Chapitre 16

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Elle traînait des pieds faisant voler l'eau de la pluie dans tous les sens. Sa vie avait viré au cauchemar la veille au soir. Elle avait voulu que sa vie change, se sortir de ce gouffre. Elle avait voulu que sa mère soit plus souvent là, s'intéresse à elle mais après cet épisode, elle n'était plus si sûre que ce fussent ce qu'elle souhaitait.
Quant à son père, elle l'aimait beaucoup et elle savait que s'il pouvait, il viendrait plus souvent. Elle savait qu'il souffrait du fait que son travail l'éloignait de sa famille et l'obligeait à faire de lui un inconnu, un voyageur.
Le pire de cette soirée, c'était qu'elle s'était aperçue qu'elle avait besoin de Sébastien, qu'il avait de l'importance pour elle et qu'elle l'avait perdu. Elle avait pu voir à quel point elle était lâche. Elle se dégoûtait elle-même.
Alors aujourd'hui, elle se fichait de ses chaussures à talons, de sa coiffure, de sa robe, de son maquillage, de tout. Elle était triste et en colère contre sa famille, en colère contre elle. Elle la sentait qui bouillonnait dans tous ses membres mais, elle sentait aussi une douleur puissante qui la traversait comme un éclair qui ne s'arrêterait jamais.

-Nathalie ?

Elle s'arrêta et se retourna. Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'avait pas vu ses amis.

-Ça va ? demanda son copain

Elle se força à sourire et répondit tandis qu'il l'enlaçait :

-Oui, je vais très bien

Toute sa colère s'envola quand il l'embrassa langoureusement et elle se sentit de nouveau légère. Enfin non, pas tout à fait, persistait cette douleur qui lui donnait des crampes à l'estomac. D'ailleurs, celle-ci se fit plus violente lorsque ses lèvres rencontrèrent celles du garçon et se calma un peu quand il se détacha d'elle.

La sonnerie retentit à cet instant et ils s'en allèrent en cours, enlacés.

Sébastien, lui, n'y alla pas. Il avait envie de vomir chaque fois qu'il voyait Nathalie et son copain alors il était parti se cacher sous les arbres, là où ils s'étaient parlés pour la première fois, là où elle allait pleurer, là où tout avait commencé.

Il s'assit sur son banc, sortit son livre, l'ouvrit et... le referma. Il ne pouvait tout simplement pas retourner à sa solitude, c'était trop dur, trop violent. Ses yeux dérivèrent vers le banc d'en face et son cerveau n'eut aucun mal à imaginer Nathalie en pleurs.

Il détourna les yeux. Il se leva du banc et s'éloigna sous les arbres.

Il n'y avait aucun bruit en dehors du chant des oiseaux. Tous les élèves étaient en cours et ceux qui ne l'étaient pas, ne se trouvaient pas ici. Sébastien était seul. Il s'allongea dans l'herbe et laissa son esprit s'envoler s'efforçant de ne pas penser à Nathalie. Peine perdu ! Ses pensées le ramenaient tout le temps à Nathalie. Il n'arrivait pas se la sortir de la tête. Il prit son téléphone, toucha le contact de la jeune fille et... son doigts resta suspendu au-dessus des lettres rouges : « supprimer le contact ». Il n'arrivait pas à faire ça. Ce serait accepter de faire une croix sur son ancienne amie et une partie de lui espérait que la situation s'arrangerait. Il soupira et laissa tomber son téléphone.

Pourquoi fallait-il toujours que cela lui arrive à lui ? Pourquoi ne l'avait-il pas laissée toute seule dans son malheur ? Pourquoi l'avait-il regardée ce soir-là dans le bar ? Pourquoi l'avait-elle espionné ? Pourquoi avait-il envie de se noyer dans son regard, morceaux de ciel emprisonnés dans deux sphères en verre ?

Il avait été trahi par son cœur et son corps, par ses règles morales à la c**.

Il passa le reste de la journée à regarder le ciel. Il entendit les sonneries retentirent, les élèves sortirent pour briser le silence puis rentrer en classe laissant place à l'opéra des oiseaux. Il sentit les odeurs du restaurant scolaire. Il vit le ciel se décharger de ses nuages noirs puis des blancs. Il vit le soleil éblouir le lycée. Il vit le ciel se teinter de rouge, de rose, d'orange puis, il vit enfin la nuit tirer son voile noire sur ciel et y parsemer ses lucioles brillantes pour former le firmament. Alors il se leva et sortit du lycée.

Il passait les grilles quand il les entendit. Ces pleurs qu'il connaissait si bien pour les avoir entendus pendant plusieurs heures. Il voulut passer son chemin mais ses jambes refusèrent de lui obéir. Il soupira se maudissant d'être aussi peu courageux.

-Nathalie ?

Elle s'arrêta de pleurer.

-Ça va ? demanda le garçon en la cherchant dans le noir

-Ouioui

Il la vit enfin, assise sur le trottoir. Il ne pouvait pas voir son visage mais il imaginait sans mal son maquillage qui coulait laissant des traces noires sous ses yeux bleus véritable tempête de larmes.

Elle leva la tête vers lui, le transperçant de sa tristesse. Il s'assit à côté d'elle et sa colère fondit comme une glace au soleil. Comment pouvait-il lui en vouloir en la voyant, là, assise sur le bord de la route, en larme ?

-Il t'a encore largué ? expliqua-t-il lassé de tous ces garçons sans cœur

Elle hoqueta :

-Non

Il fronça les sourcils :

-Qu'est-ce qu'il t'arrive alors ?

-Je... Je... suis vraiment pitoyable ! Je ne suis pas courageuse ! Je ne mérite surement pas de t'avoir comme ami ! Tu m'as aidée plus que les autres et moi, comment je te remercie ? Je...

Elle fondit de nouveau en larmes.

Je suis... suis désolé... mais tu sais mes parents, ils sont...

-Chut, chut, chuchota Sébastien, ce n'est pas grave, je comprends.

Il essuya ses larmes et elle, elle posa sa tête sur son torse. Sébastien resta figé. Il ne savait absolument pas quoi faire. Il sentait son parfum qui l'empêchait de réfléchir. Il entendait son cœur dans ses oreilles et il voyait ses mains trembler. Prudemment, il les glissa sur le dos de Nathalie. Celle-ci ne réagit pas, alors il la serra en peu plus contre lui caressant doucement ses cheveux blonds pour la réconforter.

Ils restèrent longtemps ainsi sans qu'aucun des deux ne bougea. Les pleurs de Nathalie s'éteignirent et ses larmes séchèrent. Le cœur de Sébastien se calma et il oublia tout le reste. Il oublia ses soucis, ses doutes. Il oublia que Nathalie ne parlerait pas de lui à ses autres amis, qu'elle avait un copain, que sa mère allait le priver de sortie pendant au moins trois ans. Il oublia sa colère. Il oublia le monde autour d'eux. Il oublia la réalité. Il oublia que se rappeler serait douloureux.

Bonjour et désolé pour ce chapitre très court. Le prochain sera plus long et peut-être le dernier ou peut-être l'avant dernier. Bonnes vacances à tout le monde.

Azurasg

Nathalie & SébastienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant