Le café préparé par un collègue stagnait dans la cafetière.
Du café froid, des caméras, des putes au 3 ème sous-sol du parking : l'arsenal complet d'un voyeur professionnel.
Les nuits passaient et se ressemblaient, Dido passait à la radio.
Je crois que c'était l'hiver quand cette ombre frappa aux vitres blindées.
L'image de la madone avec trente ans de plus et trente kilos de moins m'apparut comme une vision d'horreur.
De noir vêtu et blanche comme un cadavre, elle caressait les vitres de ses doigts sales.
J'ai hésité une bonne dizaine de secondes avant de lui ouvrir.
Une femme si laide ne pouvait être qu'une sorcière.
J'entrebâillais la porte le regard noir et fit mine d'être pressé.
- bonsoir pourrais-je avoir un café s'il vous plait ?
- Ah, désolé je n'en ai pas !
- Je vois que vous avez une cafetière bien remplie...
- Oui mais il est froid et je n'ai rien pour le réchauffer !
- C'est pas grave, je le prendrais comme ça...Je n'ai pas quoi su lui répondre.
Elle revint souvent me voir.
Nous parlions de longs moments sur le pas de la porte.
Elle m'expliquait qu'elle s'était enfuie d'un monastère orthodoxe situé dans la campagne car les prêtres la battaient..
Elle ajoutait nerveusement qu'elle était heureuse de me connaître, qu'elle était seule, qu'elle était heureuse de me connaître, que la journée elle errait dans la ville, qu'elle était heureuse de me connaître...
J'étais embarrassé....
Le dernier jour avant ma mutation dans un autre parking, elle m'apporta un cadeau, un livre que je n'ai pas accepté par signe d'un respect incompréhensible ou par crainte de me salir.
Je regrette toujours de n'avoir pas su comprendre, ni le titre de ce bouquin, ni le « s'il vous plait acceptez » qui lui étranglait la gorge.
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Impressions d'un SDF
Poetry20 piges, un peu asocial, très peureux et SDF dans une ville inconnue. Comment faire quand on a été viré de chez soi par son vieux et que l'on est quelque peu agoraphobe... ? Heureusement une fille était là mais il a fallut apprendre à se débrouille...