Je suis un loser...
Je n'ai pas sorti les poubelles ni fait la vaisselle.
C'est pas cool, j'ai dit « ok ok, je le fais ! » et je n'ai rien fait...
Il y avait des ondes space tout autour de mon canapé, m'empêchant de me mettre un froc et de pointer le nez dehors.
Je n'ai envie de rien, même pas d'être sale comme je suis, je pue et ça me gonfle, mais je peux même m'accommoder de ça.
Les poubelles débordent, l'évier aussi, les chiottes doivent être entartrées sous ma pisse de ce matin.
Je m'en fous.
J'aperçois les œillades de la voisine, Sandrine, ma voisine de mobile home, déjà pas baisable et suspecte à allumer un pouilleux comme moi.
Derrière sa vitre, un miroir me happe, son regard, ses yeux bien maquillés.
De sa bouche bien arrangée, d'autres miroirs, une dizaine polis au dentifrice, ses dents, ses larges dents de suceuse à lames expertes, envoient des signaux de détresse.
De drôles de courants chauds remontent de mon caleçon, réveillant mes sens, mon flair cynique de fils de pauvres qu'on a maintes fois filouté, naïf comme un chat d'appart' dans la mire d'un gosse bouseux fana de lance-pierre – mais on ne me la fait plus, un truc cloche, la gonzesse n'est pas claire.
Derrière sa vitre, sous son corsaire: un vice caché qui ne passe pas – son mari déserte son ventre, elle embaume leur plumard, traumatise les chiottes et ses gosses qui passent derrière...Descente d'organes...Elle m'en a parlé une fois, sous le ton de la confidence, j'avais pas compris pourquoi à l'époque.
- Vous me faites rire et je ne dois pas, sinon je fais pipi dans ma culotte ! Qu'elle m'a chuchoté dans un sourire malicieux, ses yeux globuleux en mode charmeurs....J'avais pas trop aimé...
Sandrine qui a dût penser que mes quelques dents pourries et un caleçon douteux composeraient facilement avec un peu de sa touffe défraichie.
Pauvre Sandrine....C'était lors du barbecue de la vieille aux fleurs qui habite deux baraques plus loin et qui me rappelle à chaque fois que je passe devant ses parterres bien entretenus, que je n'ai toujours pas nettoyé la grosse tache d'huile de la dernière vidange – elle s'étale dans l'allée, près d'un truc à virer qui ressemble à un gros bout de ferraille mais qui doit être en majeure partie composé de plastique.
Le robinet goutte, l'antenne est débranchée, le fils de « Sandrine sent l'urine » fait du vélo dans le chemin, il incruste définitivement le gazoil dans le sol, il commence à pleuvoir, il s'en fout.
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Impressions d'un SDF
Poetry20 piges, un peu asocial, très peureux et SDF dans une ville inconnue. Comment faire quand on a été viré de chez soi par son vieux et que l'on est quelque peu agoraphobe... ? Heureusement une fille était là mais il a fallut apprendre à se débrouille...