A jamais liés.

Chapitre 8 : huitième lettre

Cher Fred,

Je ne t'ai pas écrit le mois dernier, et j'en suis désolé mais je n'en ai pas eu le courage. A l'approche de notre anniversaire, j'ai pensé à toi de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps. Je me suis beaucoup renfermé pendant ce long mois de mars. Personne ne comprenait pourquoi sauf Angélina, elle voit bien à quel point je suis bouleversé surtout à cette période de l'année.

C'est le premier anniversaire qu'on passe loin de l'autre, et ce qui m'attriste encore plus c'est que ce n'est pas le dernier, loin de là. Je repense souvent à tous ces 1er avril, toutes ces fêtes, toute la famille réunit autour de nous, pour nous prouver leur amour malgré tous les mauvais tours qu'on leur jouait. Je me rappelle, pour nos trois ans, quand on avait pris les balais de Bill et Charlie et qu'on avait réussi, par je ne sais quel moyen, à les faire voler. On était partis sans arriver à les contrôler, papa et maman avaient dû déployer toutes leurs forces pour nous ramener au Terrier avec juste quelques égratignures. Pour nos cinq ans, on avait volé toute la nourriture que maman préparait depuis la veille et on s'était enfermé dans notre chambre. Bien entendu, il avait suffi à papa de lancer le sortilège « alohomora » pour nous déloger. A mes yeux, le meilleur de mes anniversaires a été celui de nos 12 ans. Tu te souviens, c'est l'année où on a été pris comme batteurs dans l'équipe de Gryffondor, c'est l'année où papa et maman nous ont offerts nos premiers balais. Quand on était rentrés à Poudlard après les vacances, l'équipe des Serpentards c'était moqué de nous car ce n'était « que » des Brossdur. Je revis sans cesse les instants qui ont suivi ces insultes, on s'est retournés et on est partis en riant. Effectivement, ce n'était « que » des Brossdur, mais un nimbus ou un éclair de feu ne m'auraient pas fait plus plaisir parce que nos parents n'ont jamais eu beaucoup d'argent, et que rien que le fait qu'ils aient pensé qu'un balais nous ferait plaisir, c'est le plus beau cadeau du monde.

Tu sais, pour la première fois de ma vie, j'ai passé le jour de mon anniversaire, qui plus est le première avril sans faire la moindre blague. C'est aussi la première fois que je le passe seul, maman a essayé de me faire sortir, elle m'a proposé d'aller au restaurant, d'inviter des amis à la maison, et même de me conduire à Poudlard pour voir Ginny, mais je n'ai pas pu. En ce moment même, je suis enfermé dans notre chambre, je broie du noir en t'écrivant cette lettre. Depuis ce matin, je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer. Le papier est trempé de mes larmes, j'espère que ça aura séché quand tu le recevras. J'irais sur ta tombe la déposer ce soir, si j'y arrive.

Mon Fred, bon anniversaire. Je pense à toi.

Ton frère qui t'aime.