The Scar - chapitre 4

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CHAPITRE 4

Cinquième jour.

Le lendemain au bureau, je porte toujours les mêmes vêtements que la veille. Des cernes se dessinent sous mes yeux sombres, mon teint est brouillé, en gros j'ai une sale gueule et Betty ne se gêne pas pour me le faire remarquer avec un air désapprobateur.

Moi aussi, je t'aime.

Je ne plaisante pas Jeremiah, tu dois te reposer.

J'y penserais !

J'ignore le reste de ses remontrances pour sortir me chercher du café. Elle a raison sur un point : je suis fatigué. Sauf que je n'ai pas le temps de dormir, pas maintenant. J'ai trop de choses à faire aujourd'hui. Trop peur surtout que quelque chose m'échappe, que ce fumier lui-même m'échappe, si je prends une pause.

En arrivant ce matin, j'ai laissé un message à l'organisateur de la braderie de Napperville pour avoir la liste des exposants, puis j'ai vérifié pour Dubuque et bingo : il y avait eu une brocante la veille de la disparition de Jennifer. En revanche rien à DesMoines. Cette découverte m'a mis sur les nerfs. Est-ce que je fais fausse route ? J'y croyais tellement... Voilà pourquoi je ne peux pas me permettre de me reposer. Mais comment expliquer ça à Betty ? Je sais déjà ce qu'elle me trouvera comme arguments pour le convaincre que je me trompe. Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec elle.

Alors que je viens de récupérer mon grand café noir au stand ambulant du coin de la rue, je tombe nez à nez avec une charmante brunette à la peau dorée. Un peu plus et on se percutait. J'ouvre la bouche pour m'excuser quand nos regards se croisent. Deux grands yeux vairons me fixent. Je ne parle pas, muet et figé comme un abruti. Sur le coup je n'entends même pas ce qu'elle demande, il faut qu'elle répète et que ça monte au cerveau.

Oui, c'est moi... Vous êtes mademoiselle Sedoun, je suppose ?

Les mêmes yeux que la sœur disparue, des traits soulignant ses origines maghrébines, et le fait qu'elle veuille me voir ; j'ai peu de chance de me tromper. Cela dit, le fait que je sache qui elle est, semble la toucher plus que de raison et un bref sourire apparait sur son visage si triste. Elle aussi a l'air d'une personne manquant de sommeil et torturée.

— Je suis désolée de passer sans prévenir, je crois que j'avais peur que vous ne m'esquiviez. Je la regarde sans comprendre et elle rejette une de ses mèches bouclées, gênée. Votre assistante m'a dit que vous n'étiez pas là et, erm, comme la police ne veut rien me dire, j'ai pensé que vous aussi...

— Oh non, je n'ai pas à me taire sur l'affaire en cours, contrairement à eux. Et jamais je ne me permettrais de vous ignorer. Vous voulez un café ? Elle secoue négativement la tête. Allons à mon bureau alors, on sera mieux pour discuter.

Merci.

Dites-moi juste comment vous êtes arrivée à moi ? Elle est nerveuse.

— Un ami m'a parlé de vous. Il m'a dit que... que vous aviez perdu votre sœur et qu'elle ressemblait à Malika.

Je l'observe en prenant une gorgée de café. Un ami ? Elle doit connaître quelqu'un dans la police. Je ne crie pas mon histoire sur tous les toits. Cependant, mon esprit paranoïaque me force à demander qui, juste pour m'assurer qu'il ne s'agit pas du tueur tout simplement.

C'est mon ex. Il est flic... je ne voudrais pas qu'il ait des problèmes. Il voulait m'aider.

Je me force à lui faire un sourire pour la rassurer et l'invite à pénétrer dans l'immeuble. Il n'empêche que je me renseignerais sur son ex, sait-on jamais.

The scarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant