Parker l'ours en peluche

63 9 0
                                    

J'ai tout de suite adoré les parents d'Heather. Pour commencer, ils avaient laissé leur fille défouler ses talents artistiques à chaque coin de la maison. Elle avait peint un champ fleuri dans le salon, un ciel étoilé dans le bureau, et même un fond sous-marin dans la salle de bain. Mais la plus belle pièce, d'entre toutes, était la chambre d'Heather. Elle avait peint sur les murs l'intérieur d'une cabane dans les bois, avec des fenêtres donnant sur la forêt. On pouvait même apercevoir quelques insectes se baladant sur les planches en bois. Le plus étonnant était sans contexte l'ouverture de la cabane au plafond, qui laissait voir un ciel bleu parsemé de nuages. "J'aime pouvoir admirer le ciel, même à l'intérieur" m'avait-elle dit.

La mère d'Heather était une jeune femme, souriante et pétillante de vie. Et par dessus tout, elle était belle. La ressemblance entre elle et sa fille était étrange, car malgré ses cheveux bruns et ses yeux verts, c'est comme si elles étaient la même personne. Les deux femmes dégageaient quelque chose d'indescriptible, quelque chose qui leur était propre à elles deux. C'est peut-être grâce à cette ressemblance que j'ai de suite adoré la mère d'Heather.

Son père était tout simplement adorable. Tout son charme résidait en sa gentillesse. Il m'a de suite acceptée et aidée à me sentir chez moi dans leur maison. Et qu'est-ce que j'aurais aimé habiter une maison pareille... J'aurais donné n'importe quoi pour dormir à quelques centimètres d'Heather.

*****

Cette fois, elle avait insisté pour m'emmener dans un vide-grenier. "Fouiner dans de vieilles affaires et trouver une perle rare, c'est une des choses que j'aime le plus".

- Regarde, ce chapeau! Tu ne crois pas qu'il m'irait bien?

C'était un stetson brun, comme ceux que devaient porter les cow-boy, avec une lanière de cuir tressé. Je l'ai pris sur une petite table, et l'ai posé sur les cheveux d'Heather. L'air de cow-girl que lui donnait le chapeau lui allait bien. Quand elle a fait le geste de l'enlever, je l'ai retenue.

- Garde-le, je te l'offre.

- Ce n'est pas la peine, j'ai de l'argent, moi aussi.

- Mais ça me fait plaisir.

Je lui ai souri, et elle m'a rendu mon sourire. J'ai payé le vieux monsieur qui tenait le stand, et on est parties main dans la main à la recherche d'une autre trouvaille.

On est rentrées chez moi un gros carton dans les bras, rempli de vinyles, de bouquins, d'une machine à écrire, une carte vintage des états unis et d'un ours en peluche. Quand Heather l'avait aperçu, elle s'était écriée : "comment peut-on laisser un pauvre ours en peluche à l'abandon!" et c'est ainsi qu'on a adopté parker. On avait décidé qu'on le laisserai chez elle. On avait pensé à la garde partagée, mais on a conclu qu'il se sentirai mieux en ne changeant pas souvent de maison. Le pauvre avait déjà assez souffert comme ça. Elle était comme ça. Il lui était impossible de faire du mal à quelqu'un.

 On a donc passé notre après-midi dans ce vide-grenier. Mais ce qui était beau avec Heather, c'est qu'elle ne faisait pas que fouiller à la recherche d'un trésor. Elle, elle discutait. Elle marchandait. Elle riait et faisait rire. Heather était une de ces personnes qui se sentait en lien avec tout le monde, et elle était de ces gens que tout le monde aime. Et je ne pouvais que comprendre le monde. Parce qu'elle brillait comme le soleil. Et qu'une lumière qui brille, ça rend les gens heureux.

HeatherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant