Derrière le miroir : La Coiffeuse Enchantée

Chapitre 27

Un.

Deux.

Trois.

Quatre.

Quatre jours...

Je ne regrette pas lui avoir dit. J'avais besoin de lui avouer. Mais voilà, elle ne voulait pas l'entendre, et cela fait quatre jours qu'elle n'est pas revenue. Elle m'évite clairement, j'ai beau rester dans ma chambre à l'attendre de peur de la louper, elle ne revient pas. Je me demande où elle dort. Si elle va bien. Et à quel point elle m'en veut.

C'est fou la rapidité à laquelle je suis tombé sous son charme. Passé le choc de découvrir quelqu'un derrière le miroir, puis le choc de mon bracelet qui s'est enclenché, tout est allé très vite. Malgré ses différences : ses yeux bleus, ses cheveux roses, et ses dessins sur la peau, j'ai tout de suite été attiré par son physique. Tout en elle m'a plu. Et bien plus que physique, quand j'ai appris à la connaitre davantage, à découvrir sa vie, et ses habitudes, j'ai adoré chaque partie d'elle. J'ai rapidement imaginé une vie avec elle, notre avenir dans cette maison qui m'a toujours semblé vide, mais que j'avais commencé à imaginer remplie de sa présence féminine. Une vie de couple non marié, mais de couple tout de même, c'est tout ce que je voulais. J'étais prêt à céder à toutes ses demandes, ses envies, ou ses exigences, après tout si elle avait décidé de traverser elle aurait tout abandonné pour moi, alors j'aurais fait tout ce qu'elle souhaitait. Mais voilà, cet avenir là, je sais désormais qu'il n'aura pas lieu, que ma maison restera vide, qu'elle ne sera jamais remplie de sa présence, que l'armoire à moitié vide ne se remplira jamais de vêtements féminins, que les étagères libres dans la salle de bain le resteront, que mon lit le matin restera toujours froid d'un côté, et que le silence continuera à régner.

Je l'aime, et pourtant je dois me faire à l'idée que jamais je ne serai avec elle. J'ai pourtant eu un petit espoir quand elle m'a demandé de ne jamais lui proposer de m'épouser. Si on avait eu plus que seulement quinze jours, j'aurais eu une chance de la faire venir, elle en aurait su davantage sur mon monde et sur moi et elle se serait probablement sentie rassurée. Mais je n'ai pas eu ce temps pour la convaincre. Maintenant je devrai me contenter de mes souvenirs, et des images de cet avenir que je m'imaginais parfait. Je tenterai de ne pas l'imaginer avec d'autres hommes, ce sera difficile. Même si je lui ai dit de faire sa vie, je n'arriverai pas à me réjouir si c'était le cas. Je penserai chaque jour à la chance que cet homme aura de se réveiller à ses côtés alors que je ne l'ai jamais eue. Mais je me rassure en sachant que leur vie étant plus courte que celle de mon monde, je n'aurai pas à vivre plus de deux cent ans de cette façon, peut-être que dans soixante dix ans tout se terminera pour moi...

Sa présence me manque horriblement. Sa voix, la douceur de sa peau et son odeur sont devenues une obsession qui m'a été retirée trop brutalement. Je souffre de l'absence de mon âme sœur, et je suis persuadé d'être le seul homme de ce monde a expérimenter ce sentiment. Je n'ai jamais connu le manque avant cela. Et j'aurais aimé n'avoir jamais à le connaitre. Je sais que cela va s'accroître de jour en jour, et je redoute de pouvoir survivre à cette douleur chaque jour.

Je veux la voir juste une dernière fois, lui dire au revoir, et espérer lui faire promettre d'être au rendez-vous dans un an pour me revoir, peu importe la situation dans laquelle elle sera. Mais si elle ne se montre pas ce soir, ou au plus tard demain alors ce sera trop tard... Je ne la reverrai plus jamais, car je me doute bien que si elle ne vient pas me voir une dernière fois demain, alors elle ne se donnera pas cette peine chaque année. Elle se débarrassera peut être de sa coiffeuse, ou la laissera dans un endroit ou elle n'ira jamais, afin d'être sûre qu'elle ne me reverra pas. Je ne pourrai pas lui en vouloir après tout.

À plusieurs reprises j'ai eu la visite chez moi de mes parents et certains amis, tous au courant de cette situation inhabituelle. Tous s'inquiètent évidemment de mon état et c'est normal. Je ne suis plus vraiment moi même depuis qu'elle est partie il y a quatre jours. Ma mère m'apporte de quoi manger, pendant que mes amis m'apportent leur soutien et leur compagnie. J'aimerais pouvoir être de bonne compagnie quand ils sont là mais je n'ai qu'une obsession, la revoir. Je ne peux pas penser à autre chose qu'elle, c'est donc pour ça que je ne quitte pas, ou presque pas, ma place devant mon miroir, attendant patiemment et espérant qu'elle va enfin décider de se montrer une dernière fois. Et c'est donc à cette place que je m'endors encore une fois...

Une main dans mes cheveux, des doigts qui caressent lentement mon crâne, puis qui descendent le long de ma joue. Son odeur qui m'envahit. Ce rêve est magnifique pourtant je sens que je me réveille et je ne le veux pas, je veux pouvoir continuer à la sentir, même si ce n'est pas réel, je veux que ce moment s'éternise.

Pourtant je finis par ouvrir les yeux. Et c'est avec surprise que je sens toujours cette main contre moi, cette odeur que j'aime tant, et que je vois quand je me redresse finalement ce magnifique visage, pourtant strié de larmes, me fixer.

J'attrape sa main sans un mot et dépose plusieurs baisers dessus. Ce sera la dernière fois, je le sens. À la minute où elle décidera de la retirer je ne pourrai plus jamais la toucher.

J'aimerais pouvoir essuyer ses larmes, déposer mes lèvres sur son visage, la faire sourire et la rassurer, mais je ne peux pas. Je ne peux rien faire à cause de ce fichu miroir qui ne fonctionne que dans un sens. Je ne trouve même pas les mots que je devrais lui dire, alors je préfère me taire et laisser le silence entre nous s'installer. Pourtant elle préfère le briser rapidement et prononce la phrase qui va m'achever :

— Je suis vraiment désolée Shaan ...

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NDA : Hello !! Je sens que je vais encore me faire haïr ... Car ce chapitre est plus court que les autres et surtout ... C'est le dernier ! Et oui déjà la fin. L'épilogue arrive normalement la semaine prochaine. En attendant je pars me cacher !
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