Le Sang Sur La Neige

1.LA NEIGE VERMEILLE

Il faisait nuit noire, la neige commençait à tomber. Le froid était saisissant. Mes doigts me brûlaient, mon souffle restait coincé dans ma poitrine haletante, ma respiration était de plus en plus saccadée. Mes joues étaient pâles, je le sentais. J'étais hors d'haleine. De ma blessure s'épanchait un liquide rouge aux teintes sombres qui éclaboussait le manteau d'or blanc immaculé, s'écrasant au sol sans bruit.

Lentement, le sang coulait sur ma main, s'insinuant entre les mailles foncées de mon jean, répandant une douce sensation de chaleur qui glissait faiblement autour de ma jambe comme un serpent. Que faire ? J'écoutais, frémissante, le moindre son. Mon poursuivant avait-il abandonné ? Tous mes sens étaient en éveil. Je tendais l'oreille, silencieuse, retenant ma respiration, maîtrisant mes poumons et les battements irréguliers de mon cœur.

Je cherchais l'air, désespérément. Soudain, la neige craqua sous des pas rapides. M'enfonçant encore plus dans l'obscurité, j'entendis une voix rauque. J'aperçus un homme, son visage était effroyable. Il s'évertuait à me pourchasser en scrutant l'ombre de ses iris maléfiques. Puis tout à coup, s'adressant à moi, il cria :

<< Où-es-tu !? Montre-toi !! Sors de ta cachette, je ne te ferai aucun mal !! Promis !! Puisque tu as ma parole !! >>

Sous la lumière des lampadaires, je pus distinguer son sourire méchant et ses yeux plissés de colère. Brusquement, je le vis s'approcher de l'endroit où je me cachais. Je retins mon souffle, repliant encore plus mes genoux contre ma poitrine. Je sentis alors une vive douleur dans le bas du ventre qui me remonta jusqu'à la gorge.

Mon sang se mit à couler à flots à travers mes doigts gelés. Au loin, les bruits des voitures de police me parvenaient. L'homme eut une grimace qui lui déforma le visage en entendant les sirènes. Il s'arrêta juste devant l'endroit où je me trouvais, puis dans un rire horrible, s'adressa une nouvelle fois à moi.

<< Je te conseille d'oublier ! Disparais, tiens-toi tranquille, il ne t'arrivera rien, ni à ton entourage !! >>

Puis il partit en courant. Je n'entendis plus rien sauf les battements de mon cœur qui cognaient contre ma poitrine, résonnant dans ma tête et le vent glacial qui fouettait mon visage en hurlant. Je ne sais combien de temps je suis restée assise dans l'ombre, cachée, suffoquant à chaque bruit, chaque pas, n'osant pas bouger ni respirer.