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Lorsque je me réveille, Ken n'est plus là et je ne me fais pas prier pour profiter de ma couchette en entière, m'étalant de tout mon long sur le petit matelas. Il est neuf heures lorsque je pénètre dans l'espace salon du tour bus, et c'est Deen, Ken et Théo qui m'acceuillent avec des têtes de culs phénoménales. Je me fais couler un café et les rejoins sur la banquette, posant ma tête contre l'épaule du grec tout en prenant une gorgée de ma boisson caféiné.

- Y'a quoi de prévu pour aujourd'hui? Demandais-je après quelques minutes de silence.
- Pas de concert, m'informe Deen. Mais on reste à La Rochelle jusque demain, et ce soir on va sûrement sortir en boîte pour fêter le 14 juillet.
- Chouette, mais ce sera sans moi, je préfère rester me reposer.
- J'vais pas sortir non plus, je pense que je vais plutôt emmener ma meilleure amie du tonnerre au restau', me sourit largement Ken.

La journée passa rapidement, si bien que je fus à la bourre pour terminer de me préparer. Ken m'avait dit d'être prête à dix-neuf heures, mais c'est à vingt-heures que je daigne sortir du bus. Il m'attend partiemment un peu plus loin, une clope au bec et vêtu d'un simple pantalon noir et d'un t-shirt blanc qui lui va à ravir. J'en ai peut-être un peu trop fait avec ma robe, mais Dieu merci j'ai préféré des sandales à des talons. Je le rejoins et attrape son bras, commençant ainsi à marcher en direction du centre ville.

- Tu préfères aller au restau et te balader ensuite ou l'inverse?
- Je préfère aller manger d'abord, je meurs de faim, lui avouais-je en riant légèrement, n'ayant pas mangé ce mdi.
- Vos désirs sont des ordres mademoiselle.

Le restaurant auquel Ken m'emmena était situé en bord de mer, et nous avait tout bonnement régalé. Sous les coups de vingt-deux heures, nous étions partis nous promener le long de la plage, ressassant les bons comme les mauvais souvenirs de notre vieille amitié, ce qui me fit un bien fou.

- Il est presque minuit, constatais-je finalement, assise au beau milieu d'une immense plage vide tout en jouant abstraitement avec le sable.
- J'ai pas envie de rentrer, murmure Ken, allongé sur le dos en regardant les étoiles. On est bien, là, seuls. J'ai vraiment pas envie de rentrer, reprit-il.
- Alors on ne rentre pas, souriais-je doucement avant de m'allonger à ses côtés.

Il tourne sa tête vers moi et fronce soudainement ses sourcils. J'apporte alors ma main à son visage et caresse doucement la petite ride qui s'est formé entre eux, le faisant s'adoucir immédiatement.

- Qu'est-ce qu'il y a? Murmurais-je doucement.
- J'ai plus envie de te perdre Anthéa, plus jamais, me confie-t-il.
- Alors ne pars plus Ken.

Il hoche lentement la tête puis, n'y tenant plus, je fais le premier pas et presse mes lèvres contre les siennes. Le rappeur ne perd pas une seule seconde et répond à mon baiser, attrapant mon visage entre ses mains tout en rapprochant son corps du mien. Sa bouche descendit le long de mon cou, s'attardant à quelques endroits afin d'y laisser une marque, avant d'arriver en haut de ma poitrine. Il me pousse doucement contre le sable et se positionne au dessus de moi, attrapant ma cuisse droite d'une main, l'autre passant sous ma robe jusqu'à atteindre mon bas-ventre. Je plante alors mes yeux dans les siens et il finit par me regarder lui aussi, nous stoppant dans notre élan pour une poignée de secondes.

- Est-ce que t'en as envie? Me demande-t-il d'une petite voix, hésitant quant à la suite des évènements.
- J'en ai toujours eu envie Ken, le rassurais-je en me redressant légèrement, connectant mes lèvres aux siennes avec douceur.

Il finit par retirer ma robe, souriant comme un idiot en découvrant mon corps si peu vêtue qu'il avait vu et revu lorsque nous étions enfants, mais qu'il redécouvrait maintenant que j'étais devenue une femme. Son t-shirt et son pantalon ne firent pas long feu non plus, tout comme nos sous-vêtements respectifs. Il prit soin d'étaler son haut sur le sable et de m'allonger dessus, voulant éviter à tout prix que ce dernier ne vienne nous embêter en s'immiscant là où il n'est pas inviter. Puis, après un dernier baiser, Ken coupa court à notre amitié platonique, et c'est comme si j'avais attendu ce moment toute ma vie. Comme si ce qu'il me fallait depuis le début n'était rien d'autre que Ken et Ken seul. Contre toute attente, ça ne fut pas un acte de douceur pure, bien au contraire. Peut-être parce que nous attentions ça depuis tellement longtemps, de nous retrouver, et de nous découvrir enfin. Ce fut passioné et sans aucun doute la plus belle nuit de toute ma vie.

C'est à quatre heures du matin passées qu'on entre finalement dans le tour bus, main dans la main et le sourire aux lèvres. On est crevés mais heureux, ce qui me semble être le principal. En passant par l'espace salon pour rejoindre les couchettes, on découvre tous les garçons agglutinés sur la banquette, l'air inquiet et pour certains l'air énervé, dont Mekra qui se lève le premier pour prendre la parole.

- Ca ne vous ai pas venu à l'esprit de prendre vos foutues téléphones de merde au cas ou on aimerait vous joindre? Commence-t-il d'une voix forte. On s'est inquiétés pour vous pendant plus de cinq heures putain! Vous êtes vraiment inconscients, c'est pas possible. Mais qu'est-ce qu'il vous a prit sérieux?
- Mek calme toi, ils pouvaient pas savoir.., tente Mohamed.
- Ne pas savoir quoi? Intervient finalement Ken, entourant mes épaules de son bras pour me serrer contre lui.
- Il s'est passé quelque chose cette nuit et.. Bah, c'est à Nice, murmure Framal en baissant la tête.

La mention de ma ville me fit réagir de suite, alors je m'approche à grands pas de Mekra et plante mon regard dans le sien, inquiète.

- Qu'est-ce qu'il se passe Hakim? Demandais-je, lui comme moi sachant pertinemment que je n'utilise son vrai prénom qu'en cas d'énervement ou de crise imminente.
- Un attentat revendiqué par Daech, commence-t-il.

Il continue sa phrase, m'expliquant sûrement ce qu'il s'est passé exactement, mais je ne l'écoute plus. Ma famille et mes amis se trouvent à Nice, alors je ne le laisse pas finir sa tirade et me rend pratiquement en courant vers ma couchette, où j'ai laissé mon téléphone avant de partir. Je compose le numéro de ma mère et apporte mon téléphone à mon oreille, complètement tétanisée sur ce que je risque d'apprendre suite à cette conversation téléphone. J'entends Ken parler avec les garçons, mais je n'y prête pas attention. C'est à la troisième sonnerie que ma mère décroche finalement.

- Mamà, je commence d'une voix tremblante. Tout va bien?

Le silence me répond à la place de ma mère, mais je peux distinguer des bruits de sanglots à l'autre bout du fil, ce qui ne fit qu'accroître mon angoisse. C'était comme si un étaux resserrait mon coeur chaque seconde un peu plus. Je finis par me laisser tomber au sol, m'adossant contre le mur en ramenant mes genoux contre ma poitrine lorsque ma mère daigna enfin me répondre. Un premier sanglot secoue mon corps tout entier, puis un autre, et je n'arrive finalement plus à m'arrêter. Je sers fermement mon téléphone contre mon oreille, enfouissant mon visage entre mes bras tout en fermant fortement mes paupières. Et c'est ainsi que je passe le reste de la nuit, assise par terre à pleurer sur mon sort, seule dans le fond du bus tandis que les garçons préfèrent sûrement me laisser le temps de digérer la nouvelle. Cette nouvelle qui implique la mort de mon grand frère.

Amitié Destructrice. ksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant