Attach(i)ante (terminé)

Chapitre 37 - Not Brave

- Point de vue d'Ethan -

Connaissez-vous la crise de la quarantaine ? Cette fameuse prise de conscience qui peut, pour beaucoup, bouleverser toute une existence. Et bien, je crois bien être entrain de traverser une crise à peu prêt semblable. Lorsque je me suis réveillé, après mon accident, j'ai ressenti un énorme vide. Plus les jours passaient, et plus ce putain de vide s'agrandissait. Tout autour de moi paraissait dénué de sens, inutile et futile. Je ne me sentais pas à ma place et j'étais frustré. Il m'avait fallut quelques semaines pour mettre le doigt sur ce qui clochait, mais une fois que ce fut le cas, tout avait semblé s'éclairer.

J'avais faillit mourir, c'était un fait. Et si ça avait été le cas ? Si j'avais vraiment perdu la
vie ce jour là ? Qu'aurais-je pu me venter d'avoir vécu ? Le lycée, les amis, les soirées ? Foutaises. Ce constat m'avait tout simplement glacé. Le monde qui m'entourait était vaste, et je n'en avais rien vu. C'était un crime, de rester cloitré dans ce petit confort que je m'étais créé, loin de toute adrénaline et sensations nouvelles. Je voulais me sentir en vie. C'était devenu un besoin, viscéral.

J'avais tenté d'expliquer ces évidences à Thaïs, et même à Liam. J'avais eu l'impression de parler à des murs. Ils ne comprenaient pas. L'une était focalisée sur ses études, l'autre sur son ex-copine enceinte. Je ne savais plus qui j'étais, ce que je désirais. Ou plutôt, je savais ce que je ne voulais pas. Je ne voulais plus de cette vie monotone et ennuyeuse, de cette routine qui me faisait perdre mon temps. Je voulais autre chose.

Voilà pourquoi je fréquente le Brave. Cet endroit m'a, pour ainsi dire, donné un nouveau départ. Depuis que j'y suis membre, je crois bien que tout les moments que j'y ai passé n'ont fait que renforcer mon désir d'aller plus haut, toujours plus loin. J'ai rencontré des personnes totalement accros aux sensations fortes. Des hommes, des femmes, des grands, de petits, des jeunes et des vieux.. Tout y était. Depuis mon arrivée, j'avais surtout appris les bases des sports extrêmes et les incalculables consignes de sécurité. On m'avait même assigné une sorte mentor, et quand je l'avais vu.. J'avais faillis m'étrangler.

C'était Naomie, la fille du Coconut club. J'avais été à deux doigts de partir en courant mais elle avait littéralement éclaté de rire face à ma réaction. Étonnante, comme dans mon souvenir. La vérité c'est qu'on s'entend vraiment bien, une fois cette fameuse soirée mise de côté. Cette fille est une vraie folle, un bol de fraîcheur qui me fait énormément rire. D'ailleurs, elle a un petit-ami et jamais je ne pourrais tromper Thaïs. Thaïs ..

Je n'en avais plus rien à foutre du lycée. J'avais fini par réaliser que c'était une perte de temps. J'avais assez d'avance pour obtenir mon bac, et c'était tout ce qu'il me fallait. Et New-York ein ? Ta gueule. Mon temps passé au Brave était indéniablement plus constructif. Depuis que j'y avais mis les pieds, j'avais l'impression de revivre. Littéralement. Je me sentais bien. Seules ces fichus attèles m'empêchent de profiter à fond, mais ce n'est qu'une simple question de temps. Non, vraiment, tout va pour le mieux. Enfin..

Thaïs. Mes nouvelles occupations m'ont éloigné d'elle, et de notre vie tout les deux. Quelque part, je m'en voulais de lui faire subir tout cela. Je voudrais tellement qu'elle comprenne, autant que je voulais qu'elle soit fière de moi mais.. Mais je ne suis pas ce qu'elle voudrait, et j'en suis bien conscient. Je m'en rend compte un peu plus chaque jour. Putain.. Ressaisis toi mec. Je souffle un bon coup.
Une main s'abat et frappe sur la vitre passagère de ma voiture à l'arrêt. Naomie.

- Bah alors, tu rêves ou quoi ? T'es en retard l'handicapé, articule t-elle derrière en formant une visière autour de son visage pour m'observer.