Chapitre 40 - Fire

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- Point de vue de Thaïs -

Il traîne avec cette salope depuis le début. Je n'arrive tout simplement pas à le croire. Putain. Depuis que je l'ai laissé sur ce parking, je n'ai qu'une idée en tête : étriper cette pétasse brune. Comment a t-il pu me faire ça ? Je n'y crois pas, bordel. Si je n'étais pas tombée sur eux par hasard, je n'aurais jamais su qu'il l'a fréquentait. Pourquoi l'accompagnait-elle chez le médecin ? Quand j'arrive enfin à la maison, je suis folle de rage. Je balance violemment mon sac sur le canapé du salon et je ne peux pas me retenir de jurer. Avant que je ne puisse réaliser que je ne suis pas seule dans cet endroit, mon père rapplique presque immédiatement en entendant le vacarme. Ses lunettes sur le nez, il semble à la fois étonné et inquiet.

- Est-ce que tout va bien ? s'enquiert-il.

Non. Non. Non. J'hoche néanmoins la tête énergiquement afin d'éluder ses questions, mais il semble déterminer à me tirer les vers du nez. J'évite son regard insistant.

- Vas-tu finir par me dire pourquoi Ethan a déménagé ?

- Nous ne sommes plus ensemble papa, tu le sais.

Prononcer cette phrase me fissure. J'ai parlé sèchement mais je m'en fiche. Je n'ai aucune envie de parler d'Ethan, surtout après avoir rencontré son amie. Ma conscience me rappelle vivement que je ne suis pas non plus un exemple mais je l'a fais taire.

Mon père n'en a visiblement pas fini avec moi mais je ne pense pas pouvoir supporter une autre de ces interrogations. Sans un mot, j'attrape mon sac et je repars d'où je viens. J'ai conscience que papa essaye simplement de me montrer qu'il est là pour moi, mais je ne suis vraiment pas en état de parler du garçon qui m'a brisé le cœur. De plus, moins je passe de temps dans cette maison, mieux c'est. Les souvenirs des six derniers moi passés avec lui ne cessent de m'assaillir et c'est insupportable.

Une fois installée dans ma voiture, je soupire. Où suis-je censé aller ? Que suis-je censé faire ? Je suis en colère contre lui, mais il me manque. J'ai l'impression de passer mes journées à me battre pour ne pas laisser les larmes m'inonder. Je me lève avec le coeur en morceaux et je me couche encore plus brisée. Lui a l'air de s'en sortir bien mieux que moi. Je chasse le flot d'émotion qui menace de me submerger, et prends la décision de me rendre à la bibliothèque. Travailler pour oublier. Obtenir mon bac. Et partir. Recommencer, loin d'ici. Loin de lui.

**

Je passe tout le reste de la journée le nez dans les bouquins, tellement concentrée que je saute le déjeuner. Il est presque 20h quand je lève enfin la tête de mes révisions. J'ai réussi à oublier tout ce qui ne concernait pas les maths pour plusieurs heures et c'est une réelle bouffée d'oxygène. Je n'ai plus qu'une hâte, passer ces putains d'épreuves et être enfin libérée. J'en rêve. Passer deux longs mois à m'acclimater dans une ville gigantesque, je ne pense plus qu'à cela. J'ai littéralement l'impression de suffoquer ici. Sans Ethan, tout est bien plus difficile, à commencer par respirer.

Alors que je range mes affaires, mon portable sonne dans la pièce silencieuse, et je m'empresse de répondre pour le faire taire.

- Allo ? murmurai-je en me dirigeaient vers la sortie, les bras encore chargés de mes livres

- Salut.

Je me fige. Entendre sa voix après plusieurs jours de silence me remue un peu. C'est Paul. J'avais prévu de lui parler, ce matin. J'avais prévu de lui parler de ma séparation avec Ethan, et de l'accident du parking. J'avais prévu de lui dire que l'on ne pouvait plus se fréquenter, mais après avoir vu cette salope de Naomie, j'étais reparti en courant, oubliant mes intentions premières. Est-ce que ca en valait toujours la peine désormais ?

Attach(i)ante (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant