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De Ken :

Mon vol est à 4h30 demain matin, viens prendre un café cet aprem avec moi pour 16h ça te va? On doit parler, à tout à l'heure.

Il est neuf heures du matin lorsque je reçois son message, et je n'ai toujours pas fermé l'oeil de la nuit. Je n'ai tout simplement pas pu. Ce qu'il m'a dit hier m'a totalement retourné le cerveau et je n'ai pas cessé d'y repenser, ne sachant d'ailleurs pas trop quoi en tirer. Il m'a aimé, mais ce n'est visiblement plus le cas étant donné qu'il est avec Olivia. J'avais sûrement trop peur de gacher notre amitié et j'ai effectivement tout gâché, mais il est trop tard pour m'en vouloir alors je suppose qu'il ne me reste plus qu'à tirer un trait sur tout ça. De toute façon on ne pourra plus jamais être de simples amis, il me l'a très clairement fait comprendre hier soir. Alors je vais me concentrer exclusivement sur ma recherche de boulot et ne plus penser à Ken pour un petit moment. Ca ne sert à rien de me torturer alors qu'il n'y a pas d'issu possible.

Je passe donc ma journée à envoyer des mails et des CV, n'ayant pas le moins du monde envie de le rejoindre. La semaine dernière aussi j'avais envie de lui parler, mais il n'a pas daigné se pointer au rendez-vous alors qu'il ne pense pas que moi je vais y aller. A seize heures et quart, il m'appelle, mais je ne décroche pas, feignant d'être bien trop fatiguée pour me donner bonne conscience. Mais lorsqu'on se met à tambouriner contre ma porte à vingt-deux heures passées, je me résous à aller ouvrir. Je tombe sans surprise sur Ken, qui entre sans attendre mon autorisation. Je referme la porte et le suit au salon, me préparant mentelament à cette confrontation alors que je ne suis toujours pas remise de celle d'hier.

- Je t'ai attendu, commence-t-il en me fusillant du regard. Je t'ai attendu jusque la fermeture, mais t'es pas venu. C'est quoi ton problème ?
- Pourquoi j'aurais un problème ? Tu m'as bien mis un plan toi aussi, la semaine dernière. Mais tu devais sûrement être avec Olivia, marmonnais-je avant de soupirer.

Il ne répond pas de suite et passe sa main dans ses cheveux, avant de planter ses iris dans les miennes en fronçant ses sourcils.

- Tu m'aimes ?
- Non, répondis-je immédiatement.

Mais c'est un non qui ne veut certainement pas dire non. Je fuis alors son regard et croise mes bras sur ma poitrine, la situation me rendant tout sauf à l'aise.

- Tes yeux me disent le contraire, lâche-t-il finalement, s'approchant légèrement.
- M'emmerde pas Ken, j'ai pas envie de te parler. T'as qu'à aller parler à tes innombrables groupies et me foutre la paix.
- J'ai pas d'innombrables groupies, souffle-t-il fortement, irité.
- C'est pour ça qu'à tes concerts y'a pratiquement plus de meufs que de mecs ?
- Arrête putain, j'm'en bas les couilles de ces meufs Anthéa, tu vois le mal où y'en a pas. J'viens ici pour qu'on s'explique en tant qu'adultes mais t'agis comme une putain de gamine.
- Si j'suis une gamine pourquoi tu forces à vouloir me parler alors? Je t'ai rien demandé moi à par que tu m'laisses tranquille.
- Mais pourquoi tu veux pas comprendre que j'en ai pas envie ? Dit-il en haussant le ton, me pointant d'un doigt accusateur. Pourquoi t'es là à constamment me repousser alors que moi j'avais envie que d'une seule chose, et c'était qu'on s'mette ensemble ?
- J'te repousse parce que c'est juste pas possible Ken. Même sans prendre en compte notre amitié, j'arrive plus à croire en l'amour depuis Naïm et j'vais pas me forcer pour toi car j'finirais par te faire du mal, avouais-je finalement, reculant en baissant la tête. J'veux plus m'poser.
- Mais avec moi c'est différent et tu l'sais.
- Oui c'est clair que c'est différent. Avec toi ce sera encore plus compliqué parce que t'as pas une vie qui te permet de t'poser non plus Ken, t'es tout l'temps là à bouger à droite à gauche, ou à être en studio ou en tournée. C'est juste pas faisable, et j'sais même pas comment notre conversation à pu en arriver aussi loin parce que toi et moi formant un couple ça n'aurait jamais dû nous traverser l'esprit.
- C'est ma vie de rappeur qui te dérange? Mais putain j'm'en fou moi de ma vie d'rap, on à qu'à s'casser, juste toi et moi. J'serai prêt à l'faire pour toi.

Il attrape mes mains et me lance un regard suppliant, auquel je me contente de fermer les yeux. Je sens Ken me serrer contre lui, et je m'accroche à lui en retour, comme si je savais pertinemment que mes prochains mots l'éloigneront bien trop rapidement de moi.

- C'est faux, tu l'feras jamais c'est moi qu'tu quitteras Ken, chuchotais-je finalement au creux de son cou.

Il secoue sa tête et me serre un peu plus fort contre lui, refusant d'admettre ce qui est pourtant une vérité indéniable.

- Non, j'te l'promet, toi et moi ça peut marcher. On s'connaît depuis toujours Anthéa, on sait parfaitement que notre couple serait le meilleur de toute une génération. On.. On a les mêmes goûts, on s'entend super bien, et j'sais pas je-
- Arrête, le coupais-je en me reculant, la gorge nouée. Arrête, s'il te plait. De toute façon j'te laisserai pas niquer ta carrière pour une relation qu'à même pas commencer. On a même pas essayer d'être ensemble qu'on prévoit déjà qu'ça marchera pas. Parce qu'on l'sait.

Il inspire longuement et hoche lentement sa tête, comme pour assimiler mes paroles.

- Comme tu viens d'le dire on à même pas essayer Anthéa. Tu peux au moins nous laisser une chance. Une seule, j'te demande pas plus. Et j'te prouverai que nous deux ça peut marcher.
- J'suis désolée mais j'peux pas Ken.. J'suis pas prête, j'suis désolée, répétais-je.
- C'est plutôt nul comme fin, rit-il amèrement, secouant sa tête.
- On peut pas dire que c'est une fin si ça n'a jamais commencé.

Il pince ses lèvres, passe l'une de ses mains dans sa nuque et finit par m'attirer contre lui. Je me laisse aller contre son torse, le coeur déjà lourd de regrets.

- Je sais qu't'es pas du genre à changer d'avis, mais s'il te plait, penses-y. Je pars au Japon jusque fin novembre, mais on peut dire que j'te réserve un billet d'avion pour fin octobre. Donc ça te laisse un mois pour réfléchir à notre avenir Anthéa. Me laisser une chance ça t'engage à rien, si ça fonctionne pas tant pis. Mais on passe peut-être à côté de la plus belle histoire de notre vie.
- J'y réfléchirai Ken, c'est promis, marmonnais-je contre son torse. Mais j'te rappelle que t'es déjà en couple.
- Olivia c'est personne pour moi, alors que toi t'es mon monde.
- Commence pas avec tes disquettes à deux balles Ken sinon j'peux t'assurer que j'te rejoindrai pas au Japon, riais-je doucement.

Je me recule finalement et soupire longuement, avant de remettre mes cheveux derrière mes oreilles et de regarder le grec en souriant doucement.

- Tu devrais y aller, tu te lève tôt demain.
- Ouais, t'as raison. J'espère que tu vas venir au Japon, me confie-t-il sincèrement.
- J'espère aussi. Puis déjà qu'un mois sans te voir ça va me flinguer, j'vais pas ne pas venir et attendre deux mois, souriais-je timidement.

Il rit et embrasse finalement ma tempe, avant de s'en aller. Et alors que je le regarde partir, je me rend compte que ma décision est déjà prise.

Amitié Destructrice. ksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant