Vengeance

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Quand je me suis réveillée, Heather n'était plus là. Les musiques avaient cessé, et mis à part les quelques voix qu'on entendait encore, la maison était silencieuse. Soucieuse de son départ, je décidais d'aller la chercher, et, si possible, de trouver Joshua pour m'excuser.

J'ouvris la porte avec précaution, et m'engageais dans le couloir. Il y avait quelques personnes assises par terre, et quand je suis passée, certains se sont mis à rire. J'en déduisit que mes cheveux emmêlés et mon maquillage qui devait avoir coulé devrait être la cause de ces moqueries. Peu importe, je devais retrouver Heather.

Le salon était rempli d'adolescents endormis un peu partout. J'avais du mal à distinguer les personnes dans le noir, mais je réussit à reconnaître Will, allongé à côté de Neil sur un matelas au fond de la pièce. Pas de traces de Joshua, et encore moins d'Heather. J'essayais de passer au dessus des endormis pour inspecter plus en détails, mais dans cette obscurité, c'était presque mission impossible. Quand je finis pas marcher sur la main de ce qui ressemblait à une fille, je décidais d'aller boire une verre d'eau dans la cuisine pour réfléchir. En ouvrant la porte, je tombais nez à nez avec Joshua, assis sur une chaise, fumant sa cigarette. 

"- Josh?

Il m'avait visiblement entendue, mais ne daigna pas tourner la tête vers moi. Il tirait des bouffées de sa cigarette, lentement. J'avais toujours été étonnée, cette façon dont un fumeur aspire cette fumée âcre. C'est comme si, dans cette fumée, ils trouvaient l'oxygène dont eux, avaient besoin. Comme si c'était de cette façon, qu'ils respiraient.

Déterminée à me faire pardonner, je poursuivis tout de même.

- Écoute, Joshua... Je suis désolée, je ne m'attendais pas à ce que tu m'embrasses, ça m'a déroutée. Excuse moi de t'avoir poussé.

Il restait muet. Il continuait à tirer sur sa cigarette, mais ne décrocha pas un mot. Son silence méprisant commençait à me frustrer.

- Allez, réponds moi! Avoue quand même que tu ne m'as pas laissé le choix, tu as vu comme tu me serrais...

- Ta gueule, je parle pas aux gouines. M'a t-il coupée, avec un calme que je ne lui connaissait pas.

Je restait figée. Comment avait-il su?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Oh, si Luna, tu sais de quoi je parle. Je parle de ta petite copine Heather.

Je restais muette.

-Tu savais qu'elle avait un petit ami? Brian, il s'appelle. Un ami d'enfance. Ta petite salope, là, elle avait un copain. Mais ça ne t'as pas empêché de coucher avec, hein?

- Je n'ai pas couché avec! On n'a rien fait, on s'est juste endormies ensemble!

- Oui, c'est ce qu'on dit. Toujours est-il que tu aurais du y réfléchir avant de baiser la copine d'un de mes meilleurs amis. Et elle aurait dû y réfléchir, avant de tromper un mec comme Brian. Elle s'en souviendra, ça c'est sûr.

Joshua souriait, désormais. Je commençais à paniquer, si Heather était avec Brian, qui sait ce qu'il pouvait lui faire.

- Où est-elle passée, où est Heather?

- Avec lui.

Il riait, maintenant. J'étais à bouts de nerfs. Je m'avançais sur lui, et lui demandais d'un ton menaçant.

- Maintenant, tu vas me dire où ils sont.

- Te rapproche pas aussi près, sale gouine.

- TU VAS ME DIRE OU ILS SONT PASSÉS OUI OU NON?

Cette fois, j'avais vraiment réussi à lui faire peur, puisqu'il a lâché d'une toute petite voix :

- Ils sont dans le jardin.

*****

A présent, je courais plus vite que je ne l'avais jamais fait. Je savais qu'à chaque seconde qui passait, Heather risquait de plus en plus gros. J'ai ouvert la porte avec une telle force que j'ai cru l'arracher. Le jardin de Joshua était immense, et même en courant avec une vitesse que je ne me connaissais pas j'ai mis trois bonnes minutes à les trouver.

Heather était recroquevillée sur le sol, et Brian, entouré de deux amis, se tenaient au dessus d'elle. Ils riaient.

"- QU'EST-CE QUE VOUS LUI AVEZ FAIT! Ai-je hurlé.

Les trois adolescents ont levé la tête vers moi, et Brian a souri.

- Alors comme ça, tu viens sauver ta princesse?

J'ai accouru vers Heather, mais il m'a bloqué le passage de son bras.

- Ne t'approche pas.

- Oh que si, tu vas me laisser passer.

Cette fois, il riait.

- Ah oui, et sinon quoi?

- Sinon, j'appelle les flics. Tu t'attendais à quoi? A ce ton petit jeu de puissance marche encore longtemps? tu t'attendais à garder Heather avec toi de cette façon? Tu ne peux pas obliger quelqu'un à t'aimer par la force. Rends-toi à l'évidence, j'ai gagné.

- Ah oui? Tu as gagné?

Il a maintenu son sourire arrogant, et me lança une droite en plein dans le visage. Je me suis écrasée sur le sol, et j'ai passé mes doigts sous mes narines. Elles saignaient. A présent, je fulminais. J'attrapais mon téléphone, et composais le numéro de la police.

- Oh, non chérie. Je suis désolée, mais je ne peux pas te laisser faire ça.

Il m'attrapa par la taille, et je tentais de garder le téléphone mais ma carrure ne faisait en rien le poids contre ce monstre. Il jeta mon portable dans les buissons, et ses amis, qui jusque là n'avaient pas pris part au conflit, vinrent me tenir plus loin et m'immobilisèrent.
Je désespérais d'aider Heather quand je tournais la tête et m'aperçus que justement, elle n'étais plus là. L'air abasourdi de Brian montrait que lui non plus ne l'avait pas vu s'enfuir.

Et puis, le coup est parti.

Surgie de nulle part, ma furie blonde a bondi sur Brian, et lui a donné un coup de point magistral. Il fit volte-face, et n'échappa pas à un méchant coup de pied dans l'entrejambe. Il avait le souffle coupé. Les deux adolescents qui me tenaient ne savaient visiblement pas comment réagir. On pouvait voir que retenir deux filles furieuses n'étaient pas prévu dans leur soirée. Je me retournais vers Heather, avec des larmes aux yeux suite à son exploit. Mais je n'ai pas eu le temps de la féliciter. Elle atterrit au sol avec un bruit sourd, un petit ami enragé derrière elle. La suite m'est impossible à décrire. Ce ne fut qu'un enchaînement de coups, de sang, de colère. J'essayais en vain de me débattre et les deux jeunes hommes avaient du mal à me maintenir, tant je tirais et me démenais. Leurs mains m'arrachaient la peau, et les larmes qui coulaient sur mes joues m'empêchaient de voir le carnage qui se produisait cependant devant mes propres yeux. J'entendais seulement les coups, les injures. Les "salope", les "sale gouine" et autres "petite pute". Et puis, enfin, la sirène de la police.



HeatherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant