Chapitre 18

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Merde, merde et re-merde ! J'aurais dû me douter qu'il y avait une raison s'il n'insistait pas pour qu'on réessaie au plus vite. C'est parce qu'il se doute qu'il y a quelque chose de possible. Il pense qu'on va pouvoir le faire, que l'un de nous va traverser. Je peux lire l'espoir sur son visage tandis que je reste muette et que je panique. Je n'arrive pas à me faire à cette idée. Sa main n'a pas pu traverser quand il l'a posée seul sur le miroir, mais quand moi j'ai posé la mienne la chaleur s'est faite ressentir. Et si je pouvais aller dans son monde, mais pas le contraire ? Si j'étais la seule à pouvoir traverser ? Je ne pourrai jamais le faire. Je ne pourrai pas laisser ma vie ici, mon frère, mon travail, mes habitudes et mes amis. Si je traversais une fois sans jamais pouvoir revenir ? J'ai bien trop peur que cela arrive, et c'est pour ça que je panique quand Shaan me demande à nouveau d'essayer alors que je reste silencieuse.

— Non, je finis par simplement répondre.

Non, je ne peux pas. Je ne veux pas savoir si c'est possible. Je ne veux pas avoir à décider de partir s'il s'avérait que je peux le rejoindre. Je ne veux surtout pas croire que l'amour est réel, et que je devrais tout abandonner pour le vivre. Et par-dessus tout, je ne veux pas penser que je puisse avoir des sentiments pour Shaan. Ça me fait déjà trop mal de voir son air attristé suite à ma réponse, j'ai envie de le réconforter comme je n'ai jamais eu envie de réconforter quelqu'un avant lui. Ce n'est pas normal, et je me retiens de lui dire quoi que ce soit. Je ne veux pas souffrir.

— Je ne te forcerai à rien Violette, jamais, finit-il par dire comme s'il lisait dans mes pensées.

Je n'ose pas regarder dans sa direction. Dès que je pose mon regard sur lui je suis ensorcelée par ses yeux, et je ne veux pas céder cette fois-ci. C'est donc la tête baissée que je lui annonce que je veux aller dormir parce que je ne me sens pas bien du tout pour le moment.

— Je resterai là à veiller sur toi toute la nuit, m'annonce-t-il donc.

— Non, va te coucher s'il te plait Shaan, ça ne sert à rien que tu sois là. Tu ne me vois même pas de toute façon quand je suis couchée.

— Ça n'a pas d'importance, insiste-t-il. Je reste.

Je sais qu'il ne bougera pas. Je suis même sûre qu'il restera réellement toute la nuit. Mais je sais aussi que je n'arriverai jamais à dormir si je sais qu'il est là. Je sentirai sa présence et je me poserai un million de questions. Je ne pourrai pas résister à l'envie de me lever et de lui parler. Je céderai peut-être même à sa demande et ma main se posera sur ce fichu miroir. Mais je veux être plus forte que ça. Je ne veux pas que tout mon monde change par sa faute. Je ne suis pas prête. Et je ne sais pas si je le serai un jour. Je décide donc de me lever en lui souhaitant une bonne nuit. Puis j'attrape mon oreiller avant de me diriger vers la porte. Shaan me demande aussitôt ou je vais, mais je ne réponds pas. Je suis vraiment lâche. Quand ma main est sur la poignée je sens son regard sur moi, je ne me retourne pourtant pas.

— Reste s'il te plait, murmure-t-il.

L'intonation de sa voix a le don de me briser le cœur. Je ne veux pas ressentir ça. Je ne veux pas qu'il puisse me rendre faible avec un simple mot. J'enclenche donc la poignée et ouvre la porte avant de sortir. Je ne lui adresse aucun regard et referme la porte derrière moi puis part me coucher sur le canapé du salon.

C'est Luke qui me retrouve le lendemain matin. J'ai eu du mal à m'endormir mais encore plus de mal à me réveiller. Ma nuit a été agitée, et, sans surprise, remplie de pensées pour Shaan. J'ai rêvé que je le rejoignais. Que j'étais heureuse de l'avoir fait et que je ne regrettais rien. J'ai même cru que j'arrivais à ressentir des sentiments forts pour lui, des sentiments que je n'avais jamais ressentis avant. Ensuite je me suis réveillée en pleurant en réalisant que rien n'était réel. Puis j'ai pleuré un peu plus en réalisant que j'aurais aimé que ça le soit...

Derrière le miroir : La Coiffeuse EnchantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant