Chapitre 1

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Abigail

La vue de ce sans abris, misérablement trempé et couché sur le pas de la porte de ma bâtisse me toucha plus que prévu.

Sans un autre mot, je me redressai et
ouvrait la porte. Je pris les escaliers jusqu'au troisième étage, car honnêtement je ne voulais pas attendre l'ascenseur et entrai dans l'appartement.

Je me dirigeai dans mon dressing et pris un vieux sac à dos rouge. Je le rempli d'une couverture, de boîtes de conserve, de boissons et d'un reste de pâtes que je m'étais laissé pour ce soir.

J'allais franchir la porte en me demandant s'il manquait quelque chose et fis demi-tour. Je me dirigeai vers un tiroir du salon et y sortit un billet d'une vingtaine.

Je me sentais obligée de faire quelque chose pour ce pauvre homme, mon coeur me l'a dit quand j'ai regardé dans ses yeux.

J'ai rarement vu autant de peine dans un regard, et c'est pour vous dire, je suis vétérinaire! Bon, je soigne toujours mes animaux, mais parfois les propriétaires s'y prennent trop tard pour venir et je vois beaucoup de douleur et de tristesse dans leurs yeux.
Mais cette fois ci, ça dépassait tout.

Je fermai la porte et descendis les escaliers en vitesse 4 et arrivais dans le froid de la rue en moins de trente secondes

Il était toujours là, m'interrogeant du regard. Il s'était redressé, comme s'il s'attendait à ce que je revienne.

Je lui tendis le sac, et le vis le prendre doucement, sans une émotion. Il l'ouvrit d'une lenteur déconcertante, comme s'il avait peur de ce qu'il y avait dedans.

Il vit en premier la couverture et son corps se détendit d'un coup. Il approcha sa main et fouilla dans le sac pour découvrir les provisions que j'y avais mis.

Il referma le sac tout aussi lentement et je fus plus que surprise par le geste qui suit.

Il me tendit le sac, tout en me regardant droit dans les yeux et en secouant la tête.

Je ne pus empêcher le froncement de sourcils de se pointer sur mon visage.
Il... refuse?

"Je... Enfin... C'est pour vous!" M'exclamai-je déconcertée. Et je le fus encore plus à cause du chuchotement qui sortit de sa bouche.

"Pourquoi?"

"Je... voulais simplement vous aider." Cet homme me déstabilise vraiment.

Il hoche doucement la tête, en regardant le sol. Je repose le sac près de lui et il tourne légèrement la tête pour le regarder un long instant, et ensuite reposer son regard au loin.

"Bien." Je me retire et entre chez moi, rapidement. Cet homme à l'air louche. Mais vraiment, il ne pouvait juste pas me remercier?

Je me mis en pyjama et m'installai sur le fauteuil, pour regarder mon feuilleton du soir. Je me surpris à repenser à l'homme assis en bas de chez moi et à ses grand yeux perçants qui transmettent des tas d'émotions à la fois.

Au moment de me coucher, j'ouvrai la fenêtre de ma chambre et me penchai doucement.

Il était encore là, n'avait pas changé sa position assise en Indien. Je ne pouvais distinguer s'il avait les yeux fermés ou non. Mais une toute autre chose me chamboula.

Le sac non plus n'avait pas changé de place.

Cet homme qui avait faim, avait laissé les conserves dans le sac. Et par ce froid glacial, la couverture était également restée dedans.

The savior | H.S |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant