Chapitre 10

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Vendredi : Le réveil de son téléphone la tira de son sommeil. Elle garda les yeux fermés et posa sa main à côté d'elle s'attendant à rencontrer cette peau si douce mais sa main ne rencontra que les draps encore chaud. Elle tâta tout autour d'elle inquiète. Elle ouvrit les yeux brusquement prise d'une grande peur. Seulement, ses yeux confirmèrent qu'elle était seule dans ce lit. Seule, nue avec pour protection une couverture et les rideaux. Elle s'allongea là où aurait dû se trouver son amant. Elle fourra son nez dans les draps tièdes. Elle avait besoin de s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé. Elle sentit son odeur. L'odeur de cette peau qu'elle avait humé une bonne partie de la nuit. Il s'était enfui comme un voleur, comme bandit. Il s'était enfui dans le noir.

Elle soupira et se leva. Elle était en train de devenir addicte à cet homme. Il pourrait faire tout ce qu'il voulait d'elle.

Une fois qu'elle se fut habillé, maquillée, préparée, elle alla au lycée sous les nuages qui crachait une eau glacé pensant encore à cette nuit. Cet homme avait vingt et elle savait qu'il était bien trop vieux pour elle mais elle ne pouvait s'empêcher de rêver.

Pendant ce temps, son ami se préparait lui aussi. Il regarda le ciel qu'il trouva en accord avec son humeur. Il avait perdu. Lucas, cet être abominable et répugnant obtenait encore ce qu'il voulait. Il obtenait tout ce qu'il désirait. Son cœur n'était rempli que de perfidie. Il sortit de chez lui en colère et ne vit pas la flaque. Il sauta les deux pieds dedans, éclaboussant son jean jusqu'aux genoux. Il grommela. Décidément, aujourd'hui n'était pas son jour.

Il arriva donc au lycée dans une immense rage. Sa rage fut plus grande encore quand il vit Nathalie arriver toute joyeuse, le sourire aux lèvres. Il hésita à cet instant à lui révéler son lourd secret mais ne put s'y résoudre. Il aurait dû le lui dire mais il ne pouvait pas. C'était trop dur. Leur amitié était encore trop fraiche et elle n'y survivrait certainement pas. Aussi, joua-t-il la comédie toute la journée. Il plaqua un sourire fictif sur son visage et affronta cette journée terrible.

D'abord, une averse leur tomba dessus pendant la pause du matin. Le jean de Sébastien n'était plus qu'une serpière. Il aurait pu l'essorer et avec l'eau, réhydrater tous les enfants d'Afrique. Ensuite, son plateau lui échappa des mains au déjeuner. Le potage, l'eau et les pâtes bolognaise tachèrent ses vêtements pour la journée. Ainsi même ceux qui n'y avaient pas assisté furent au courant. Pour finir, sa prof de français leur demanda de travailler deux heures sur Roméo et Juliette.

Il ressorti du lycée très contrarié. Il pensait que sa journée ne pouvait pas être pire et pourtant... Il n'était pas au bout de ces peines.

En effet, il parlait avec Nathalie essayant en vain de meubler une conversation vide quand sa mère l'appela. Il fit tomber son portable qui s'explosa par terre. La carte Sim tomba dans une flaque et sa batterie atterrit sur la route. Une voiture passa à ce moment écrasant au passage sa batterie. Il soupira. Mon Dieu ! Sa mère allait le tuer !

Il demanda à Nathalie s'il pouvait emprunter son portable.

-Bien sûr ! répondit celle-ci en lui passant d'un air distrait

Elle n'avait rien vu de ce qui venait de se passer. Elle ne pensait qu'à Lucas.

Sébastien composa le numéro de sa mère. Elle décrocha dès la deuxième sonnerie.

-Oui, allô ?

-Allô maman ?

-Mon chérie ?

-Oui, c'est moi. Je viens d'exploser mon portable...

-Quoi ?!

-Je t'expliquerai plus tard. Que voulais-tu ?

-Dépêches-toi de rentrer pour m'expliquer cette histoire de téléphone et surtout, pour aller t'acheter un costume.

-Un costume ? Pourquoi tu voudrais m'acheter un costume ?

-Pour le mariage de ton cousin !

-Mais c'est...

Alors il réalisa mais sa mère finit sa phrase :

-Demain

Demain ! Mais oui, tout prenait du sens ! C'était logique ! Comment avait-il pu l'oublier ?!

-Dépêches-toi, hurla sa mère dans le combiné

-Oui, j'arrive.

Il raccrocha mais au même instant le téléphone vibra et une petite sonnerie retentit. Nathalie sortit immédiatement de ses pensées et récupéra son téléphone. Sébastien jeta un coup d'œil et eut le temps de lire le message qu'elle avait reçu :

Je viens ce soir.

Lucas

Il tressaillit. Il ne pouvait rien faire. De plus, il s'y attendait. Il rentra donc chez lui.

Sa mère l'attrapa par la main et le poussa dans la voiture. Elle alluma le contact et avant qu'il ne s'en rende compte, il était dans un magasin avec sa mère.

-Regarde cette cravate et celle-là ? Tu préfères la bleu ? Ou la rouge ? Ou celle-ci avec les points blancs ?

-Euh...

-Non, tu as raison, elles sont toutes affreuses. J'aime bien celle-ci, on va l'acheter.

Sébastien qui détestait les cravates, prit les morceaux de tissus des mains de sa mère et les reposa.

-Maman, c'est moi ou c'est toi qui choisis mon costume ? En plus, je déteste les cravates.

-Bien sûr que c'est toi mais sans cravates...

-Ne t'inquiète pas, personne ne sera choqué, la coupa-t-il

Elle se renfrogna mais ne dit rien.

Sébastien regarda les chemises. Il essaya une chemise bleu claire avec un jean foncé et une veste gris clair en laine. Il observa son reflet dans le miroir et fut convaincu. Il se tourna vers sa mère. Elle fit la moue mais hocha la tête. Ils passèrent en caisse. La vendeuse les complimenta sur leur choix ce qui fit bougonner sa mère.

Elle ne dit rien. Sébastien savait qu'il l'avait blessé en ne la laissant pas choisir mais il avait décidé de choisir ce qui lui faisait plaisir désormais. Cet ensemble, c'était lui qui allait le porter pas sa mère. Le garçon soupira. Elle s'en remettrait.

Sa mère resta fâché jusqu'au dîner et l'embrassa encore contrarié. Il savait très bien que le lendemain, elle n'y penserait plus, il ne s'employa donc pas à se réconcilier avec sa mère. Il monta se coucher et avant de s'endormir, il vit le visage de Nathalie.

Celle-ci bien sûr ne dormait pas. Elle était plusieurs rues plus loin, son corps emmêlé avec celui de Lucas sans se douter un seul instant de la surprise qui l'attendrait le lendemain. Persuadée qu'elle vivait le plus grand amour de sa vie avec ce dieu de vingt ans. Cet homme si beau, si beau, si parfait qui constituait sa vie entière présente et future. Elle ne se doutait pas un seul instant que la seule chose qui l'attendait c'était la tristesse dans sa robe grise et son parfum amère, ses cheveux salé volant au vent. Elle devrait embrasser ses lèvres brulantes de honte. Elle ne pouvait pas savoir que la pluie du désespoir allait se déverser sur elle. Elle aurait peut-être le courage de goûter le plat froid de la vengeance...



Désolé pour le retard!!!!

azurasg

Nathalie & SébastienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant