Chapitre huit

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Quand je me réveillai, j'étais dans une chambre style victorienne, toute seule, et il faisait encore nuit. Je n'avais pas dormi longtemps alors ? Je me levai du lit sur lequel j'étais allongée et m'approchai de la fenêtre. Ah non, en fait, on avait couvert les fenêtres. Je voyais un tout petit rayon du soleil passer par le mur et le carreau. Mais pourquoi on avait fait ça ?

Je n'étais pas très rassurée à l'idée que je sois seule, alors je décidai de chercher après JiMin. Je trouvai une lampe à l'huile et l'allumai. C'est vieux, ce truc, mais j'avais su comment l'allumer parce que j'avais vu quelqu'un dans un film le faire. Comme quoi, on ne regarde pas que des conneries. Le parquet grinçai sous mes pieds, ce qui n'était pas très rassurant. Je tournai la vieille poignée en porcelaine et sortis. Je poussai un cri face à ce que j'avais vu devant moi, sur le meuble : un renard empaillé, les crocs dehors. Ma lampe était tombée, parsemant le parquet d'huile. Je devais donc m'avancer à l'aveuglette.

Je commençai à trembler comme une feuille, et ma respiration s'accélérait de plus en plus. J'entendais le tic-tac d'une vieille horloge en bas des escaliers, mais je n'avais pas fini mon exploration de l'étage. Apparemment, je me trouvais dans un manoir, vu la décoration sordide et assez moyenâgeuse. Je rencontrai un mannequin chevalier, droit comme un piquet, une épée à la main. Il semblait être si calme et à la fois si agité. Quand je tournai la tête pour continuer, j'avais l'impression qu'il me suivait des yeux. Je poursuivis mon chemin mais alors que je jetai un rapide coup d'œil derrière moi, mon sang ne fit qu'un tour.

Il est passé où, le chevalier ?

Je me retournai et rencontrai le chevalier qui se trouvait devant moi, maintenant ! Je courus dans la direction opposée et rentrai dans une pièce, sans réfléchir. J'essayai de reprendre peu à peu ma respiration mais c'était très difficile, surtout avec ce que j'avais sous les yeux : deux cercueils, portant mon nom et le nom de JiMin. Je regardai par la serrure si le chevalier était toujours dans le couloir mais il avait retrouvé sa place. J'avais rêvé ? Ce ne serait pas impossible, vu comment je suis en panique. Je sortis tout doucement, faisant grincer la porte en bois. Je sursautai quand l'horloge sonna trois coups. Il est trois heures ? Je me demande bien ce que font les autres, s'ils nous cherchent. Je ne sais même pas moi-même où je suis, alors je ne sais pas s'ils savent où nous sommes, JiMin et moi.

Déterminée à retrouver mon ami, je pris mon courage à deux mains et poursuivis mon aventure dans un autre couloir. La maison était très grande, et m'avait tout l'air d'être abandonnée. J'ouvrai quelques portes pour voir ce qu'il y avait dedans, mais c'était toutes des chambres, remplis d'objets anciens, dont la tapisserie et la moquette faisaient un concours de celle qui était la plus poussiéreuse. Je descendis alors les escaliers mais une marche ne supporta pas mon poids, je tombai sur les fesses et dévalai les escaliers de la sorte. Je me cognai violemment la tête contre le mur et retombai au sol, arrivée à destination. C'était plutôt rapide, comme descente.

Remise de ma chute, si je puis dire, j'entrai dans ce qui me semblait être la cuisine. Elle aussi était plutôt vieillotte, et ne semblait pas inspirer la faim comme tout être humain venant chercher de la nourriture. Quelques boîtes se trouvaient sur la table, je les ouvrai. Des mouches et des cafards sortirent aussitôt, me faisant crier de peur. Je commençai maintenant à pleurer, j'en avais marre de tout ça, je voulais rentrer à la maison.

Ma gorge me faisait mal à retenir mes pleurs. L'ambiance était assez lugubre pour entendre en plus mes gémissements de petite fille apeurée. J'étais à présent dans la salle à manger, où la table était dressée comme si nous allions manger dans un instant. Je regardai alors le dessous d'une assiette, voulant regarder la date : 1873. Ah oui, quand même. Soudain, un visage apparut dans la porcelaine. Je la lâchai en reculant, me cachant dans le rideau pourpre de la fenêtre. Un esprit s'éleva dans l'air en serpentant de gauche à droite. Il me toisa du regard avant d'ouvrir grand sa bouche et de s'approcher de moi. Je hurlai, il se boucha les oreilles en un long cri plaintif à en faire froid dans le dos. Puis il s'évanouit dans l'air. J'avais trouvé mon arme, il fallait que je crie.

-Kelly ?

JiMin ! C'était la voix de JiMin ! Je courus dans la pièce d'à côté, c'était une salle de réception avec un grand billard. JiMin se tenait entre deux rideaux, apeuré. Je m'approchai mais reculai très vite. Il n'était pas comme d'habitude. Serait-ce...

-Kelly, viens.

C'était un garçon, au visage pâle et aux yeux noirs, qui m'appelait... avec la voix de JiMin. Il avait le tic de pencher vivement la tête sur le côté, comme un mécanisme. Alors qu'il leva son bras, un long craquement se fit entendre. J'avais envie de vomir, il dégageait une odeur morbide. Cet enfant était mort, et prenait la forme et la voix de JiMin. C'était trop bizarre, j'en pouvais plus, j'allais toucher le fond dans un instant. Je criai à nouveau, dégageant toute la peur et la panique qui m'habitaient. Le garçon hurla aussi, mais d'un hurlement rauque et sans vie. Autour de nous, les objets volaient et se fracassaient contre le mur. Bientôt, le garçon ne fut plus que des cendres qui tombaient de manière incandescente dans l'atmosphère.

Je rejoignis la pièce d'à côté, gardant toujours espoir de revoir JiMin. Quelqu'un se tenait assis dans le canapé, devant la cheminée. Sa tête... tourna complétement vers moi. Je tombai à genou, littéralement brisée par tout ce que je voyais et vivais en ce moment. Bientôt, sa tête se décrocha de son corps et alla se fracasser contre le mur, aidée par une batte de base-ball. Celle-ci retomba et son propriétaire vint enlacer mon petit corps tout frêle dans ses bras si chaleureux. C'était la Mort qui me cueillait, pour aller ensemble vers le pays des âmes en peine et hanter ces lieux comme toutes les autres.

Ou bien c'était l'Amour, venu me protéger de tout type de danger, me réchauffant de ses sentiments chaleureux et de son sourire si sincère.

J'avais retrouvé JiMin.

Before school after schoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant