aimait bien la neige et normalement, il s'arrangeait pour y laisser le moins de traces possible. Il aimait bien le soir, au coucher du soleil, regarder la neige blanche prendre des couleurs roses, violets, rouges, orange...

Sauf que ce matin-là, il n'aimait pas la neige. Elle était grise, un mélange de boue et d'eau au travers duquel on voyait le bitume gris.
Puis il ne supporta plus de regarder les trottoirs et leva les yeux. Il vit le grand portail noir du lycée. Il ne s'était pas rendu compte qu'il était déjà arrivé. Il entra et son regard rencontra celui de Nathalie. Elle était là, seule au milieu de la cour. Elle portait un jean bleu et un manteau noir. Elle avait ramené ses longs cheveux blonds en queue de cheval et son visage n'était pas couvert de maquillage. Le soleil du matin l'illuminait d'un halo doré faisant briller ses cheveux et donnant plus d'intensité au sourire qu'elle lui adressa. Son sourire s effaça et elle se mordit la lèvre. Elle baissa les yeux. Elle regrettait ce qu'elle avait fait. Elle savait bien que Sébastien l'avait aidée et elle l'aimait bien. Elle le considérait comme un ami mais elle ne pouvait tout simplement pas perdre ses nouveaux amis. C'était sa seule chance de sortir de ce gouffre infernal où elle s'était jetée. Elle pourrait peut-être voir Sébastien en dehors des cours? Non, ça ne se faisait pas. C'était méchant et mesquin. Elle devait assumer ses amis. Elle prit son courage à deux mains et releva la tête. Elle s'avança vers Sébastien mais se figea. Elle regarda derrière lui puis elle posa son regard sur Sébastien. Elle lui jeta un regard désolé et le dépassa. Elle rejoignit le garçon qui venait d'arriver se dégoûtant elle-même. Quand ils se retournèrent, elle chercha Sébastien des yeux mais il était déjà parti depuis longtemps. Au moins, il savait que Nathalie avait pour lui de la sympathie. Cela l'avait un peu réconforté mais n'avait pas fait disparaître sa solitude.

Toute la journée, il traina des pieds. Le soir, il s'attarda à la bibliothèque puis en sortant dans la nuit froide, il ne vit pas une silhouette menue tapie dans l'ombre.

-Sébastien ?

Il sursauta violement et se retourna :

-Nathalie ! Ça ne va pas ! Tu m'as fait une belle frayeur !

Nathalie & SébastienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant