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- Théa !

Riant doucement, je referme la porte derrière la belle brune qu'est Barbara, l'attirant dans une étreinte qui s'éternise quelque peu.

- T'as changé dis-moi, s'exclame-t-elle, choquée. T'es plutôt bonne dans ton genre.
- Donc ça veut dire qu'avant j'étais moche? Demandais-je, faussement vexée.
- Non, mais non! C'est pas du tout ce que je voulais dire, se justifie la pauvre jeune fille.
- Je plaisante Barb. Bon, on s'y met? Demandais-je en désignant mon salon remplit de carton d'un mouvement de bras.
- Bah en fait, j'ai dis à Ken et ses potes de venir nous aider. Ils vont pas tarder à arriver normalement.
- Oh.

Ça fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu. Barbara, elle, je la vois au moins deux fois par an depuis que les Samaras ont quitté Nice, mais pour le fennec c'est une tout autre histoire. Si je me souviens bien, je ne l'ai pas vu depuis la fête que mes parents avaient organisé pour mes fiançailles avec Naïm, et c'était il y a un peu plus de trois ans. Lorsqu'on était gamins, Ken était mon meilleur ami et on était toujours fourrés l'un chez l'autre. Nos pères aussi étaient meilleurs amis depuis l'enfance, et contrairement à Ken et moi, ils le sont toujours. La famille Samaras a déménagé de Nice pour s'installer à Paris quand j'avais neuf ans. Ken en avait onze, et sa soeur six. Ça m'avait littéralement déchiré le cœur, mais on se voyait toujours pendant les vacances et les fêtes. J'ai toujours été là pour lui malgré la distance. J'ai cru en lui jusqu'au bout quand il a commencé à vouloir devenir rappeur, je l'ai aidé lorsqu'il a été mit à la rue quand il avait dix-sept ans et qu'il ne parlait plus à ses parents. Malgré ça, rien n'a plus jamais été pareil. En grandissant, Ken s'est éloigné de moi et de mon côté je me suis rapprochée de Barbara. Je dois avouer qu'il me manque, au fond, mais j'en ai marre d'être toujours celle qui envoie un message la première pour prendre de ses nouvelles. Puis maintenant, il est connu alors c'est pas avec la tonne de nanas qu'il a à ses pieds que monsieur va penser à moi.

- Va enfiler une tenue confortable, ils arrivent, m'indique Barb, alors penchée par-dessus la rambarde de mon balcon pour regarder son frère se garer en bas de l'immeuble.

Ne répliquant rien, je me contente de trottiner jusque ma chambre. Je sors un legging et un débardeur de ma valise avant de me déshabiller pour les enfiler. Je rassemble mes cheveux en une queue de cheval haute et soupire un bon coup en entendant des coups contre la porte d'entrée. Okay, ça va aller, tu vas juste revoir ton ancien meilleur pote après presque quatre longues années sans nouvelles.

- Salut les gar- Mo!

Je cours vers le marocain et lui saute dessus -littéralement d'ailleurs car on se trouve actuellement par terre. Je le sers fortement contre moi, embrassant sa joue à plusieurs reprises. J'ai rencontré Mohamed (Sneazzy) lors de mes fiançailles, étant donné qu'il était venu avec Ken. J'ai gardé contact avec lui depuis mais on ne s'est jamais revu en vrai.

- T'es canon Anthéa bordel, lâche-t-il en se relevant, me portant pour me garder contre lui.
- T'es pas mal non plus monsieur, riais-je. Bon, tu me présente?
- On te connaît déjà en fait, intervint un des garçons que je pus reconnaître comme étant Idriss (Framal).
- Ah bon? Moh, j'suis sûr que c'est Barb qui vous parle de moi h37!
- Non, c'est Ken, se défendit-elle en me tirant la langue.
- Tu lui as manqué au fennec, rit Doums.

Ken lui lance un regard noir et s'apprête à répliquer, mais je le devance en le coupant dans sa lancée.

- Si je lui manquais tant que ça il n'avait qu'à répondre à mes messages, lâchais-je froidement. Bref, au boulot les gars.

On a passé toute l'après-midi à ranger et aménager mon appartement, et je n'ai pas adressé un seul mot à Ken. Il n'a pas cherché à me parler non plus, et je dois avouer que ça m'a assez vexé. Il est actuellement vingt-heures et on est tous affalés sur le canapé ou les fauteuils du salon, dévorant comme des mal-propres les pizzas qu'on a commandé.

- Bon, du coup, va falloir faire une crémaillère, m'indique Benjamin en croquant dans sa part.
- Là, tout d'suite, j'suis crevée mec. Mais on pourra la faire samedi?
- Mais c'est dans longtemps, gémit Alpha en faisant la moue.
- On est déjà mercredi imbécile, riais-je en levant mes yeux au plafond.
- On peut parler?

L'intervention soudaine de Ken me surprend, mais j'hoche tout de même la tête.

- Ouais, marmonnais-je en haussant les épaules, me levant.

Amitié Destructrice. ksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant