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Je ne sais pas très bien si cinq minutes ou bien cinq heures se sont écoulées depuis le départ de Ken lorsque quelqu'un s'asseoit à mes côtés sur le matelas. Quelques instants passent sans que l'un de nous ne daigne briser ce silence pesant, mais c'est finalement lui qui le fait après s'être raclé la gorge.

- Ken est parti en mode furax. Vous vous êtes pris la tête?
- Non Mek, on a fait tout l'inverse de se prendre la tête. On.. Tu sais.
- Vous avez baisé? S'étonne-t-il.
- Non t'es sale, on s'est embrassés c'est tout. Enfin, embrassés d'une manière plutôt poussée mais on a gardé nos vêtements.
- Et pourquoi il s'est cassé alors? Tu l'as recal'?
- Non justement, il s'est juste relevé d'un coup et il est parti, je marmonne, complètement perdue. Mais, il a bien fait, parce que c'était une erreur et..
- Arrête Anthé wesh tu me casses les couilles, une erreur ça se produit une fois, pas deux. Et la dernière fois vous avez failli vous embrassez, et même si ça s'est pas passé je le compte tout comme parce que l'intention y était. Donc là, c'était la deuxième fois, donc c'était pas une erreur. C'était quelque chose de voulu entre deux adultes responsables.

Je ne réponds rien, me contentant de faire la moue en baissant la tête comme une petite fille venant de se faire crier dessus par son père. Mekra joue très bien ce rôle de papa, soit dit en passant.

- Et je fais quoi maintenant, hein?
- C'est simple, tu lèves ton beau petit cul de ton lit, tu vas à l'appart du fennek et vous vous expliquez, fin de l'histoire.
- Non j'ai cours demain j'peux pas me coucher trop tard.
- Alors dors et tu verras ce que t'en pense demain matin après une bonne nuit de sommeil. Mais promets-moi que t'iras lui parler gazelle.
- Promis Mek, maintenant bouge j'aimerais dormir, je souris largement.
- C'que t'es insolante c'est pas possible, la prochaine fois mes conseils tu te les mettras dans l'cul petite conne, lâche le garçon en se levant avant de me jeter un oreiller à la figure. Dors bien l'emmerdeuse.
- Dors bien l'emmerdeur, je ris doucement, amusée.

Une fois de nouveau seule dans ma chambre, je m'étale dans mon lit en étoile de mer et regarde mon plafond une bonne vingtaine de minutes avant de m'endormir.

Une bonne nuit de sommeil plus tard, je retrouve mon salon sans dessus dessous tandis que les quatre garçons se sont endormis les uns sur les autres devant la télé sur mon clic-clac minuscule. J'éteins donc le téléviseur, range un peu les boîtes de pizzas qu'ils se sont visiblement commandés pendant la nuit et file à la douche. Une trentaine de minutes plus tard, je rejoins ma voiture et file à la fac sans avoir pris la peine de les réveiller.

- Les cours d'anglais avec c'te prof ça commence sérieusement à me péter les couilles, me confie Thaïs en posant ses coudes sur la table de la cafétéria.
- Dis-toi qu'au moins t'as pas le vieux fou que les LLCE se tapent, je ris légèrement tout en découpant mon steak avec soin.
- Ah non mais lui c'est le ponpon sur le gâteau, j'sais même pas comment il a fait pour avoir son diplôme celui-la.

Il est midi quarante-deux et j'ai rencontré Thaïs ce matin. Elle est en licence de psychologie et Thomas lui a foncé dedans ce matin, résultats des courses elle s'est retrouvé avec un haut dégoulinant de café bien chaud.

- On dit la cerise sur le gâteau.
- J'm'en fiche mec, le fait est que c'est un vrai barge ce type. Tu manges ta mousse au chocolat?
- Non.
- Cimer.

Elle attrape mon dessert et le mange en dix secondes top chrono, alors que je n'ai même pas terminé mon assiette. Cette fille, c'est un véritable phénomène, mais je l'adore déjà. On sort du self une bonne demi-heure plus tard et on se quitte sous les coups de quatorze heures, heure à laquelle son premier cours de l'après-midi commence. Moi, j'ai terminé ma journée, et c'est pour cela que même pas une heure plus tard je me retrouve devant la porte de Ken, hésitant comme pas possible à frapper. Je me dégonfle finalement et fais demi-tour, bien trop gênée par ce qu'il s'est passé hier soir pour l'affronter sereinement. Je dévale les escaliers et manque de trébucher en appercevant le grec dans le hall de l'immeuble, son bras autour des épaules d'une brune. Je déglutis difficilement et fonce droit vers la sortie, tête baissée et à deux doigts de me mettre à courir pour fuir la situation. Mais la main de Ken attrape fermement mon bras lorsque je passe à côté de lui, ce qui me fait jurer.

Amitié Destructrice. ksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant